Il ressort de nos investigations qu'aujourd'hui les accords
de partenariat s'imposent dans le champ de la santé pour plusieurs
raisons. L'Etat ne peut plus tout assumer seul en matière de la
santé de la population, car les besoins sont de plus en plus croissants
face à la croissance démographique. Ainsi, il est
impérieux voire indispensable que l'Etat collabore avec les acteurs
à tous les niveaux pour une meilleure définition de la carte
sanitaire. L'Etat à travers le Ministère de la Santé doit
contribuer à rendre plus performantles structures sanitaires en vue
d'atteindre les objectifs fixés en matière de santé.La
collaboration entre l'Etat (MS) et les hôpitaux privés qu'ils
soient confessionnels, associatifs ou autres, s'avère indispensable pour
une bonne prise en charge des populations, pour que la décentralisation
des services de santé devienne une réalité et non une
utopie.
Le partenariat public-privé en santé est une
bonne initiative à encourager et à promouvoir selon les acteurs
du secteur sanitaire. Aujourd'hui des structures privées (au nombre de
6) comme les structures publiques(au nombre de 28) sont érigées
en hôpitaux de zone en vue de permettre une meilleure
accessibilité géographique et financière, et d'atteindre
les objectifs du millénaire pour le développement en
santé. En effet, l'heure n'est plus au développement des
rivalités entre les acteurs publics et privés car aujourd'hui le
secteur privé a montré qu'il est incontournable dans l'offre des
soins de santé.
Aujourd'hui le partenariat est indispensable pour une
meilleure performance du système sanitaire Béninois. Cela
contribuera à renforcer le plateau technique sanitaire pour une
meilleure prise en charge des populations toute catégorie confondue. Les
PPP en santé souffrent encore de quelques malaises qu'il faudra
résoudre pour qu'ils répondent mieux aux attentes sur le terrain.
Les ppp étant de plusieurs types, le choix varie selon la
spécificité des structures hospitalières.
Mémoire réalisé et soutenu par
Inès Raïssa LOGOZO 59
La perception des acteurs varie selon leur
compréhension, leur degré d'information, leur degré
d'implication, et/ou selon la forme du partenariat, que ce soit
public-privé, public-associatif. Ainsi , la perception des acteurs sur
le partenariat entre le MS et l'AMSM, dont la gestion de l'hôpital est le
centre d'intérêt, varie d'une personne à une autre suivant
leur degré de compréhension et de connaissance sur l'historique
de cet type de partenariat qui est d'ailleurs le premier exemple au
Bénin depuis bientôt dix neuf (19) ans et le premier en
santé dans la sous-région Ouest Africaine . En effet, pendant
longtemps le flou a été entretenu sur le statut juridique de
l'Hôpital de Mènontin. Puisque Mgr Isidore de SOUZA était
le président du Conseil d'Administration de l'AMSM, certain pensait que
l'hôpital était alors un patrimoine de l'église catholique,
donc un hôpital confessionnel. Même quelques responsables du
Ministère de la Santé ignoraient aussi que c'était une
structure publique, car aucune vulgarisation n'a été faite pour
permettre la pérennisation de l'information, les membres de l'AMSM
avaient aussi la même conception, puisqu'ils étaient
sollicités par Mgr Isidorede SOUZA, et n'ont pas jugé bon de se
rapprocher du MS. Selon les enquêtés, cette mal
compréhension a contribué à rendre inefficace le
partenariat, plus précisément l'application du mandat de gestion
en concession signé le 12 février1992 entre l'AMSM et le MS, et
à ternir les relations contractuelles entre les deux parties.
«Il a fallu que l'église, par le biais de l'archidiocèse
de Cotonou compte l'hôpital comme l'oeuvre de l'Eglise et commence par
chercher les voies et moyens pour le récupérer en envoyant un
comité d'expert pour vérifier la gestion de l'HM , pour que les
responsables de l'hôpital s'autosaisissent pour réveiller l'AMSM
de sa léthargie fonctionnelle via son président que la gestion de
l'hôpital risque de leur échapper , alors une correspondance du
personnel fut envoyée par mail au Président du CA
.»(Propos d'un enquêté). Selon certains acteurs (81,42%
des enquêtés), cette forme de partenariat est une bonne innovation
mais les modalités de fonctionnement ne sont plus d'actualité; le
mandat est dépassé et ne répond à aucune norme en
la matière, en un mot il est «caduque«. «C'est comme
une pierre jetée dans un océan, on ne sait pas à priori
où elle tombera, ni ce qu'elle deviendra. Mais l'expérience vaut
la peine d'être réalisée.» (Les propos d'un
enquêté).
[Le partenariat est une exigence du développement
des temps modernes; l'exemple de Mènontin est une initiative dont il
fallait faire la promotion, cela n'a pas été le cas, c'est
restée une expérience isolée.Les différents acteurs
n'ont pas été très bien formés et
sensibilisés sur l'expérience. C'est une innovation mal
partagée. Je ne suis pas sûr que dans l'arsenal juridique
Béninois, si une législation claire prend en compte cette forme
de coopération. ] (Propos d'un enquêté)
Mémoire réalisé et soutenu par
Inès Raïssa LOGOZO 60
La plupart des enquêtés pensent que l'AMSM a une
grande part de responsabilité dans l'inefficacité du partenariat,
pendant longtemps elle n'a existé que de nom ; elle a été
une association passive qui n'a pu jouer le rôle qui lui est
dévolu de façon rigoureuse, au lieu d'être une association
proactive, justifiant ainsi le dicton «l'organe ne crée pas la
fonction qui lui est dévolue». Pendant longtemps son conseil
d'Administration n'a pas fonctionné laissant plein pouvoir de
décision,aux différentes équipes de direction qui se sont
succédées dans cette fonction. « L'innovation du CSM (HM) et
le temps de latence lié au démarrage d'un projet ont
été des facteurs qui ont fait oublier l'AMSM dans sa
fonctionnalité. Car l'aura sociopolitique, le charisme et l'envergure de
Mgr I. de SOUZA dans l'opinion public était un gage de réussite.
L'autorité de tutelle (MS) dans cet environnement et surtout la valse
des Ministres de la santé liée au fait politique Béninois
n'ont pas favorisé un suivi méthodique, procédurale de
leur action et rôle.Pour la plupart, les membres du CA sont des
?générations spontanées? dans ce type d'activités
en santé et à ce niveau de décisions. Il a fallu du temps
et quelques crises de nature conflictuelle pour éveiller les consciences
et impulser leurs actions efficaces sur l'Hôpital nonobstant la
résistance passive de l'organe de direction 2007-2008. De toute les
façons, on ne peut vouloir une chose et son contraire dit-on souvent,
soit le CA/AMSM sort de sa léthargie suite à la disparition de
Mgr I.de SOUZA, soit le CA/AMSM devient hyperactif avec des tâtonnements
inhérents à un apprentissage sur le tas. L'erreur est humaine,
mais y persévéré, est diabolique dit un autre adage.
Toujours selon les enquêtés les relations
contractuelles sont déséquilibrées car les termes de
coopération sont en faveur du Ministère de la Santé.Le
mandat de gestion a en elle même des insuffisances qui ne favorisent pas
une bonne collaboration:«c'est un mandat, désuète,
obsolète, à changer; il ne contient presque rien.Aussi le
partenariat n'est-il pas animé pour permettre à chaque partie de
mieux jouer son rôle. C'est un partenariat mal contrôlé, mal
coordonné, c'est un partenariat en l'air sans suivi»Il faut
souligner que l'environnement de l'hôpital, a contribué à
faire de lui un tabou. Lorsqu'on tente de s'y approcher, il y a un mûr
qui se dresse. Les acteurs ne s'accordent pas sur le statut de l'HM, pour les
uns c'est un hôpital public (50% des enquêtés) pour d'autres
c'est semi-public (35,71% des enquêtés), et pour certain c'est un
hôpital privé, confessionnel (14,28% des enquêtés)
car la nomination du directeur ne vient pas du MS. L'influence est à tel
point que le doute s'est installé même au sein du personnel,
certains ne savent pas si l'hôpital appartient à l'église
ou à l'Etat Béninois,les points de vue divergent sur cette
question d'appartenance.
Mémoire réalisé et soutenu par
Inès Raïssa LOGOZO 61
Comment une collaboration peut-elle prétendre à
la réussite si les opinions divergent sur l'appréhension de
l'objet qui fait office de partenariat.
Ainsi, des problèmes se posent avec acuité et
sont sans doute le fruit des actes posés par le passé.Certains
enquêtés estiment que l'Hôpital était assis sur
«deux chaises» car les dirigeants se cachaient sous le manteau de
l'église lorsqu'ils perçoivent le MS comme une menace et quand
l'église sort ses griffes, ils deviennent pour l'Etat. C'est un jeu
auquel les acteurs se sont prêtés pendant longtemps et qui sans
doute a favorisé la complexification du partenariat et des rapports
sociaux.