8.4.2. Les grossistes.
« Acteurs classiques du commerce africain des
vivriers, les grossistes ont une intervention déterminante dans la
régulation des marchés » (Harre et Oyep, 1992). Seul un
groupe restreint de grands commerçants a la capacité de financer
et d'organiser l'ensemble des circuits car ils ont un capital plus important et
disposent d'un lieu de stockage dans les marchés de consommation
urbains. Leur position dominante sur les marchés repose alors sur leur
capacité à trouver et à transporter des
céréales à tout moment de l'année.
Ces acteurs sont issus des centres urbains et leur nombre est
restreint sur les marchés. Ils sont connus et répertoriés
par les services administratifs et n'ont pas une véritable
spécialisation car ils traitent à la fois plusieurs produits dont
les plus fréquents sont les mils, le maïs, les sorghos, le riz,
l'arachide... Leur capacité de stockage varie selon l'emprise des
individus dans l'activité.
Les grossistes se chargent de la collecte et de la
distribution des céréales entre les producteurs et les
consommateurs. Ils financent un réseau de collecte plus ou moins
important selon les moyens de chacun et les risques financiers qu'il peut
prendre. Ces intermédiaires opèrent dans les parcelles, dans les
marchés de collecte et de production. Il peut avoir superposition de
fonction entre producteurs et grossistes à l'instar de ceux de Bogo,
Dargala ou Salak qui vendent leur production à d'autres grossistes sur
les marchés de collecte ou de production.
Les coûts de transport prohibitifs pendant les saisons
des pluies et l'absence des structures de stockage sur les marchés
destinataires sont les principales contraintes pour les grossistes. En effet,
ces deux contraintes amène le commerçant éloigné de
sa zone d'intervention habituelle de vendre rapidement en ayant peu de chance
de réaliser les bénéfices qui l'avaient attirés
jusque là.
Par ailleurs, les marchés céréaliers de
l'Extrême-Nord sont aujourd'hui essentiellement spéculatifs. Ce
caractère peut permettre aux grossistes soient de réaliser des
bénéfices somptueux comme lors de la disette de 1998 ou faire des
pertes importantes (1999 par exemple). En effet, une pluviométrie
capricieuse, une maîtrise insuffisante de la production par la grande
majorité des producteurs, la fragilité habituelle des surplus, ne
permettent pas aux commerçants d'évaluer l'importance de la
prochaine campagne. Comme les producteurs, ils surveillent les pluies et
tentent de diagnostiquer leurs incidences mais restent soumis, jusqu'à
la dernière minute, à une grande incertitude quant à ses
résultats qu'ils n'appréhendent vraiment qu'au moment de la
récolte. Malgré une fine connaissance des risques de production,
il leur est difficile d'apprécier les incidences des aléas et des
accidents de production (manque ou excès des pluies, ravageurs...),
comme c'est fréquent à l'Extrême-Nord sur les ventes des
producteurs. « Les années de très bonnes
récoltes comme celle de 1998/99 sont pour les grossistes-stockeurs un
désagrément car ils ne savent plus que faire de leurs stocks de
l'année précédente. Ce qui les obligent souvent à
vendre à perte afin de libérer de l'espace pour stocker la
nouvelle récolte » (Kossoumna, 2000).
Disposer d'une capacité de financement s'avère
la condition déterminante d'approvisionnements réguliers et aux
meilleures conditions. Or, peu de commerçants ont accès au
crédit bancaire.
Entre les producteurs et les producteurs évoluent
souvent des intermédiaires dont le rôle n'est pas
négligeable dans l'organisation de la filière.
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