II.3.2. Facteurs institutionnels.
Ce sont les facteurs qui jouent le même rôle que
les facteurs socioculturels du fait qu'ils se basent sur les règles et
normes bien que ces dernières soient législatives. Rwenge
(1999c) stipule à cet effet, qu'il est question des lois en
matière d'entrée en union chez les jeunes et des lois en
matière de divorce des parents et ensuite de l'accessibilité aux
informations et aux préservatifs, par l'information et la
sensibilisation de la population sur le VIH/SIDA et la mise à sa
disposition des préservatifs.
Kalambayi (2007) montre que depuis une quarantaine
d'années, les parlements de plusieurs pays africains ont grâce au
fameux code de la famille, largement contribués à
l'anéantissement des influences coutumières favorables au mariage
précoce des jeunes filles. Il montre quelques lois actuellement en
vigueur dans quelques pays africains. Au Cameroun par exemple, l'âge de
nubilité est fixé à 15ans pour la fille et à 18
ans pour les garçons d'après l'article 52 de l'ordonnance n°
81/02 du 29 juin 1981, portant organisation de l'état civil (Rwenge,
1999a). En RDC par contre, la Loi n° 87-010 portant Code de la Famille
interdit dans son l'article 219 ,le mariage à tout individu
âgé de moins de 18 ans (République du Zaïre - Journal
Officiel, 1987).
En ce qui concerne l'information et la sensibilisation de la
population en matière de l'usage et de l'accès aux
méthodes contraceptives (préservatifs), les pays africains en
disposent quelques mesures mais qui n'ont pas encore portées le fruit.
Pour Rwenge (1999c), cette situation peut expliquer par la concentration des
infrastructures modernes en milieu urbain et de non implication des facteurs
socioculturels dans le plan d'implantation des programmes de sensibilisation
pour l'utilisation des condoms.
II.3.3. Facteurs sociodémographiques.
Les facteurs sociodémographiques ou variables
intermédiaires de la sexualité des jeunes filles liés
à l'individu. Ils peuvent avoir trait soit à la biologie de
l'individu tel que l'âge à la puberté soit trait aux
comportements sexuels notamment l'âge aux premiers rapports sexuels,
l'âge à la première union, l'âge à la
première naissance et la pratique contraceptive.
a. L'âge à la puberté.
La puberté est définie comme étant le
stade du passage de l'enfance à l'adolescence marqué par des
développements psychiques et physiques (Microsoft encarta, 2009).
Cependant, les modifications physiologiques qui surviennent à la
puberté sont responsables de l'apparition des plaisirs sexuelles. La
satisfaction de ces pulsions est encore compliquée par de nombreux
tabous sociaux et par le manque de connaissances sur la sexualité (Bado,
2007).
Dans ces études, Diop (1995), stipule que
l'amélioration de la nutrition explique la baisse de l'âge de la
puberté, et en plus, il est souvent cité comme étant
facteur favorisant la sexualité précoce des jeunes filles. Si on
réfère au calendrier d'accès au mariage des filles par
rapport à l'âge du début de la puberté, lorsque la
puberté est précoce, le mariage risque d'être aussi
précoce. Dans ce cas, il n'ya pas du tout un écart important
entre l'âge de la puberté et l'âge au premier mariage.
La puberté reste un déterminant non
négligeable de la formation des familles (Diop, 1999 cité par
Bado , 2007). Ceci du fait que, la relation qui existe entre l'âge de la
puberté et au mariage à travers les menstrues que les jeunes
filles observent, font reconnaitre à la société la
maturité physiologique de celles-ci. L'apparition des caractères
sexuels secondaires chez les jeunes filles peuvent motiver à
vérifier leur intégrité.
b. L'âge aux premiers rapports
sexuels
Plusieurs auteurs comme Calvès, 1996 ; Kouate-Defo,
1998 ; Akoto et al., 2000 cité par Bado (2007), mettent en
évidence l'âge aux premiers rapports sexuels comme étant
un indicateur important qui donne le début et la durée de la
vulnérabilité des jeunes au risque à la fois de grossesse
non désirée et d'infection par les IST/VIH. Il reste cependant,
un facteur d'exposition au risque de grossesse non désirée
surtout dans les pays du sud où des méthodes contraceptives sont
d'usage très faible par les jeunes. Leur calendrier d'accès
à l'activité sexuelle est en même d'influencer l'âge
à la première naissance c'est-à-dire la
fécondité des adolescentes.
Pour ce faire, Kuate-Defo (1998) montre que les jeunes filles
qui connaissent précocement leur activité sexuelle, ont un risque
plus élevé de connaître leur première naissance
avant la fin de leur adolescence. Par contre, l'étude d'Akoto,
Tambashe, Amouzou et Tameko (2000) menée au Burkina-Faso montre que
plus de deux tiers des filles adolescentes déclarent avoir eu
déjà leurs premiers rapports sexuels. Il en est de même
à Kinshasa (RDC) où Kalambayi (2007) dans son étude sur la
sexualité et comportements sexuels à risque des jeunes à
Kinshasa (RDC), aboutit à des résultats tels que la
majorité des jeunes étaient sexuellement actifs au moment de
l'enquête soit 70% des enquêtés et ces derniers
étaient respectivement initiés à l'activité
sexuelle à 16,7ans pour les filles et 16,9ans pour les
garçons.
En se référant à certaines études
en RDC qui essaye de parler de l'âge au premier rapport sexuel,
l'EDS-2007/RDC indique que plus d'une femme sur cinq soit 22% ont eu leurs
premiers rapports sexuels avant leur quinzième anniversaire. De l'autre
côté, Ngondo, (1997) cité par Kalambayi (2007) montre lors
d'une étude menée à Kikwit que 27% des jeunes filles
célibataires sexuellement actives avaient déclaré avoir
connu leur dernier rapport sexuel au moment de l'enquête. Cependant,
cette proportion était deux fois plus soit près de 54% trois mois
avant l'enquête si l'on remonte dans le temps (Kalambayi, 2007).
c. L'âge au premier mariage.
L'âge au premier mariage ou à la première
union est un facteur intermédiaire qui nous permet de déterminer
le niveau de procréation des adolescentes. Pour Kuate-Defo (1998), cet
âge serait un indicateur important des niveaux et des variations de la
fécondité naturelle. Comme il a été
démontré par plusieurs auteurs ci-haut cité, il a
été on observé un nombre plus important des naissances
dans la population adolescente surtout dans les sociétés
où le mariage précoce est encouragé et cela suite à
l'écart important entre l'âge au mariage et à la
première maternité qui est quasiment faible de fois
négligeable.
Il sied de noter que dans la plupart des pays d'Afrique
noire, on est entrain d'assister à un recul d'âge au mariage suite
à l'instruction ainsi qu'à la situation économique que
connait le continent africain depuis les années 80. Par ailleurs, les
modifications que connaissent diverses sociétés africaines ont
contribué au changement des calendriers d'accéder au mariage. Par
conséquent, cela a entrainé l'élévation de
l'âge au premier mariage et à la première naissance.
C'est-ce qui a été mis en évidence au
Sénégal dans la ville de Niakhar par Delaunay (2001) lors de
l'analyse de la fécondité : « On observe, en
effet, un recul de l'âge d'entrée en premier mariage et un
allongement du premier intervalle entre les naissances qui d'ores et
déjà se traduisent par un recul de calendrier de la
fécondité dans les générations récentes
».
Sous d'autres cieux, l'entrée en vie féconde est
aussi fonction du milieu de résidence et de l'instruction de la femme
(Akoto et al, 2005). Après les analyses des EDS des quelques pays de
l'Afrique subsaharienne, les auteurs montrent que les filles scolarisées
entrées en retard dans la vie féconde et que par rapport au
milieu de résidence, la scolarisation des filles reste un facteur
différenciant les adolescentes sur le plan d'âge précoce ou
tardif d'accéder au mariage et/ou à la vie féconde. Dans
ce même ordre d'idées, Locoh (2005) stipule que l'âge
d'entrée en union notamment, reste fortement corrélé au
niveau d'instruction, à l'autonomie des femmes, à l'accès
à l'emploi salarié.
De ce fait, il ressort de leurs analyses qu'au Burkina-Faso,
les filles ayant eu leur première grossesse ou leur premier enfant avant
leur 18ème anniversaire étaient à 28% sans
instruction contre 10% de celles ayant un niveau secondaire ou
supérieur. Et en côte d'ivoire, il a été
constaté que 40% des filles n'ayant pas été
scolarisé avaient déjà leur première grossesse ou
leur premier enfant avant 18ans.
De tout ceci, il sied de noter l'importance de parler de
l'âge au premier mariage dans l'étude de la sexualité des
jeunes filles. C'est tout simplement parce que, dans les sociétés
où le mariage précoce est encouragé, la sexualité
l'est aussi ; car il n'y peut y avoir mariage sans acte sexuel ou en
d'autres termes, on ne peut pas parler de la fécondité
précoce sans sexualité précoce.
d. Age à la première utilisation de
contraception (préservatif)
La connaissance et l'utilisation de la contraception sont des
moyens efficaces de régulation de la fécondité en
général et de protection contre les IST/VIH/SIDA, surtout pour
les jeunes filles célibataires. En effet, la fréquence des
rapports est un facteur majeur de la probabilité de concevoir dans les
sociétés où les méthodes contraceptives ne sont
pas beaucoup utilisées et par contre, cette probabilité est
largement influencée par le niveau d'utilisation et d'efficacité
de la contraception dans les sociétés modernes (Kuate-Defo,
1998).
Dans les pays d'Afrique où se réalisent ces
derniers temps les EDS, certaines questions ayant trait à la
connaissance et à l'utilisation des méthodes contraceptives sont
posées aux femmes à l'âge de procréer. Toutefois, il
ressort que les jeunes filles déclarent connaitre et avoir entendu
parler de la contraception. Mais, le problème qui se pose est celui du
niveau de l'utilisation et du choix de la contraceptive efficace qui, comme
l'affirme Delaunay (2005) cité par Bado (2007) : «
la connaissance de l'existence d'une méthode n'implique pas
nécessairement une réelle compréhension du
mécanisme ou du mode d'utilisation de la méthode. Ainsi,
même si le condom est bien connu des jeunes au Ghana, son utilisation
correcte reste souvent mal connue ».
Les analyses faites par Akoto et al., (2005) sur
différentes enquêtes démographiques et de santé
réalisées entre 1998 et 1999 en Afrique, il a été
constaté que dans presque tous les pays d'Afrique du centre et de
l'ouest dont les EDS ont été analysées, à part la
connaissance de la contraceptive qui, dans l'ensemble est appréciable,
même si elle est uniforme pour tous les pays ; néanmoins,
elle varie avec l'âge, le sexe, le niveau d'instruction. Par ailleurs,
pour ce qui est du niveau d'utilisation de la contraception, une
disparité est observée entre les sexes avec une proportion d'au
moins de 40% d'utilisateurs parmi les garçons et variant de 10 à
13% seulement chez les filles. Ceci montre que le niveau d'utilisation de la
contraception au cours de la période d'enquête est fonction de
l'âge chez les jeunes garçons et en fonction du niveau
d'instruction chez les filles.
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