II. Les obstacles liés
à la faiblesse de la capacité politique des pygmées
baka
Sur le plan politique, la faiblesse est marquée par la
qualité du leadership des communautés baka (A) et l'absence de
représentation des élites pygmées dans les institutions
politiques locales et nationales (B).
A- La qualité du leadership
des communautés pygmées
Les chefs des pygmées baka peuvent
représenter eux aussi des obstacles à la mise en oeuvre du droit
au développement des baka au Cameroun. En effet, le chef qui, le plus
souvent est désigné est celui qui a reçu ne serait ce
qu'un minimum d'éducation scolaire. Or, le programme éducatif mis
en place par l'Etat camerounais est propre à modifier les
mentalités des baka. Ainsi, ceux-ci ne perçoivent plus le
développement comme un moyen de promouvoir leur identité et leur
culture, mais l'opportunité d'acquérir les mêmes biens que
les autres et au même titre qu'eux. Dans ce contexte, il est difficile de
réaliser le développement propre aux peuples autochtones.
De même, les associations créées par les
jeunes visent la plupart du temps l'amélioration des conditions de vie
des populations, sans qu'il ne soit fait cas avec insistance de la promotion de
leurs valeurs culturelles. Ils ont tendance de par leur comportement à
reproduire le mode de vie des bantous, ce qui n'est pas propice à la
mise en oeuvre du développement des baka.
C'est ainsi que le chef et les élites baka constituent
en eux-mêmes une contrainte au développement, dans la mesure
où ils se fondent dans la volonté des bantous et acceptent sans
restriction les propositions de ces derniers. Par conséquent, il serait
difficile que l'implication du chef ou celle des élites soit
significative dans les institutions politiques locales et nationales.
B- L'absence de représentation des élites
pygmées dans les institutions politiques locales et nationales
Les entretiens et enquêtes opérés dans
l'arrondissement d'Abong Mbang ont permis de constater que les élites
baka n'étaient pas conviées aux instances de prise de
décision au niveau local. De même, sur le plan national, ils ne
sont généralement pas consultés lors de
l'élaboration des politiques ou des projets les concernant de
près ou de loin. De ce fait, leurs spécificités, leur
identité et leur doléances ne sont pas intégrées
dans ces politiques, ou le sont mais pas de manière
appropriée.
Certes, au cours de la JIPA2, le MINAS avait convié des
représentants des baka aux réunions préparatoires en vue
de présenter les besoins de leur communauté, dans l'optique de
leur faire des dons. Mais, au cours de ces réunions l'occasion
n'était pas donnée aux représentants baka de remettre en
question les décisions prises pour exploiter les financements
reçus. Ils auraient pu dire qu'ils ne préfèrent pas des
dons en nature mais plutôt en espèces ou faire des propositions,
mais il leur était assigné une tâche précise et
unique. En dehors de ces initiatives, l'Etat camerounais au niveau local ou
national n'intègre pas les baka dans les processus de prise de
décision, dans les domaines les concernant de près ou de loin.
Au-delà des difficultés liées aux cadres
juridique et politique, il convient de relever les obstacles relatifs aux
domaines sociologique et culturel.
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