II.3.2. Facteurs socio-économiques.
Contrairement aux facteurs socioculturels, ces facteurs sont
directement liés à l'individu. Il s'agit ici d'une façon
générale des conditions de vie des ménages.
D'une façon générale, les adolescentes
comme tout enfant, dépendent de leurs parents. Lorsque la famille vit
dans des conditions économiques difficiles, les adolescentes entretenir
les relations sexuelles dans le but subvenir à leurs besoins. Cette
façon de faire des jeunes adolescentes peut s'expliquer en Afrique
subsaharienne à partir de la récession économique dans
laquelle est confronté ce continent depuis le début des
années 1980 et la dégradation des conditions de vie en ville
comme en campagne qui ont rendu les populations plus vulnérables
(Talnan, Anoh et Zanou, 2002).
Certaines sociétés africaines assistent à
des rapports des sexes caractérisés par un
déséquilibre du pouvoir entre l'homme et à la femme. Le
rôle que joue la femme est essentiellement celui de maternité et
des travaux domestiques. Très peu de femmes ont accès à
des ressources économiques et éducatives d'importance
cruciale : information, avoirs, compétence professionnelle. Il sied
de noter que la dépendance des femmes à l'égard des hommes
exerce une influence négative sur leur capacité à
déterminer les conditions dans lesquelles se déroulent les
rapports sexuels (Modieli, 2008).
a. La dépendance économique des
femmes
Hormis les ménages dont les chefs sont les femmes, il
reste à noter que la plupart des femmes dépendent
financièrement de la poche de leurs époux. Lorsque les femmes se
sentent non satisfaites à leurs besoins, elles ont tendance à
contracter des relations sexuelles extraconjugales à but lucratif
(Rwenge, 1999c). C'est dans cette optique que Caroline (1989) cité par
Rwenge (1999c) souligne : « A cause des difficultés
économiques, même les femmes mariées s'engagent dans les
activités sexuelles extraconjugales », cette situation serait
très critique en milieu urbain où les hommes contribuent en
grande partie au budget ménager.
Cependant, cela est aussi observé chez les jeunes
filles qui arrivent à contracter des relations sexuelles à cause
de leur situation économique qui les rendent soumises à des
décisions du partenaire. Ces dernières consisteraient soit
à passer un rapport sexuel non protégée ou à ne pas
discuter du calendrier des cycles menstruels avec son partenaire.
b. Niveau de vie du ménage.
Bado (2007) montre que, souvent, en ce qui concerne le niveau
de vie des ménages, il est établit que l'appartenance aux
ménages pauvres constituée un facteur de risque pour les jeunes
filles d'entrée précocement en activité sexuelle et
à la vie féconde suite au manque d'encadrement matériel et
financier des parents. Par contre, si l'argent ne constitue pas une motivation
importante pour la première expérience sexuelle, il constitue
toutefois, par la suite une composante majeure de leur vie affective
(Calvès, 1996)
Il sied à noter que la situation économique des
parents affecte considérablement les comportements sexuels de leurs
enfants. Cela peut se manifester soit à travers les comportements
sexuels que les parents adoptent sous les pressions économiques soit
à travers le type d'encadrement familial qui résulte de ces
pressions (Lurie, 1976 cité par Rwenge, 1999c). En fait, les
conditions socio-économiques des parents influent sur la capacité
de ces derniers de prendre en charge ou soit à satisfaire les besoins de
leurs enfants.
Par ailleurs, lors d'une étude réalisée
par l'ONUSIDA (2002) que cite Modieli (2008), il a
été révélé que près d'une adolescente
sur cinq non scolarisée trouvait difficile de refuser des rapports
sexuels lorsque de l'argent et des cadeaux étaient offerts. L'auteur
enrichit sa pensée en montrant que la monétarisation des rapports
sexuels se fait non seulement avec des partenaires plus âgés et
plus riches (relations du type "sugar dadies" ou encore "sponsors") mais aussi
avec leurs jeunes copains de qui, elles exigent des faveurs similaires en
échange de relations sexuelles. Donc, le comportement sexuel
adopté par les jeunes peut s'expliquer par le fait que, pour des raisons
d'ordre purement économique, les plus démunies font abstractions
aux considérations socioculturelles en matière de
sexualité pour s'adonner à des relations sexuelles avant le
mariage et/ou au multi partenariat.
Pour Rwenge (2000), il ressort au Cameroun lors d'une
étude réalisée à Bamanda, que les jeunes dont les
parents étaient pauvres avaient une plus grande probabilité
d'être sexuellement actifs et d'avoir eu des relations sexuelles de
passage ou occasionnelles dans les douze mois précédent
l'enquête que ceux dont les parents étaient
socio-économiquement aisés. Et en plus de ces jeunes, ceux dont
les pères étaient sans emploi ou ceux qui vivaient dans un
ménage à niveau de vie moyen étaient plus susceptibles
d'avoir plusieurs partenaires.
Néanmoins, lorsque la situation économique du
ménage est favorable, certains jeunes garçons peuvent s'engager
intensément dans les relations sexuelles, profitant en fait des
difficultés économiques de jeunes filles pour satisfaire au
maximum leurs désirs sexuels (Rwenge, 1999c). Toutefois, en cas de
conditions difficiles, les jeunes filles peuvent prendre une décision de
s'engager intensément dans l'activité sexuelle voire s'adonner
à la prostitution. Ceci prouve à suffisance l'impact qu'a le
niveau de vie du ménage (condition de vie du ménage) sur le
comportement sexuel adopté par les jeunes filles même si elles
sont informées des conséquences qui y sont associées.
|