CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
La Communauté internationale est extrêmement
préoccupée par le respect des droits des peuples autochtones.
Cela se manifeste par les nombreuses dispositions édictées pour
assurer leur protection et garantir leur développement de manière
spécifique. Ainsi, sur la scène internationale, la reconnaissance
du droit au développement au profit des pygmées baka en tant que
peuple autochtone est assurée. Certes, les instruments les plus
pertinents en la matière tels que la DDPA et la C169 sont dans le
premier cas non contraignants et dans le second, pas encore ratifié par
le Cameroun. Mais, la CADHP elle aussi consacre le droit au
développement et a valeur contraignante, même si elle ne traite
pas spécifiquement des peuples autochtones.
L'on constate toutefois qu'en dépit du cadre juridique
international dans lequel le développement est reconnu de façon
spécifique aux pygmées baka en tant que peuples autochtones, le
Cameroun demeure à la traîne en ce qui concerne la reconnaissance
non seulement du droit au développement, mais aussi des droits y
afférents. En effet, comme le prévoient les textes
internationaux, assurer le développement aux peuples autochtones
implique que l'Etat camerounais doit leur garantir un certain nombre de
prérogatives dans le respect de la dignité humaine et dans le
souci de leur permettre d'accéder au bien être. Au Cameroun,
aucune différence n'est opérée entre le groupe dominant et
eux, car dans l'élaboration et l'énoncé de ces lois, leurs
spécificités ne sont pas prises en compte.
Certes, un effort a été fait par l'Etat en
affectant au Service de l'Encadrement des Populations marginales du MINAS la
charge de s'occuper des peuples autochtones. Mais, sans la protection juridique
adéquate, l'on ne peut que s'interroger sur les moyens qu'utilisera ce
service pour atteindre ses objectifs. La reconnaissance implicite d'un droit au
développement s'observe par ailleurs à travers la prise en compte
de la problématique des peuples autochtones dans l'élaboration
des programmes, politiques et projets de développement, par les
différents acteurs tels que la société civile, et les
autres acteurs privés (Eglises, etc.). Dans ce contexte juridique, il
convient de se pencher sur l'état d'application du droit au
développement chez les pygmées baka de l'Est qui donne lieu
à une mise en oeuvre partielle de ce droit.
SECONDE PARTIE :
LA MISE EN OEUVRE
PARTIELLE DU DROIT AU DEVELOPPEMENT PAR LES PYGMEES BAKA De l'EST
Reconnus sur les scènes internationale et
nationale comme « peuples autochtones » et
« populations marginales », les pygmées Baka de la
région de l'est doivent eux aussi jouir du droit au développement
et bénéficier des actions qui sont menées dans leurs
régions. Mais, la question importante qui se pose dans le cadre de leur
développement est celle de savoir si c'est à leur
société de s'adapter au développement ou au
développement d'apporter à leur société ce dont
elle peut avoir besoin. Cette question fait l'objet de nombreux débats
et discussions auprès des acteurs de développement
observés dans les sites d'études.
Les pygmées sont dispersés dans
différentes zones de la province de l'Est Cameroun, notamment dans les
départements du Haut-Nyong et de la Kadey. Cette étude s'est
limitée à la région du Haut-Nyong, située à
4° de latitude Nord et 13° de longitude Est. L'intérêt
s'est porté sur la région d'Abong Mbang, située à
224 km à l'est de Yaoundé. Plus précisément, les
villages Missoumé et Kwamb ont fait l'objet de cette étude,
situés à 15 et 18kms au sud d'Abong Mbang. Les Maka constituent
le groupe bantou voisin de ces campements.
Pour la collecte des données qui seront
présentées dans ce travail, il a été
nécessaire de procéder d'une part à la recherche
documentaire. D'autre part, des entretiens se sont avérés
indispensables pour compléter et actualiser les données issues
des lectures. A cet effet, il a paru judicieux de rencontrer le chef de village
de Missoumé, un représentant des jeunes, l'enseignant de
l'école de Missoumé, un responsable du MINAS et les responsables
des ONGs oeuvrant activement pour le développement des pygmées
baka dans cette localité.
C'est fort des données recueillies et de l'observation
pratiquée qu'il est apparu que les pygmées baka jouissent de
manière relative du droit au développement dans la région
de l'est du Cameroun (Chapitre I). Or, cela découle du fait que
cette mise en oeuvre est limitée et sujette à de nombreuses
difficultés (Chapitre II).
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