II) L'IMPLICATION DES MODERES DANS CETTE
«GUERRE»
Ce passage présentera l'attitude des
modérés face aux actions de leur adversaire idéologique.
1)-L'Unité Continentale selon
Houphouët-Boigny
26Jacques BAULIN, La politique africaine
d'Houphouët-Boigny, Paris, Editions Eurafor-Presse, 1980, p.152.
27Idem, p.152.
28Ibidem, p.152.
Le Président Houphouët-Boigny n'a vraiment
pas le sentiment de créer une union continentale d'avec les autres
États issus du groupe de « Casablanca » parce que
leurs deux idéologies sont diamétralement opposées. Pour
lui, il est impossible que la nouvelle Afrique indépendante n'arrive
à se prendre en charge toute seule. C'est pourquoi nous estimons que le
Président Houphouët voulait encore toujours apprendre auprès
de ses colonisateurs français. La France pour lui doit avoir toujours la
main mise sur ses anciens territoires.
Donc à travers lui le groupe des modérés
n'est formellement pas d'accord pour qu'il y ait une unité continentale.
C'est dans cette perspective qu'après l'UAM, Houphouët-Boigny,
l'homme de la France comme le dit si bien Pierre NANDJUI, crée l'OCAM
pour empêcher le fonctionnement de l'OUA. En créant l'OCAM il a
compté se servir de ses membres pour défendre ses propres
intérêts, qui sont en réalités ceux de la France en
Afrique ; et combattre tous les africains qui s'opposent à
l'impérialisme. Houphouët marquait son désaccord à
l'idéologie de N'Nkrumah, parce que pour son groupe et lui l'OCAM est un
instrument constitué pour lutter contre l'implantation du communisme que
le Dr Kwamé N'Nkrumah envisage de propager en Côte d'Ivoire.
2)- «La riposte »des
Modérés à l'attaque des Révolutionnaires
Après l'attaque des Révolutionnaires
contre d'abord le fidèle ami de Houphouët et contre la famille
toute entière des modérés, ceux-ci ont
décidé d'utiliser l'OCAM comme instrument de
déstabilisation des Révolutionnaires. L'hostilité
provenant de l'OUA, pousse Houphouët et les modérés à
riposter. L'OCAM une fois créée, se fixe des principes amers
contre tous ceux qui ont tenté de porter atteinte à sa vie.
Ladite
organisation se fixe deux principes qui sont de deux ordres : non
ingérence dans les affaires des autres ; soutien du gouvernement
légal du Congo.29
Les
objectifs immédiats contre le groupe des révolutionnaires se
résument en ces éléments suivants :
- L'OCAM entend créer un bloc modéré et
modérateur suffisamment fort au sein de l'OUA ;
- 29 Guy De LUSIGNAN, op.cit., p.285
Le Président Houphouët, en raison de son
opposition idéologique d'avec le président N'krumah, veut briser
politiquement le président ghanéen considéré comme
coupable de tous les maux, surtout celui d'assurer la base des mouvements
subversifs en Afrique, notamment contre le Togo, et d'avoir facilité
l'attentat contre Hamani Diori son compagnon de toujours ;
- L'OCAM se doit d'apaiser les velléités
révolutionnaires de l'Afrique et essayer d'amener certains de ses
adhérents à partager les vues de l'Afrique modérée,
notamment le Mali qui avait pour opportunité de regagner la zone franc
à condition que ses négociations avec la France
aboutissent.30
- L'OCAM d'Houphouët envisage inviter d'autres
États anglophones à adhérer dans ledit organisme
francophone afin de rendre inutile l'OUA.
Tel est le sens clé de la création de l'OCAM.
Cette organisation qui est apparemment un regroupement des
États sortis de la colonie française avec pour objectif la
solidarité et la coopération entre ses membres, n'est à
vrai dit rien de cela ; car dans le fond, elle a été
créée pour nuire à N'krumah, à ses compagnons
Sékou Touré, Modibo Keïta, et à l'ensemble des
membres révolutionnaires de l'OUA.
Par ailleurs le président pour donner encore un sens
à son combat, prend pour prétextes les troubles semés par
N'Nkrumah. Ces actes portent sur :
- L'assassinat de Sylvanus Olympio au Togo en Janvier
1963 ;
- La chute de Fulbert Youlou en août 1963 ;
- La chute d'Hubert Maga au Dahomey en Octobre 1963 ;
- Coup d'Etat manqué au Gabon en Février
1964 ;
- Troubles au Tchad depuis Septembre 1963 ;
- Série de complots en Côte d'ivoire en 1963 et
1964 ;
- Incidents frontaliers en Septembre 1964 au
Niger.31
L'Ivoirien
poussé par la colère s'adresse au président Sékou
Touré en ces termes : « Vous êtes un frère,
un mauvais frère, mais un frère quand même .... En votre
âme et conscience, qu'est ce que la révolution verbale, dont vous
vous gargarisez à longueur de journée et que vous
prétendez avoir faite a pu apporter à votre pays ? ...
Est-ce que les Guinéens, depuis 1958, sont mieux nourris, mieux
logés, mieux instruits et plus libres. Je souligne le mot
« libres » qu'ils ne l'étaient avant votre
prétendue révolution ? »32
Déjà en 1965, le dirigeant ivoirien incite ses homologues
à prendre conjointement part à une tentative de renversement de
ses détracteurs. En 1967, il organise la chute de Sékou
Touré.
30 Guy De LUSIGNAN, Idem, pp. 285-286.
31Ibidem, p.284.
32Paul-Henri SIRIEX, Houphouët-Boigny ou la
Sagesse africaine, Paris, Editions Nathan, Abidjan, Les Nouvelles Editions
Africaine, 1986, p.306.
|