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De l'insertion professionnelle à  l'employabilité des primo-demandeurs d'emploi de l'agence nationale pour l'emploi.

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par Wilhelmine NOUDOFININ
Institut international de management/ Bruxelles-Belgique, Chambre économique européenne, Ffondation universitaire mercure. - Master II en management des ressources humaines et des organisations 2008
  

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B- Synthèse théorique sur l'insertion professionnelle et l'employabilité

La question de l'emploi a été abordée par plusieurs auteurs sous divers angles dont ceux de l'insertion professionnelle et de l'employabilité.

Selon Piriou (2004, p63), l'insertion se définit comme « le résultat du processus d'intégration sociale des individus ou ce processus lui-même ». Fournier et Monette (2000, p62) ont abordé la question de façon plus élaborée. L'insertion socioprofessionnelle est définie comme le passage réussi entre la formation et la vie active. Ils ont su montrer l'importance de la

formation dans le processus d'insertion socioprofessionnelle. S'insérer dans la vie active impose à l'individu d'être détenteur d'une formation. Par conséquent les personnes munies d'un diplôme, d'une qualification accèdent plus facilement à un emploi permanent, à plein temps et mieux rémunéré. Il faut souligner que certaines représentations sociales sont liées à l'insertion à savoir : la recherche du bien-être et la satisfaction au travail. Ces dernières résultent de la réalisation du projet professionnel, du sentiment de maîtrise des compétences professionnelles, de la reconnaissance de soi par le milieu professionnel, et de la réalisation de soi. De même, à travers les réflexions de Fournier et de Monette, on note que le diplôme est insuffisant pour l'obtention d'un emploi. Partant de là, il y a un écart entre les attentes des jeunes et les réalités du marché de l'emploi. Ils soulignent la caducité de la théorie adéquationniste de l'emploi fondée essentiellement sur l'obtention d'un emploi stable en relation avec la formation. Ils proposent une intégration socioprofessionnelle basée sur la capacité d'adaptation des jeunes en ces termes : « la transition entre les études et marché du travail exige que la personne s'ajuste ou réponde à la demande pour se trouver un emploi ». Ce qui implique des stratégies incluant l'esprit combatif chez l'individu, l'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan d'action professionnelle.

Dans la même logique, Jose (2000, pp 73-83) aborde l'insertion professionnelle en nous éclairant davantage sur la théorie adéquationniste. Il définit le modèle adéquationniste d'insertion professionnelle comme la relation formation - emploi basée sur un modèle de prévision de formation adéquate à l'emploi et favorisant l'orientation des jeunes. Une théorie qui véhicule l'adéquation entre les diplômes et le métier c'est - à dire que les diplômes délivrés s'équilibreraient, entre les diverses spécialités, suivant les nouveaux emplois offerts. Il a eu le mérite d'avoir fait une analyse assez fouillée du modèle adéquationniste en montrant ses succès et ses limites. Comme succès de la théorie adéquationniste, il souligne qu'elle a été un modèle parfait car facilitant l'orientation professionnelle, et donnant assez d'espoir aux jeunes et aux politiques. Malheureusement, les insuccès du modèle résident dans le fait que ce dernier facilite de moins en moins l'insertion professionnelle du jeune à cause de la diversité des acteurs en face (école et entreprise), dont les intérêts divergent. Car, l'école doit produire des qualifications dans un temps particulier tandis que l'entreprise doit répondre aux exigences de productivité et de rentabilité. Jose (2000, pp 73-83), propose une logique formation - emploi - éducation -socialisation, un modèle qui va au delà de l'adéquation formation et emploi en favorisant la socialisation et de développement professionnel de l'individu. Il suggère de repenser les perspectives théoriques sur l'insertion socio professionnelle, et de réinventer de nouveaux modèles d'insertion avec l'implication et la collaboration de tous les acteurs (individu, entreprise, Etat) : une approche proactive, centrée sur le pouvoir d'agir, l'« empowerment ». Une logique à laquelle nous souscrivons parfaitement car elle est au coeur même des débats sur l'employabilité des demandeurs d'emploi.

Si l'on s'interroge de plus en plus sur les mesures sociales d'insertion professionnelle c'est parce qu'elles ne donnent pas toujours les fruits escomptés. Or le marché de l'emploi exige des demandeurs d'emploi, des compétences avérées qu'ils ne détiennent point afin d'obtenir un emploi.

Une étude réalisée par l'INSEP en 2007 a eu le mérite d'aborder la question de l'employabilité, de cerner les concours du concept, d'identifier les facteurs de développement de l'employabilité, d'analyser quelques politiques et pratiques en entreprise. Empruntant la définition de Finot in « Développer l'employabilité », l'on s'accorde aujourd'hui sur le fait que l'employabilité signifie « l'aptitude à l'emploi ». Ne pas avoir cette aptitude, c'est être comme un handicapé social ou physique ; un invalide. Un concept qui a une longue histoire et qui a été retracée par Alain Finot dans son ouvrage. Apparu dans les années 1930, vers 1980, il a été traversé plus tard par le « courant de pensée de compétences » dont la logique de compétences est l'angle d'attaque et gravite autour des points ci-après :

- Evolution des systèmes conventionnels de classification : le passage d'une logique de qualification à une logique de compétences ;

- Elaboration des référentiels métiers-compétences et pratiques d'évaluation ;

- Développement des entretiens professionnels.

Dès lors l'employabilité est un concept qui concerne et les chômeurs, et les salariés, et les entreprises. L'individu a le devoir de se rendre employable et de même l'entreprise se doit de le rendre employable. Le développement de l'employabilité est aussi « le maintien et le développement des compétences des salariés et des conditions de gestion des ressources humaines permettant d'accéder à un emploi, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'entreprise dans des délais et conditions favorables », (Burgat et Certain, 2007, p8). Il ressort de cette définition que le développement de l'employabilité est synonyme de la gestion des compétences et de la capacité des personnes à identifier leurs acquis professionnels, à actualiser en permanence leurs compétences en fonction des évolutions de leur métier et des besoins des employeurs.

L'étude d'INSEP CONSULTING (2007) a mis en exergue trois facteurs qui contribuent au développement de l'employabilité. Il s'agit :

- des facteurs liés à la personne : les caractéristiques individuelles, statiques ou dynamiques, les attitudes sociales et professionnelles, les compétences techniques et transversales ;

- des facteurs liés à l'environnement : les facteurs économiques et concurrentiels qui pèsent sur le marché du travail, ceux liés aux évolutions techniques et des métiers, les facteurs liés aux évolutions règlementaires ;

- les facteurs liés à l'entreprise : aux ressources humaines, à l'organisation du travail et au management.

Autant d'éléments qui nous illuminent sur les conditions de développement de l'employabilité des demandeurs d'emploi et la responsabilité des différents acteurs en jeu : l'individu, l'entreprise et l'Etat.

Si de façon simpliste l'employabilité est « la capacité à obtenir un emploi » selon Piriou (2004, p46), Gazier et Boislandelle, (1987, 1998, p16) la définit comme « l'ensemble des préalables qu'une personne doit posséder à un niveau minimal afin de chercher, d'obtenir et de conserver un emploi ». Ici, la responsabilité de l'employabilité incomberait alors exclusivement aux seuls salariés, supposés valoriser les acquis de leur expérience, gérer leurs portefeuilles de compétences et élaborer leurs projets professionnels. Une démarche véritablement proactive qui responsabilise l'individu.

Pour Lebrut, R. (1980-1990, p7) l'employabilité est « la probabilité que peut avoir une personne à la recherche d'un emploi d'en trouver un ». Une probabilité qui dépendrait d'un certain nombre de facteurs. Dans la même logique, Fontan (1990, p13) indique que l'employabilité se réfère à l'ensemble des facteurs qui, chez une personne, conditionnent son accessibilité au marché du travail à savoir : l'âge, la scolarité, l'état de santé, la formation scolaire, professionnelle et académique, la motivation, l'attitude au travail, les mentalités...

Danvers (2003, pp 2-3) quant à lui a eu le mérite de faire une typologie de l'employabilité. Il distingue :

- L'employabilité technologique : liée aux qualités productives de l'individu appréciées par des tests d'aptitudes ;

- L'employabilité économique : qui correspond aux variations du marché ;

- L'employabilité socio-industrielle : regroupant les aspects conventionnels ou légaux qui régissent l'accès à l'emploi des diverses catégories de travailleurs ;

- L'employabilité moyenne : qui dépend des conditions générales de l'économie de la société ;

- L'employabilité différentielle : liée à certaines caractéristiques (âge, sexe, nationalité, spécialité professionnelle, capacité physique des intellectuelles etc...).

Au bout de ces réflexions, il apparaît clairement que la question de l'emploi connaît une évolution avec les approches théoriques. De la théorie adéquationniste, nous nous acheminons vers une des approches intégrationniste, adaptationniste, et employabiliste.

L'employabilité apparaît comme un concept à géométrie variable, un outil à la fois individuel et organisationnel, très pertinent de développement des compétences des demandeurs d'emploi qui devrait séduire plus d'un car, elle responsabilise ces derniers, facilite une meilleure insertion professionnelle et favorise l'accroissement des performances individuelles et collectives au sein de l'entreprise.

Dans le souci de mieux cerner les contours de notre étude, nous nous sommes intéressés aux analyses de Coster (1999) sur la question de l'emploi dans son ouvrage intitulé Sociologie du Travail et Gestion des Ressources Humaines. De Coster a montré la valeur sociale du travail à travers sa genèse (de l'antiquité aux temps modernes), les formes de divisions sociales du travail (selon le sexe, la nature de l'activité, l'organisation du travail), la situation du travail au regard de l'évolution technologique ainsi que l'impact de l'évolution technologique sur les emplois.

A travers cette genèse, on note que le travail a revêtu diverses formes. Dans l'antiquité, il apparaissait comme méprisable avec une connotation péjorative car, c'était un moyen pour pourvoir aux besoins vitaux. Cette connotation transparait dans l'étymologie du concept travail, qui vient du mot latin « tripalium » et qui désigne un instrument de torture du XII è au XVI siècle. Ainsi travailler signifiait : tourmenter, faire souffrir (Coster, 1999, p. 26). Avec le christianisme, le travail revêt un caractère expiatoire. Du Moyen âge à ce jour, le travail est reconnu comme positif et connait une sacralisation. Le travail et mieux le travail rémunéré est alors valorisé et ce qualitativement. Car non seulement il permet la création de richesses mais aussi et surtout permet à l'individu d'être utile à la société, de bénéficier d'un prestige personnel en raison de l'emploi occupé (Stoetzel, 1983) et par conséquent constitue la

principale condition d'intégration sociale. La conception du travail évolue et ce travail apparaît comme un emploi. La situation de chômage est vécue comme une exclusion sociale prioritaire. Le travail-emploi apparaît comme une valeur sociale forte indéniable pour jeunes et adultes car, il procure le bien-être matériel. Il suscite l'adhésion commune et encourage la société à formuler des objectifs qui s'inscrivent dans ce sens : le droit au travail et pour tous. Ce qui justifie la lutte contre le chômage et la recherche de la réussite professionnelle.

De Coster a aussi explicité les formes de division du travail et les formes de discrimination au sein de ces dernières :

· les divisions manuelles et intellectuelles du travail : la supériorité du travail intellectuel sur celui manuel ;

· les divisions sexuelles du travail : la supériorité du travail des hommes sur celui des femmes ;

· les divisions fonctionnelle et technique du travail : leur impact, qui sur le plan économique permet une meilleure structuration, l'accroissement considérable de la productivité mais qui sociologiquement entrainaient l'aliénation de l'individu.

Il a aussi analysé la double face de l'évolution technologique. Une évolution qui, à court terme entraine le licenciement de la main d'oeuvre déqualifiée mais qui à long terme permet une production de qualité, l'accroissement de la demande, l'extension de l'entreprise (induit productivité, accroissement de ressources et compétitivité) et par conséquent la création de nouveaux emplois et l'embauche.

De Coster nous a séduit à travers son analyse sur la question du travail : la valeur du travail dans la société, les implications de la division du travail, et l'impact des technologie sur l'emploi.

La présente revue de la littérature s'est aussi intéressée à quelques travaux de mémoires réalisés sur la question de l'emploi.

· Dans une étude récente réalisée par Soumaho E. (2005) dans le cadre de son mémoire de fin de formation en Gestion des Ressources Humaines

option Management à l'ENAM, en réponse aux difficultés d'insertion professionnelle des énarques sur le marché du travail, et en rapportant les perspectives formulées par les différents acteurs de l'ENAM, nous pouvons énumérer entre quelques solutions.

- Les énarques proposent comme solution d'orienter la formation en l'adaptant aux besoins du marché.

- Ils suggèrent par exemple l'apprentissage pratique de l'informatique aux secrétaires afin de mieux les outiller. Il l'explique en ces termes : « au lieu de leur apprendre combien de disquettes faudra t-il pour enregistrer un document de plusieurs pages, il vaut mieux leur enseigner la pratique en la matière ». p 39.

- Pour les animateurs de l'ENAM, la formation doit être en adéquation avec les besoins du marché de l'emploi : une formation orientée vers les besoins des entreprises privées.

- Quant aux employeurs, ils proposent que les employeurs soient fortement impliqués dans la conception et l'élaboration des programmes de formation afin d'y insérer leurs préoccupations.

Eu égard aux difficultés et perspectives formulées par les différents acteurs, l'auteur du mémoire fait les recommandations ci-après :

- la création d'un bureau d'aide à l'insertion ;

- l'adaptation de la formation aux besoins du marché de l'emploi ;

- la participation des employeurs à la conception des programmes de formation en vue d'une réelle adéquation ;

- la formation des énarques aux méthodes de recherche d'emploi.

Une étude qui a le mérite de nous éclairer sur les difficultés d'insertion des énarques et de proposer des solutions fort louables pour leur insertion professionnelle. Cependant, et l'auteur et les acteurs restent bien dans une logique bien utopiste de l'adéquation formation - emploi. Bien que dans cette logique les employeurs devront être associés dans la conception des programmes de formations, peut -on vraiment espérer une réelle adéquation -formation emploi lorsqu'on sait que même les employeurs ont du mal à contrôler les fluctuations économiques qui affectent le marché de l'emploi ? Ne faut - il pas explorer d'autres pistes d'insertion professionnelle ?

· Kiando I. (2006), dans son mémoire de fin du cycle II de GRH de l'ENAM option Management intitulé « Le processus de socialisation des nouveaux employés à la BOA - BENIN », souligne l'importance du processus de socialisation des nouveaux employés de cette institution et ce, à travers une analyse fouillée du processus de socialisation : les étapes de socialisation, les formes, rapport socialisation/culture d'entreprise... Un processus de socialisation qui, réussit contribuera à la motivation du personnel, à la satisfaction personnel et par conséquent à l'accroissement de la productivité et de la performance du personnel au sein de l'entreprise.

Ce mémoire a le mérite de nous éclairer sur le concept de socialisation et de montrer l'importance de la socialisation des nouveaux employés au sein d'une entreprise. Ainsi, en empruntant les termes de Piaget (1998), in Dubar, la socialisation apparait comme la construction des identités sociales et professionnelles. Mieux encore, c'est un « processus d'équilibration, qui se caractérise par le passage d'un état de moindre équilibre à un état d'équilibre supérieur » qui se fait par assimilation c'est-à-dire l'incorporation des choses et des personnes à des structures déjà construites et par accommodation : c'est-à-dire le réajustement des structures en fonction des transformations externes.

Dans une logique de quête d'employabilité des primo-demandeurs d'emploi, afin de faciliter l'obtention et le maintien de l'emploi de ces derniers, nous faisons notre la question de socialisation des demandeurs d'emploi en trois phases en vue d'une meilleure insertion professionnelle (durable) :

- La phase de préparation, non seulement avant l'entrée dans l'entreprise (en les préparant efficacement) ;

- La phase d'entrée dans l'entreprise par une meilleure intégration ;

- La phase de sortie réussie (par un développement des compétences de l'employé) au sein de l'entreprise en les intégrant à une autre et ce, dans le cadre d'une mobilité professionnelle.

Nous estimons que dans le cadre du développement de l'employabilité des demandeurs d'emploi nous devons favoriser leur socialisation grâce à un processus de conditionnement, d'inculcation, voire d'adaptation.

· Dans une étude réalisée par Gbogbanou D. (2003) sur la question de l'emploi intitulée « La gestion du changement des valeurs dans le cadre de la promotion de l'emploi au Bénin » dans le cadre de son mémoire de fin de formation de cycle II, d'Administration du Travail et de la Sécurité Sociale (ATSS) option Droit et Administration générale, il a tenté de rechercher les causes profondes et systémiques de la stagnation d'une promotion de l'emploi au Bénin en vue de proposer des solutions plus pragmatiques. Une analyse pertinente l'amène à identifier comme obstacles à la promotion de l'emploi, des causes externes et internes suivantes :

S'agissant des causes exogènes, il y a  identifié :

- les emprunts extérieurs avec des taux d'intérêts exorbitants ;

- la monnaie CFA parrainée par l'euro et engloutie par le Naïra, le Cédi et le Dollars US ;

- la dépendance à outrance de l'économie béninoise ;

- les échanges commerciaux qui ne sont pas en faveur de l'économie béninoise ;

- les programmes d'ajustement structurel et leurs corollaires avec les dicktats des institutions de Bretton-woods ;

- la conjoncture économique internationale qui a un impact négatif sur les activités économiques du pays.

Quant aux causes endogènes, il s'agit de :

- l'insuffisance de croissance économique ;

- la contre performance dans tous les secteurs d'activités économiques ;

- la faible mobilisation de l'épargne interne ;

- la faible capacité d'investissement ;

- la dépendance technologique ;

- l'économie peu diversifiée et très fragile ;

- l'inadéquation entre la formation et l'emploi,

- l'évolution démographique et la jeunesse de la population ;

- la mauvaise gestion de l'appareil étatique : détournement, malversations, corruption, manque d'efficacité, d'efficience, de règles d'évaluation et de contrôle...

Autant de facteurs identifiés qui freinent la promotion de l'emploi et qui

l'ont amené à proposer les pistes de résolution que voici :

- changement de valeurs d'inefficacité par l'efficacité, la médiocrité par la qualité, la décroissance par la croissance ;

- changement des comportements : l'augmentation de la productivité au travail, facteur d'accroissement de richesse nationale (PIB) en vue de la promotion de l'emploi ;

- changement de système économique : un système de bonne gouvernance, en suggérant que les chevaux soient remplacés par des automobiles, puis par des avions, et enfin par des fusées ; P32.

- Nécessité pour l'économie de créer et de développer des hommes nouveaux, des ressources humaines de qualité, comparables à un produit de qualité offert sur le marché, vendables, constamment améliorées et adaptables aux changements.

Il a eu le mérite de faire une analyse macro-économique de la situation de l'emploi au Bénin, en montrant comment la non compétitivité de l'économie béninoise d'alors (2003) ne favorise pas la promotion de l'emploi, comment la question de l'inadéquation des formations produites avec les emplois proposés fragilise la promotion de l'emploi. A en croire l'auteur de cette étude, on pourrait être amené à penser qu'une fois les problèmes du cadre macro économiques réglés, il n'y aurait plus de problèmes d'emploi au Bénin.

Mais nous constatons que 6 ans après cette étude, bien que le Bénin connaît actuellement une amélioration nette du cadre macroéconomique qui se traduit par : l'amélioration du climat des affaires, l'accroissement des investissements, la mise en place de mécanismes et de dispositifs de bonne gestion de l'économie béninoise, le développement de plus en plus accrue d'une culture de l'excellence, la diversification de formations capables de répondre dans une certaine mesure aux besoins du marché de l'emploi, la question du chômage et du sous-emploi persiste.

Il faut aussi souligner que dans son analyse, il s'est plutôt appesanti sur la responsabilité de l'Etat dans la promotion de l'emploi en proposant des mesures en faveur de l'amélioration du cadre macro-économique. Les solutions proposées par l'auteur mettent peu l'accent sur la responsabilisation et l'autonomisation de l'individu face à la question de l'emploi.

· Edjelle-Ahouansou Y. (2008), dans le cadre de son mémoire de fin de formation de Master en Management des Ressources Humaines à l'IIM, a analysé la question de l'insertion socio-professionnelle des primo- demandeurs de l'ANPE dans une étude intitulée « L'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE) et l'insertion socio-professionnelle des primo-demandeurs d'emploi au Bénin ». L'objectif visé par cette étude est de contribuer à l'amélioration du taux d'insertion des primo-demandeurs d'emploi sortis des facultés cibles de l'enseignement supérieur général, inscrits à l'ANPE. Cette étude a su montrer des freins de l'insertion socioprofessionnelle de cette catégorie de jeunes. Les freins identifiés sont : l'inadéquation de la formation de l'enseignement supérieur face aux besoins du marché de l'emploi, l'insuffisance des ressources matérielles, financières, et humaines de l'ANPE face à l'ampleur de la tâche, ce qui a induit un faible taux d'insertion professionnelle des primo- demandeurs.

Des propositions ont été faites dans de cadre de l'amélioration du contenu des formations de l'enseignement supérieur général et de l'amélioration des ressources de l'ANPE.

S'agissant de l'amélioration du contenu des formations, Edjelle-Ahouansou propose entre autres :

- la formation par alternance à travers le développement de programmes de reconversion professionnelle ;

- l'introduction de filières de spécialisation dans les programmes de formation des facultés d'enseignements ;

- la définition d'un projet professionnel : la réalisation d'un bilan personnel et d'un bilan de formation pendant la formation et avant l'arrivée du jeune sur le marché du travail.

Quant à l'amélioration des ressources de l'ANPE, des propositions ont été surtout faites dans le cadre d'une augmentation quantitative des ressources. Il s'agit de :

- la création d'antennes sur toute l'étendue du territoire national ;

- la création de postes de conseillers aux niveaux des antennes ;

- la dotation de l'ANPE d'un parc informatique étendu efficace ;

- la mobilisation de ressources financières autres que celles du budget national afin de permettre une autonomie réelle de l'agence pour le développement de ses activités ;

- l'augmentation par l'Etat de l'enveloppe financière allouée à l'ANPE ;

- l'expérimentation d'une ANPE sous tutelle de la présidence comme c'est le cas au Cameroun ;

- le renforcement des capacités du personnel de l'ANPE ;

- la clarification du coeur de métier de l'ANPE ;

- l'amélioration de la visibilité de l'ANPE ;

- la gestion rigoureuse des programmes...

L'auteur a le mérite de faire des propositions fort louables dans une logique d'insertion professionnelle, qui permettront d'agir sur la qualité de la formation de l'enseignement supérieur et sur le cadre institutionnel de l'ANPE afin d'augmenter le taux d'insertion des primo-demandeurs. Mais nous pensons que pour être plus efficace dans la résolution du chômage et du sous-emploi des jeunes, nous devons aller au-delà de ces différentes propositions. Il y a lieu de dépasser la logique classique d'insertion professionnelle pour évoluer vers une démarche que nous osons pensé optimale : celle d'employabilité.

Il ne serait pas non plus exhaustif de présenter dans notre revue de la

littérature, la substance de quelques études et réflexions sur l'insertion professionnelle des demandeurs d'emploi au Bénin.

- Les résultats du Tableau de Bord sur l'Emploi, (TBS, N°23, 2003) le dernier en date, indique 37597 nouveaux emplois crées en 2003. Les demandes d'emploi sont estimées à 73123, tandis que les offres d'emploi sont de 20831. On note un grand écart entre les demandes et les offres d'emploi. En effet, l'appréciation très nette des tendances réelles des offres et demandes deviennent de plus en plus difficile avec la libéralisation de l'économie nationale.

- Suite au Premier Recensement National des Chômeurs et Primo demandeurs d'emploi au Bénin (octobre 2005), le Bénin dénombre environ 18277 demandeurs d'emploi soit 15957 personnes de sexe masculin et 2320 de sexe féminin et dont les pourcentages par catégorie avoisinent : 47,6% de sous-employés, 34,93% de primo-demandeurs  et 17, 38% de chômeurs. Nous constatons que les primo-demandeurs sont les plus nombreux après les sous-employés et caractérisés par leur jeune âge (moyenne d'âge de 27 ans), leur vulnérabilité, et par un chômage de longue durée (en moyenne plus de 4,2 ans à la quête du premier emploi). Des indicateurs qui augurent de la nécessité de gérer au mieux l'insertion des primo-demandeurs afin de réduire le taux de sous-emploi et de chômage lorsque nous nous accordons sur le fait que la réussite de la première insertion professionnelle du primo-demandeur le soustrait du sous-emploi ou du chômage.

- Le Forum National sur l'Emploi des Jeunes (mars 2007), a eu le mérite de faire un diagnostic des problèmes d'emploi des jeunes et de proposer des pistes de résolution de la question. Il s'agit entre autres :

o de développer et renforcer l'aptitude à l'emploi des jeunes Béninois par la formation et l'apprentissage (employabilité) ;

o de développer l'esprit d'entreprise et le leadership des jeunes ;

o de faciliter l'accès des jeunes au crédit, et au foncier par la mise en place de mécanismes appropriés répondant à la spécificité des jeunes ;

o de promouvoir l'emploi local en accélérant le processus de décentralisation et de déconcentration des services publics ;

o de promouvoir l'utilisation des technologies à haute intensité de main-d'oeuvre pour la réalisation des infrastructures en milieux rural et urbain ;

o d'améliorer le cadre institutionnel de la promotion de l'emploi auprès des jeunes...

Il apparaît visiblement que la question de l'employabilité des jeunes en tant que tel n'était point au coeur des débats du Forum car les axes stratégiques proposés à l'issue de ces réflexions sur l'emploi mettent surtout l'accent sur : l'amélioration du cadre macroéconomique, la mise en place de dispositifs socio-économiques de facilitation de l'accès à l'emploi salarié ou indépendant des jeunes. Toutes ces réflexions macro-économiques sur l'emploi confirment la volonté du gouvernement de régler la question à travers la facilitation de l'insertion professionnelle des jeunes. La priorité reste l'insertion professionnelle traduite dans les grandes orientations stratégiques de la Politique Nationale de l'Emploi (juillet 2008) et qui vient corroborer ces différentes réflexions. Cependant, il a manqué jusque-là un réel diagnostic de la capacité réelle des demandeurs d'emploi à trouver un emploi, de la pertinence des mesures sociales en faveur de leur employabilité vue de proposer des solutions idoines.

Il ne serait pas exhaustif de faire un aperçu de l'état des lieux de l'insertion professionnelle au Bénin.

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