2.2 Organisation sociale des Lokpa à Parakou
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ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
2.2 .1 Organisation familiale
Pour Balandier (1981), en même temps que la
société urbaine détermine de manière
immédiate des transformations importantes dans l'ordre des rapports de
parenté ; elle suscite une réduction du champ de la
parenté et tend à faire prévaloir l'existence autonome de
la famille restreinte. L'organisation familiale des familles migrantes a
évolué même si ce n'est pas exactement dans le sens du
postulat de Balandier.
Les Lokpa à Parakou dans les années 60-70
vivaient dans les familles autochtones qui les ont accueillies. Ils
partageaient le même cadre de vie, souvent les mêmes
activités. Entre les années 70 et 80, la plupart des premiers
migrants se sont construits une habitation autonome et vivent désormais
dans une homogénéité familiale, du point de vue culturel.
Ainsi, on distingue aussi bien des familles étendues que des familles
nucléaires larges. Les familles étendues se dénombrent
beaucoup plus dans le groupe des premières générations de
migrants et sont composés de trois à quatre ménages. Les
familles comprennent généralement les grands parents, les
parents, les enfants et les collatéraux souvent en séjour
temporaire.
Les familles nucléaires caractérisées par
leur taille : 04 à 05 personnes, se comptent beaucoup plus dans le
groupe des jeunes migrants, nouvellement établis. En ce qui concerne les
familles étendues, la majorité des chefs de familles sont des
sexagénaires, ayant en moyenne deux femmes, six à huit enfants et
vivent dans des cases en banco coiffées de tôle. Ces familles sont
non seulement composées de parents nés au village (Ouaké),
et des enfants nés à Parakou, mais aussi des collatéraux
venus du village et incorporés au système familial. Ce statut de
chef de famille a d'autant plus son importance que même le jeune couple
qui a quitté " la grande maison", reconnaît au chef de famille son
statut et son autorité.
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ENVIRONNEMENT URBAIN ET CHAGEMENTS
FAMILIAUX
2. 2.2 Vie religieuse
La religion participe au renforcement et à
l'élargissement des réseaux de solidarité des migrants.
Les Lokpa établis ou résidant à Parakou sont en grande
majorité des musulmans. Les autres sont des chrétiens catholiques
et chrétiens évangélistes. Parmi les chrétiens,
nombre sont ceux qui ont des prénoms musulmans et ont l'habitude de dire
: « Nous avons connu la parole de Dieu, quand nous étions
à Bougou, à Sosso, à Béléfoungou etc.
». Par contre certaines familles sont chrétiennes depuis le
village d'origine, mais une fois établies à Parakou, elles ont
été influencées par l'Islam pratiqué par les
voisins. C'est ce qu'illustrent les propos suivant :
« J'étais chrétien mais mes femmes et
mes enfants n'aiment pas aller à l'église et ça
m'étonne, je les ai réunis et ils m'ont conseillé de
devenir musulman ; nous le sommes tous maintenant. » (A. I,
55ans, cultivateur, père de 21 enfants, Banikanni, 30.09.2005)
Dans le même temps, les musulmans accusent certains
chefs religieux d'avoir diabolisé certains rituels de leur coutume, ce
qui a contribué à la fragilisation de leurs pratiques culturelles
dans le milieu d'accueil. Les fidèles de l'Eglise
évangélique sont convaincus eux aussi que ces pratiques
constituent `'une oeuvre de Satan».
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