2.2.3 Socialisation des enfants
Le processus d'inculcation des valeurs culturelles et morales
propre au Lokpa s'effectue en grande partie suivant les principes religieux
musulmans ou chrétiens. Selon les propos de nos interlocuteurs, les
parents au village attribuaient le nom à l'enfant selon la
solennité du jour de sa naissance ou les conditions de sa conception. On
nomme également un enfant selon son sexe et son rang de naissance ; Les
prénoms attribués aux enfants dans le système traditionnel
sont Koundé, Koundarou, Sindjaloum, Bayaba, etc. Koundé est par
exemple le prénom attribué à un garçon né le
jour de koundé (jour du marché du pays lokpa selon le calendrier
traditionnel). Si c'était une fille, on
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l'appellerait Koundarou. Ce jour est
généralement le mardi. Un enfant sollicité par la maman
auprès de la divinité Sindjaloum, s'appellera Sindjaloum,
Madjitam, Tchila (jour férié ou de repos selon le calendrier
traditionnel), kouneli, Tchantaga, Tchaou (enfant garçon, né au
deuxième rang chez une même mère), Yolou, Bio (enfant
garçon, né au troisième rang) Kpéké (fille
née au troisième rang) sont autant de prénoms que les
parents donnaient aux enfants. Les parents à Parakou n'attribuent aucun
de ces prénoms à leurs enfants, prétextant l'emprise de la
religion musulmane ou chrétienne et leur séjour en milieu
urbain.
C'est pourquoi, rares sont les enfants Lokpa nés et
éduqués à Parakou, ayant subi les 4 ou 5 étapes des
rites d'initiation de l'homme Lokpa. L'enfant à 7 ou 8 ans devrait faire
le rituel de kamu (rituel de chicote), effalo à 12
ans, effassosso à 15ans, ewassèlè et
waa à la grande adolescence entre 18 et 20 ans. Certains
parents disent :
« Je n'ai pas fait waa parce que nous suivons Dieu
depuis le vivant de notre père et quand on suit Dieu, il ne faut pas
faire le mélange avec `'satan». Même si on était au
village et connaissant, la parole de Dieu on allait refuser. Advienne que
pourra ». (KOKORO Fidel 49 ans, maçon, cultivateur, une femme, 7
enfants, Tourou, 16.10.2006)
En outre, les enfants, quel que soit leur sexe, sont inscrits
à l'école dès l'âge de 6 ans. Cette attitude
expliquerait la rareté des petites filles migrantes sur le marché
de l'emploi. Parlant de l'emploi domestique des filles adolescentes, la femme
d'un intermédiaire dans le placement des filles domestiques s'exprime en
ces termes :
« Même si tu cherches aujourd'hui une bonne de
12 ans, tu n'en trouveras plus parce que chaque parent veut que son enfant
aille à l'école. Même si tu voulais simplement l'adopter,
son père ou sa mère va t'exiger d'inscrire son enfant à
l'école. Ce n'est plus comme avant. » (M.O., 38 ans, femme d'un
intermédiaire dans le placement d'enfant, Banikanni28.03.07)
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