b. Dans le cadre de l'UA,
La décennie 1990, marquée par la chute du mur de
Berlin, et la fin de la guerre froide a donné lieu à un
reprofilage des engagements internationaux en vue du maintien ou de la
restauration de la paix et la sécurité sur les terrains instables
du continent. En effet, l'écroulement de la menace soviétique sur
les espaces d'influence des puissances occidentales en Afrique est allé
de paire avec la réduction drastique des interventions militaires
occidentales. Ce changement s'est ainsi opéré en donnant lieu
simultanément à une multiplication d'initiatives et
résolutions visant une plus grande responsabilisation des Gouvernements
et armées africaines dans la gestion des crises sur le Continent.
De cette mutation contextuelle, qui a eu la
particularité d'inviter ou même de « contraindre »
l'Afrique à prendre conscience de ces obligations (face au vide
créé par le retrait des interventions sécuritaire
occidentales et devant l'accentuation du défi de la paix et de la
sécurité), il en a résulté un
63 Louise Fréchette, « grandeur et
misère du maintien de la paix » in S/D Jocelyn Coulon, guide du
maintien de la paix 2005, Athéna édition, 2008, page52
64 Les missions de paix sont appelées à
aller au-delà de faire respecter un cessez-le feu. Leurs mandats
comprennent généralement toute la gamme des activités
nécessaires à la reconstruction des sociétés
déchirées par la guerre. En termes de dangerosité il
convient de tenir compte qu'on déploie les contingents dans des
environnements peu réceptifs à leur présence.
76
renforcement des prérogatives et des actions des
Organisations régionales et sous-régionales africaines dans la
conduite des opérations de maintien de la paix, mettant prioritairement
à contribution les armées africaines.
C'est tout le sens des innovations profondes observées
depuis près d'une décennie dans la restructuration et le
renforcement des compétences de l'organisation panafricaine (UA), pour
la gestion des questions de paix et de sécurité sur le continent.
Le rôle majeur qui incombe désormais au Conseil de Paix et de
Sécurité de l'UA, qui adopte des résolutions et instruit
des actions avec le soutien de l'ONU, témoigne de la
responsabilité accrue qui est celle des Etats africains, qui sont
individuellement interpellés à un engagement plus fort en faveur
de l'appui aux initiatives politiques et militaires utiles à la
préservation de la paix sur le continent.
Cette logique de responsabilisation des africains a
également présidé aux mutations profondes observées
dans le fonctionnement des organisations sous-régionales, de plus en
plus dynamiques dans la gestion des conflits 65; au même titre
qu'il a déterminé l'avènement des multiples programmes de
renforcement des capacités des armées africaines dans la conduite
des missions de paix.66
? Notion de paix et de sécurité
Les notions de Paix et sécurité, sont
indissociables et complémentaires. La paix
:
La Paix fait référence à des notions de
tranquillité, de sérénité, de quiétude pour
un individu et pour une population. Pour un Etat, être en Paix, c'est
n'être pas en situation de guerre. On se rend compte ainsi que la
65 Il convient à cet égard de rappeler
les rôles déterminants joués par les forces ouest
africaines d'interposition dans les conflits de Sierra Léone, du
Libéria,..., l'implication active des forces FOMAC et FOMUC d'Afrique
Centrale dans le maintien de la paix en RCA etc.
66 Programmes proposés par les
États-Unis (Africa Crisis Response Initiative -ACRI- créé
en 1996 et devenu en 2002 African Crisis Operations Training Assistance -
ACOTA-), la France (avec le Renforcement des Capacités Africaine de
Maintien de la Paix -RECAMP-), la Grande Bretagne, et autres programmes
financés par l'UE, le Japon, le Canada...
77
paix a laquelle peuvent aspirer les populations n'est pas
seulement l'absence de guerre, la paix est étroitement liée a une
notion de sécurité et de progrès.
La sécurité :
La notion de sécurité comporte plusieurs aspects
;
La sécurité nationale : a
été la première préoccupation des Etats au
lendemain des Indépendances. Elle implique une conception basée
sur des préoccupations de souveraineté, il s'agit d'assurer la
protection de l'Etat, de la Nation toute entière.
La sécurité collective : c'est «
la sécurité de tous assurée par tous », elle fait
référence encore une fois a des Etats qui peuvent mettre en
commun leurs moyens ou conclure un Pacte pour assurer leur
sécurité face a une
agression extérieure ou a un danger interne
(rebellions). Il s'agit là d'une sorte d'Union sacrée pour la
défense commune. Cette notion de « sécurité
collective » fait également référence à des
notions de
développement et de prospérité, on parle
ainsi de « sécurité alimentaire ».
« Il n'y a pas de loi pour celui qui a faim
»- proverbe africain.
La sécurité humaine est une notion qui
place l'individu au centre des préoccupations. Cette notion et son
développement récent, montre que les dirigeants ont compris que
la Paix et la stabilité ne sont pas possibles sans que soit
assurée une certaine sécurité aux populations. Chacun a le
droit de vivre dans un environnement qui lui garantisse un minimum de
sécurité, de libertés, et de bien-être.
Les Etats Africains à travers l'UA reconnaissent et
incluent désormais ces 3 notions dans leur perception de la Paix et de
la Sécurité en Afrique. Ainsi, l'Union Africaine traite de la
« sécurité humaine » en ces termes :
« Les causes des conflits inter-états exigent
qu'on accorde une nouvelle importance à la sécurité
humaine basée non seulement sur des valeurs politiques mais aussi sur
des exigences sociales et économiques... »
78
Les Etats proclament dans l'Acte constitutif de l'Union
Africaine :
« Conscients du fait que le
fléau des conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au
développement socio -économique du continent, et de la
nécessité de promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité, comme condition préalable à la mise en oeuvre
de notre agenda dans le domaine du développement et de
l'intégration » (Acte constitutif de l'UA
-Préambule).
Ils se fixent pour objectif prioritaire de «
promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le
continent » (Art.3 acte constitutif).
Le pacte de non agression et de défense commune de
l'Union Africaine du 31 janvier 2005 stipule en son article 3 point c :
Toute agression ou menace d'agression dirigée
contre l'un quelconque des Etats membres constitue une menace ou une agression
contre l'ensemble des Etats membres de l'Union » (Art.3 c).
Il n'y a pas de paix sans sécurité mais il n'y a
pas de sécurité sans la Paix.
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