2.3- Les crises foncières et l'atomisation des
exploitations
Les litiges fonciers n'existaient pas dans le canton de
Dimori jusqu'aux années 90. Une cohabitation pacifique existait entre
les paysans de toutes ethnies jusqu'à ce que la démocratie et le
multipartisme ne viennent changer la donne, car à Dimori, l'on donnait
la terre aux nécessiteux. Suite à la pression
démographique et aux penchants politiques, ces litiges fonciers ont
commencé par surgir et se traduisent par des disputes entre paysans
(autochtones et immigrants ; autochtones de différents clans)
à propos des terres cultivables.
En effet, les problèmes et les querelles naissent entre
les cultivateurs surtout lors des défrichements de nouvelles portions de
terres pour les champs de Dioscorea sp, car la culture de cette plante
se fait de façon itinérante pour les raisons décrites
précédemment. Même si ces litiges ne sont pas très
importantes comme ailleurs, le tableau n°9 nous permet d'en mesurer
l'ampleur.
Tableau n°9 : Evaluation de l'ampleur des
litiges fonciers
Modalité
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Effectifs
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Pourcentage
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Paysans ayants des litiges fonciers
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32
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26,67
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Paysans n'ayants pas de litiges fonciers
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88
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73,33
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Total
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120
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100,00
|
Source : travaux de terrain,
2011.
D'après le tableau n°9, le nombre de
cultivateurs n'ayant pas connu de litiges fonciers est très important.
Ils représentent 73,33 % de nos enquêtés. Mais, ce chiffre
ne cache pas pour autant le problème car les cultivateurs qui en ont ne
sont négligeables non plus (26,67 %). Le phénomène peut
aller en s'amplifiant et à court ou à moyen terme, presque tous
les producteurs de Dioscorea sp devront faire face au
même problème car la méfiance et l'ethnocentrisme se lisent
sur les visages et dans les paroles des autochtones vis-à-vis des
immigrés. De ce fait, les paysans ayant connu ces litiges fonciers non
résolus, sont dans l'obligation de réduire
considérablement la taille de leurs exploitations. Ceci pour ne pas
susciter la jalousie ou la convoitise de la part des propriétaires
terriens ou des autochtones n'appartenant pas au même clan car selon
notre enquête, 53, 12 % de ceux qui ont des litiges fonciers, les ont
avec les propriétaires et seulement 21,88 % les ont avec un autre
clan.
Pour enrayer ce phénomène ou l'atténuer
au cas échéant, il faut envisager une nouvelle technique
d'utilisation du sol basée sur son occupation par les plantes, notamment
le Dioscorea sp. Cette technique suppose un rapport suffisant
de fertilisants ; cela permettrait de cultiver aussi longtemps que
possible le Dioscorea sp sur une parcelle donnée. Mais,
à cause des variétés de Dioscorea sp
cultivées, cela est il possible ?
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