2.4 Insertion socioprofessionnelle des migrants
Le processus d'insertion des migrants est un processus
dynamique traduisant la manière dont les migrants arrivent à
répondre aux besoins de logement et d'emploi dans leur milieu
d'accueil.
L'ancienne génération a réussi son
établissement grâce aux activités agricoles et aux petits
travaux sur les chantiers de construction de bâtiments publics. Les
femmes exercent généralement les activités de
transformation comme la fabrication du gari ou le petit commerce : vente
d'igname pilée, de fromage de soja , de beignets, de brosse à
dent végétale, d'arachide, des fruits saisonniers et du bois de
chauffe.
A partir des années 90, les jeunes migrants viennent
avec l'idée d'apprendre un métier, même si cet objectif est
parfois retardé par les réalités
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ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
citadines comme les problèmes de logement et la
difficulté à trouver un emploi qualifié. Les
métiers vers lesquels les jeunes s'orientent sont : la
maçonnerie, la couture, la menuiserie, la mécanique auto et moto,
la coiffure et la conduite de mototaxi (zémidjan). Un jeune
décrit son parcours :
« Quand je suis né à Badjoudè,
mon père m'a mis en apprentissage de menuiserie et j'ai refusé.
Puis après à l'apprentissage de soudure et ça n'a pas
marché. Maintenant j'ai 25 ans. C'est le travail de ferrailleur que j'ai
appris et je vais prendre le diplôme cette année. Cette moto,
n'est pas la moto de mon grand frère qui m'a amené ici. J'ai une
grande soeur qui est mariée à Cotonou. C'est chez elle que je
suis allé prendre de l'argent pour acheter cette moto, faire
zémidjan avec, et avec cet argent j'irai prendre mon
diplôme». (D. K., 25ans, ferrailleur, Zémidjan,
célibataire, niveau CE1, Banikanni, 12.08.2006)
Dans le groupe des zémidjan, beaucoup sont des jeunes
qui, après avoir appris un métier, exercent temporairement ce
métier le temps de réunir la somme d'argent pouvant servir au
payement du contrat d'apprentissage ou à leur installation. C'est le cas
de cet interlocuteur :
« Je travaille et j'amène 1.500 F par jour au
propriétaire. C'est là que je trouve ma part. Quand je travaille,
je gagne parfois 2.000 F, 2.500 F, 3.000 F après avoir soustrait
l'argent d'essence et celui du propriétaire. Actuellement je suis
entrain de chercher 30.000 F pour faire ma libération. Si je trouve cela
aujourd'hui, je retourne la moto et je vais prendre mon diplôme. Il y a
du soleil, tu es dedans. Il n'y a pas de soleil, tu es dedans, parce que tu
veux manger. C'est ce que nous faisons. Tu as appris un métier et tu
n'as pas encore pris ton diplôme, si tu manques d'argent, tu iras voler ?
C'est pourquoi nous avons vu que c'est mieux de faire du zémidjan.
Même si le soleil te frappe, personne ne viendra t'attraper pour dire que
tu as volé ». (IBRAHIM Awali, 30ans, coiffeur, zémidjan,
célibataire, Ladji Farani, 03.04.2006)
![](Environnement-urbain-et-changements-familiaux-au-Benin-Cas-des-migrants-Lokpa-de-Parakou5.png)
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ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
![](Environnement-urbain-et-changements-familiaux-au-Benin-Cas-des-migrants-Lokpa-de-Parakou6.png)
Photo 03 : Apprentis menuisiers Lokpa
apprenant chez un patron Lokpa. Photo 04 : Deux
jeunes migrants
Lokpa conducteurs de taxi moto
Parmi les jeunes migrants saisonniers on dénombre
également ceux venus des villages de Djougou, pour conduire les taxis
motos pendant la saison sèche. Un autre groupe encore est
constitué de migrants de retour du Nigeria qui ne sont revenus
qu'après deux ans de séjour là-bas, avec une moto chacun.
Ils s'auto emploient pour réunir la somme d'argent nécessaire
pour l'apprentissage d'un métier de leur choix. C'est dans ce groupe
socioprofessionnel qu'on dénombre un grand nombre de locataires
généralement habitant des chambres à deux
pièces.
Les nouveaux patrons en menuiserie, mécanique, couture
et maçonnerie, une fois le diplôme obtenu, s'installent à
Parakou. Leur installation devient une grande porte d'entrée en
apprentissage pour de nouveaux jeunes Lokpa nouvellement venus ou nés
dans le milieu d'accueil.
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