CHAPITRE II :
L'OCAM AU COEUR DE LA GUERRE DES MODERES ET DES
REVOLUTIONNAIRES (1965 -1985)
L'OCAM au lendemain de sa création est
contestée par l'OUA du Président égyptien Gamal Abdel
Nasser, d'Ahmed Sékou Touré et de leurs autres collègues
avec qui, ils partagent la même idéologie. Certains groupes
formés par des adeptes du panafricanisme, «livrent» une
bataille idéologique, physique, de contestation contre la nouvelle
organisation qu'ils qualifient d'être un instrument du
néocolonialisme fait pour diviser l'Afrique. Ainsi donc ce chapitre nous
livre la « guerre» qui est menée au coeur de l'OCAM par
deux blocs opposés idéologiquement : le Groupe de
« Casablanca »20 dirigé par Kwamé
N'krumah et le groupe de « Brazzaville»21 de
Félix Houphouët-Boigny.
I/ LA POSITION DES REVOLUTIONNAIRES
Leur position pendant cette «Guerre» est
marquée par la politique de N'krumah qui consiste à vouloir
implanter le panafricanisme dans toute l'Afrique. Et par la suite, les
Révolutionnaires engagent des «attaques»
perpétrées, se traduisant par des agressions physiques, verbales,
basées sur des critiques violentes, contre un autre groupe qui se veut
modéré et modérateur.
1)- N'krumah pour l'implantation du
Panafricanisme en Afrique
20Ce groupe encore appelé Groupe des
Révolutionnaires, avec à sa tête le président
N'Nkrumah et le président Nasser ; suivis de la Guinée de
Sékou Touré et de Modibo Keïta du Mali et du Maroc. Cette
formation créée en 1960 lutte contre le néo-colonialisme
et prône le panafricanisme. Il regroupait aussi le gouvernement
provisoire de la République algérienne, la République
Arabe-Unie et le Maroc où à Casablanca la charte fut
signée le 7 janvier 1961. C'est ce qui donne le Groupe de
«Casablanca.»
21Ce sont les
Modérés. Ce sont d'abord les 12 membres de l'UAM et le
Congo-Léopoldville, le Libéria, la Sierra Léone
l'Ethiopie, le Togo et le Nigéria, avec a leur tête le
président Houphouët. Ce Groupe est né à Brazzaville
en mai 1961. La charte signée à Monrovia au Libéria lui
donne le nom du Groupe de «Monrovia et Brazzaville.» Les États
Anglophone vont les quitter un peu plus tard.
22Il s'agit des Groupes des Modérés et
Révolutionnaires.
23Raymond RANJEVA,
Idem, p.15.
Le Président Kwamé N'krumah est le
principal adversaire idéologique du Président Félix
Houphouët Boigny. En effet, le Ghana indépendant avec à sa
tête N'krumah, fait le voeu de voir une Afrique forte allant à
l'unisson. Cette opposition des idées fait naître deux
blocs22 systématiquement opposés de par leurs
idéologies. Un bloc avec à la tête le Président
ivoirien, initiateur de l'UAM, UAMCE, et l'OCAM, prône une Afrique
modérée. Ces deux grandes personnalités créent des
regroupements divisés en deux catégories : ceux à
vocation territoriale limitée et ceux à ambition
continentale.23
Le Président Ghanéen était pour
l'ambition continentale. L'idée de diviser l'Afrique francophone et
Anglophone a été mal appréciée par les
présidents Senghor, Sékou Touré, Modibo Keïta,
Barthélémy Boganda, Kwamé N'krumah, qui étaient
donc pour l'unité Africaine, « Les Etats - Unis
d'Afrique.»24 Il est le prophète moderne du
panafricanisme. C'est pour cela « Jean Ziegler écrit :
la gloire, la force de M. N'krumah ont été de ressusciter par la
lutte politique et par les gestes symboliques à la fois
l'héritage culturel des prophètes panafricains et la parole
muette, le sanglant souvenir de ces peuples de la nuit.»25 Le
but que voulait atteindre ce panafricanisme était situé à
deux niveaux. D'une part, cette idéologie
prône le rassemblement des Etats francophones et Anglophones
situés au sud du Sahara. Et d'autres part, c'était d'unir toute
l'Afrique noire et à Madagascar l'Afrique blanche ou l'Afrique du nord
qui regroupe les Arabes ou berbères des régions
méditerranéennes, qui appartiennent à un milieu qui
s'étend aussi sur le proche Orient. Tout ceci a été la
résultante de la naissance de l'OUA, en vue d'anéantir les
actions des modérés. Ce faisant, le groupe de
«Casablanca» entame des séries d'offensive.
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