Paragraphe 2 : Analyse de la contribution des
stratégies d'insertion professionnelle de l'ANPE à
l'employabilité des primo-demandeurs d'emploi.
A- Les forces et faiblesses des stratégies
d'insertion professionnelle de l'ANPE
Les stratégies d'insertion professionnelle de l'ANPE
présentent des forces et faiblesses qui ont été
identifiées suite à l'analyse des données issues de
l'enquête. Ces stratégies présentent les forces
ci-après :
§ l'appui-conseil d'une moyenne annuelle de 3569
demandeurs d'emploi écoutés ;
§ le renforcement d'environ 830 primo-demandeurs à
travers les formations sur les TRE et à l'initiation à la
création d'entreprises ;
§ la mise à disposition d'information sur les
offres d'emploi et mise en relation à travers une moyenne de 650 offres
d'emploi ;
§ l'insertion de certains demandeurs d'emploi ayant les
profils recherchés ; 112 en 2007 et 315 en 2008 ;
§ la mise en stage d'emploi salarié d'environ 300
à 500 jeunes par an à travers le programme AIDE et
acquisition d'expériences par ces derniers en vue de l'obtention d'un
emploi ;
§ le renforcement des capacités d'environ 300
à 500 bénéficiaires AIDE aux Techniques de Recherche
d'Emploi et au VPT;
§ l'offre de main d'oeuvre gratuite aux entreprises
publiques et privées ;
§ l'aide à l'embauche pour une cinquantaine
d'entreprises privées par an à travers AIDE/CAE,
CSEJ ;
§ l'offre de la possibilité d'embauche pour
environ 50 demandeurs par an : AIDE/CAE, CSEJ ;
§ la formation de 1000 jeunes promoteurs de projet par an
à la création d'entreprises à travers un processus
louable très enrichissant pour les
bénéficiaires (formation, stage d'immersion) grâce
à des modules de formations performants (TRIE, CREE, GERME) du
BIT ;
§ l'existence de programme de renforcement de
capacité (RCDE) capable d'impulser convenablement une formation de
renforcement, de perfectionnement et de reconversion à l'endroit des
demandeurs d'emploi ;
§ l'existence de programmes d'insertion professionnelle
qui, réorientés, pourront satisfaire les besoins
d'employabilité des demandeurs d'emploi.
Il est indéniable que l'ANPE, dans sa stratégie
actuelle d'insertion professionnelle, constitue le maillon principal eu
égard à ses forces dans la chaîne de dispositifs
créés par l'Etat béninois. Cependant, il convient de
souligner les faiblesses de la stratégie actuelle d'insertion
professionnelle développée au sein de l'agence.
§ Peu de primo-demandeurs insérés :
cela s'expliquent par le fait que ces derniers ne remplissent
généralement pas les conditions d'accès à l'emploi
identifié plus haut. Malgré les offres d'emploi reçus,
l'ANPE a du mal à les insérer : pour environ 619 offres en
2007, environ 112 ont insérés, pour et 742 en 2008, 315
insertion.
§ La non responsabilisation des demandeurs
d'emploi qui se cantonnent dans une logique d'Etat pourvoyeur d'emploi.
Par exemple le suivi des TRE pour certains constituent une formalité
parce que n'ayant pas compris que cette formation constitue l'une des
clés de leur autonomisation sur le marché de l'emploi.
§ Le faible taux d'absorption annuel (moins de 50%) des
primo-demandeurs par les programmes en face des besoins exprimés
(Tableau n°20) : pour AIDE le taux est de 21, 64% en 2007, 16, 31% en
2008, pour RCDE soit 29,80% en 2007 et 20, 32% en 2008, pour PAEI 100% en 2006,
25,31% en 2007, 47,92% en 2008.
§ Le manque de partenariat avec les entreprises
privées en vue d'orienter davantage les stages vers les entreprises
privées lorsqu'on s'accorde sur le fait que ces dernières
permettent l'acquisition d'expériences réelles vendables sur le
marché de l'emploi.
§ L'inexistence d'un dispositif de certification des
stages en vue de la faciliter l'accès à l'emploi du jeune.
§ Le manque de mesures incitatives à
l'embauche.
§ La durée insuffisante des stages offerts par le
programme AIDE et qui ne permet par d'acquérir une
expérience suffisante : un an de stage peut paraître suffisant
dans une logique d'insertion professionnelle, où compte tenu des
ressources financières limitées, la quantité des
stagiaires est privilégiée sur la qualité des stages. Par
contre dans la quête de l'employabilité du primo-demandeur, il y a
lieu d'offrir environ deux ans de stages de qualité aux jeunes afin de
les aider à répondre aux exigences du marché de l'emploi.
§ L'insatisfaction des primo-demandeurs par rapport
à leur pré-insertion.
§ Les difficultés liées à
l'orientation professionnelle des primo-demandeurs et précisément
de l'accompagnement personnalisé et formalisé de ces
derniers : les ressources humaines, financières et
matérielles de l'ANPE ne lui permettent pas actuellement de
réaliser une moyenne de 3500 projets professionnels par an pour les
demandeurs d'emploi enregistrés.
§ Les handicaps liés à l'offre de formation
aux demandeurs d'emploi par l'agence : le nombres de
bénéficiaires du programme RCDE en 2007 et 2008 est
respectivement de 62 et 37 alors que l'analyse des archives de l'ANPE a
révélé que la plupart des demandeurs enregistrés
ont besoin de formation complémentaire ou qualifiante pour être
employable. Mieux, l' enquêtes a prouvé que 80% des
primo-demandeurs ont manifesté le besoin d'une formation
complémentaire pour être employable. les ressources
financières limitées du programme RCDE ne permettent pas à
l'agence de former un nombre élevé en réponse aux besoins
exprimés.
§ Le manque de compétences techniques par nombre
de primo- demandeurs bénéficiaires du PAEI dans le domaine de
création d'entreprise. Ce qui constitue en amont et en aval voire
à terme un handicap à la réussite de leur projet. De
même, il est apparu que certains demandeurs ayant du mal à se
faire prendre en charge par les autres programmes, se tournent vers le PAEI.
Sinon comment comprendre qu'à l'issue de l'enquête exploratoire
sur les bénéficiaires du PAEI, au moins 50% doute du fait que ce
programme les conduit à l'obtention d'un emploi par eux-mêmes.
§ La difficulté liée au suivi
informatisé personnalisé du demandeur d'emploi : la
recherche de l'employabilité du demandeur d'emploi requiert l'existence
d'une base de données informatisée aux fins de suivi du
demandeur.
§ L'insuffisance du suivi personnalisé en vue d'un
développement de l'employabilité du primo-demandeur : quasi
inexistence de projet professionnel formalisé en plan d'action
personnalisé. Les ressources de l'ANPE ne permettent de s'investir
profondément dans la réalisation de projet professionnel
formalisé pour chaque demandeur. L'Antenne de
Cotonou qui enregistre environ 2500 demandeurs par an,
peut-elle accompagner ces derniers à la réalisation de projets
professionnels avec trois conseillers sans oublier les autres activités
(mise en relation, prospection, gestion programmes...) !
Voilà quelques forces et faiblesses des
stratégies d'insertion professionnelle de l'ANPE qui montrent sans
ambigüité que malgré les efforts déployés
jusque-là à travers celles-ci, elles contribuent passablement
à l'employabilité des demandeurs car, la stratégie
actuelle d'insertion reste passive et se limite à une compensation du
non emploi par une politique d'offre de stages, de formation et
d'appui-conseils. Rechercher et trouver un emploi décent et durable
implique pour le « chercheur d'emploi » de remplir des
conditions nécessaires à savoir : disposer d'une
qualification requise, d'expériences suffisantes de qualité et
d'avoir les aptitudes et attitudes comportementales requises (Graph G13,
p69) en d'autres terme d'être compétent. Or les programmes de
l'ANPE renforcent peu la formation du demandeur, n'offrent pas de stages
certifiés encore moins l'expérience requise de 2 ans.
L'éclairage sur un modèle théorique de
développement de l'employabilité pourrait nous édifier
dans le cadre de la réorientation de la politique de promotion de
l'emploi.
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