Avant Propos
La sécurité alimentaire est depuis quelques
années une préoccupation majeure de la société du
Nord Cameroun. Malgré l'actuelle proximité "ville-campagne",
cette question reste particulièrement cruciale en milieu rural.
Ce mémoire de Maîtrise est issu de
l'étude générale sur les filières
céréalières dans la province de l'Extrême-Nord
Cameroun qui entre dans la dynamique de recherche-développement
lancée par le DPGT sur le thème de la sécurité
alimentaire au Nord Cameroun. Elle se présente comme une première
approche de la filière céréalière à
l'Extrême-Nord avec un premier regard sur les acteurs et les
stratégies de commercialisation. Cette étude sur le thème
"analyse des circuits de commercialisation des céréales à
l'Extrême-Nord: Causes et conséquences de l'instabilité du
marché" a été réalisée en tandem avec un
étudiant de l'INA-PG, Nicolas Pirard en ce qui concerne la collecte des
données, leurs dépouillements et la bibliographie.
L'étude était placée sous la
direction de deux chercheurs de CIRAD, Ellen HANAK-FREUD (Paris) et Guillaume
DUTEURTRE (N'Djaména), et encadrée au niveau de
l'université de Ngaoundéré par le Professeur Jean Louis
DONGMO (Doyen de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines) et
au niveau de l'IRAD de Garoua par Timothée ESSANG. La coordination
générale a été assurée par André
TEYSSIER, Directeur Adjoint du DPGT.
Résumé
A l'Extrême-Nord du Cameroun, les aléas
climatiques se traduisent par des variations inter annuelles importantes de la
production des céréales à l'origine de périodes de
pénurie alimentaire principalement les années de
sécheresse, mais aussi de fortes fluctuations des prix dans le temps et
dans l'espace, souvent accentuées par les spéculateurs. Avec
l'augmentation de la population, ces périodes deviennent plus
fréquentes et plus importantes. Elles se traduisent par un
fonctionnement instable des marchés de céréales de la
région. L'objectif de ce travail est de mieux comprendre le
fonctionnement des marchés à céréales et leur
rôle dans la sécurité alimentaire des populations. Pour ce
faire ont été menées des enquêtes sur 22
marchés de la province de l'Extrême-Nord et 3 marchés
frontaliers du Tchad et des entretiens auprès des opérateurs de
la filière (commerçants, transporteurs, transformateurs,
consommateurs, services publics et privés). Les résultats
montrent une augmentation forte des flux de céréales entre les
zones de production et les villes dues à l'augmentation de la population
des villes, une diversité des marchés selon leur situation et
leurs activités (production, collecte, distribution, consommation), une
concurrence dans l'utilisation des céréales consommées
pour la fabrication de bière et l'alimentation. L'instabilité des
volumes et des prix sur les marchés est due principalement aux
difficultés de maîtrise de la production, mais aussi au mauvais
état des voies de communication, et à un manque d'information
fiable en temps opportun. Réduire cette instabilité en vue
d'améliorer la sécurité alimentaire passe en premier lieu
par une meilleure maîtrise de la production en développant les
cultures irriguées, et en facilitant les flux entre les zones de
production et de consommation par l'amélioration des communications.
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