CONCLUSION
L'insertion des migrants s'opère dans le cadre des
réseaux sociaux, de stratégies familiales résolument
tournées vers l'ascension sociale. Les changements survenus dans
l'accueil des migrants et l'organisation familiale
ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
expriment l'interaction à l'oeuvre entre structure
familiale et conditions de vie urbaine.
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Chapitre 3 : ELEMENTS DE CHANGEMENTS MATRIMONIAUX ET
DES RESEAUX SOCIAUX
Les pratiques matrimoniales ont connu de transformations
induisant des comportements et des pratiques sociales spécifiques.
L'émergence de nouveaux réseaux sociaux constitue
également l'un des points d'articulation du chapitre.
3.1 Statut de la femme
« Dans la société
traditionnelle africaine, la famille était la principale source de
statut social des femmes. Même face à l'évolution des
rôles tenus par les deux sexes, cela reste encore le cas pour une grande
majorité de femmes africaines » (Adepoju
1999 : 22). Même si le constat fait par l'auteur est
globalisant, il a le mérite d'être tout aussi vérifiable au
niveau de certaines
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ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
catégories sociales. La femme Lokpa à Parakou,
dans les années 60 à 90, était non seulement responsable
des tâches ménagères, mais aussi responsable de la
commercialisation des vivriers provenant des champs de son époux. Sous
l'autorisation de son époux, elle investissait une partie des revenus
dans les dépenses alimentaires du ménage et dans le soutien aux
enfants. Dans la famille traditionnelle, le statut économique d'un
membre de la famille est déterminé par son sexe. La femme par
exemple a le droit d'avoir un champ chez ses parents mais n'en fait pas parce
que tout le monde conçoit que c'est chez son mari que la femme peut
posséder un champ personnel sous l'autorisation de celui-ci.
A partir des années 2000 caractérisées
par la crise cotonnière, les ménages agricoles, ont dû
diversifier leurs sources de revenus. L'homme va au champ pour cultiver les
produits vivriers et la femme s'occupe des activités
génératrices de revenus telles que la transformation du manioc en
gari, la fabrication du fromage de soja, la vente d'igname pilée, de
beignets, etc. Le capital financier permettant d'exercer ces activités
est généralement l'apport personnel de la femme. Dans les jeunes
ménages où les chefs de ménage exercent une
activité non agricole, les femmes exercent des activités
génératrices de revenus avec le soutien financier de
l'époux. C'est le mari qui constitue les fonds de démarrage
à sa femme pour le petit commerce, ou contribue parfois aux frais de
formation professionnelle de celle-ci dans les activités telles que la
couture et la coiffure.
Dans les familles étendues où les chefs de
famille sont de la tranche d'âge de 60 ans et plus, ce sont les femmes
qui s'occupent des charges scolaires de leurs enfants. Même si cet
inversement de rôle pèse sur leur économie, elles ne
trouvent aucun inconvénient à prendre le relais de leurs
époux affaiblis. C'est ce que témoignent ces propos d'une femme
:
« Au départ, c'était lui qui s'en
occupait, mais maintenant il a
abandonné. C'est moi qui m'occupe, aussi bien de mon
fils, que de
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ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
l'une des filles de mon petit frère qui va aussi
à l'école. Il y a aussi une fille de ma petite soeur dont le papa
paye la scolarité. Je paye uniquement pour mes deux enfants et ma
nièce. Je ne boude pas pour autant mon mari car quand il en avait, il
faisait. Maintenant qu'il n'en a plus, si moi j'en ai, je fais jusqu'à
ce que je n'en puisse plus. De plus, ce n'est pas chez moi seule que c'est
ainsi, c'est ainsi avec nous toutes et nous avons toutes des enfants. Ce que tu
vas manger le matin, c'est toi qui sais, ce que tu vas manger le soir c'est toi
qui sais. Quand le pétrole finit, c'est ton problème ».
(A.N.L, 51 ans, ménagère, Banikanni28.03.2006)
Dans la famille, en cas d'absence du chef de famille, pour
cause de maladie ou de voyage, c'est la première femme qui exerce
provisoirement l'autorité sur l'organisation familiale. La fonction de
première épouse est réservée à
l'épouse dont les parents de l'époux ont demandé la main
pour lui, avant qu'il n'épouse la femme de son choix.
La femme est associée aux prises de décisions
surtout à l'occasion des mariages ou baptêmes dans la famille
où elle est mariée. Les femmes selon la place qu'elles occupent
dans le système familial, sont consultées, sollicitées et
impliquées dans la résolution des problèmes familiaux.
Toutefois, certaines jeunes épouses pensent que la femme en milieu Lokpa
n'est pas respectée. Cette perception contrastée du statut de la
femme selon les générations se traduit également dans les
rapports matrimoniaux.
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