Paragraphe II. Précision
du rôle de chaque acteur
Le problème ne réside pas que dans le texte. La
formulation des textes relatifs aux manifestations publiques n'est pas
meilleure ni différente de celle portée par notre constitution
à l'article 26. C'est plutôt les personnes qui sont censées
mettre à l'oeuvre cette liberté qui diffèrent dans
l'intériorisation des principes de démocratie et de
liberté. Il faut que chaque acteur comprenne ce qui est demandé
par la loi en vue de respecter ce droit de l'homme. Il s'agit notamment des
autorités administratives, des organisateurs et de la police nationale
congolaise.
A. Pour les
autorités administratives
La loi devra citer même limitativement, ce qu'une
autorité peut faire et ce qu'il ne peut pas dans le cadre de l'exercice
de la liberté de manifestation.
C'est lorsque ceux qui ont le pouvoir parviendront à
comprendre que la liberté de manifestation est prévue par le
constituant notamment pour être utilisée contre l'autorité
en place et que le devoir de cette dernière est de ne pas restreindre
son exercice, que la situation de ce droit de l'homme pourra
s'améliorer.
Car, la raison fondamentale de l'interdiction de cette
liberté et des restrictions qui sont apportées est le refus de
toute contradiction de la part de ceux là même contre qui sont
organisées des manifestations et aux quelles sont destinées des
revendications.
Ceci est une solution de fond sans laquelle aucune
amélioration ne pourra être observée. C'est un
impératif de commencer par avoir des décideurs
démocratiques avant d'espérer voir s'exercer librement les droits
de l'homme en général et la liberté de manifestation en
particulier.
B. Pour les
organisateurs
Pour les organisateurs, le problème est de rappeler
à ceux qui appellent à manifester le contenu même de la loi
qui organise le respect de cette liberté publique. C'est parce que les
services publics consultés au cours de nos recherches reproches à
certains organisateurs le non respect de la loi notamment celle qui organise
les partis politiques et les ASBL que les autorités administratives se
réservent de prendre acte de plusieurs informations qui sont
portées à leur intention.
L'indication précise de l'itinéraire, la
précision de l'heure du début et de la fin, les noms des
organisateurs ou de ceux qui appellent à manifester doivent être
clairement signalés.
C. Les manifestants
Il s'agit des grands acteurs de l'exercice de ce droit de
l'homme. Ils sont des destinataires de ce droit et doivent en contrepartie
connaitre ce que c'est la liberté de manifestation. Il est important de
rappeler aux manifestants que manifester n'est pas synonyme de violer les
droits des autres particuliers.
Il est question de demander aux partis politiques et groupes
des pressions, de procéder aux formations de leurs militants à
manifester paisiblement et dans le respect des biens publics et privés.
Il est question de demander à ceux même qui organisent des
manifestations d'inviter leurs membres à savoir protester dans le strict
respect de l'ordre public.
C'est ce que les laïcs catholiques avaient fait en
organisant des formations au sein des paroisses pour inviter leurs manifestants
à respecter les biens d'autrui. C'est lorsque les manifestants
intérioriseront les valeurs portées par des revendications
pacifiques que l'exercice de ce droit aura bien son sens. Mais l'annulation et
la répression consécutive de la manifestation voulue pacifique
par les laïcs catholiques risquent d'asseoir la conviction que ce sont
des forces de l'ordre et des autorités administratives qui, par leurs
actions liberticides, obligent les manifestants à employer la violence
pour résister à la répression.
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