Répondre par l'enseignement aux exigences professionnelles attendues par les employeurs du secteur commerce et vente niveau IV et III( Télécharger le fichier original )par Laurent HELARD Université de Cergy Pontoise - Master 2 métier de l'enseignement et de la formation dans les domaines technologiques et professionnelles - parcours économie et gestion 2011 |
C. L'enseignement et sa didactisationLes patrons ont laissé le soin à l'état de former et de défendre ainsi les aspirations de ces derniers. Ils souhaitent une formation théorique générale et technique, à l'abri des sursauts de la production mais immédiatement rentable au marché de l'emploi. L'éducation nationale souhaite une valeur nationale de la formation professionnelle alors que les patrons souhaiteraient une formation régionale locale. Devant le constant renouvellement des techniques, les patrons souhaitent plus de souplesse d'adaptabilité, flexibilité. Ils veulent une main d'oeuvre adaptée à leurs besoins économiques technologiques sociologiques et moraux.L'implication des entreprises dans le procès de formation a reculé au cours des années 1960 1970. Dans la situation de crise économique des années 1980, les vertus formatrices de l'entreprise sont apparues comme novatrices. Il s' agit de former du personnel qualifié et non des savants mais dans une conception extensive de la qualification qui inclut la moralisation devant aller de pair avec la loyauté à l'égard des dirigeants d'entreprise. Les économistes et les politiques s'accordent pour associer probité morale et qualification morale et ajouter la formation à la citoyenneté. Mais dès qu'il s'agit de traduire concrètement dans les structures cette volonté quasi commune de former des ouvriers qualifiés, les divergences entre le patronat et les acteurs éducatifs apparaissent. Lorsqu'ils sont issus de pratiques conceptualisés, ces savoirs sont automatisés et professés c'est-à-dire explicités oralement de façon rationnelle et l'enseignant sait en rendre compte. Les élèves souhaitent des cours non scolaires, un peu comme la formation dispensée dans les entreprises ou l'opérationnalisation est maximale, ou le savoir est transmis comme des informations à appliquer et non des informations à apprendre par coeur.Les outils pédagogiques doivent être professionnalisant et doivent êtreproches de la réalité professionnelle mais doivent toutefois être didactiser car les élèves n'ont pas encore la démarche intellectuelle pour appréhenderles documents en autonomie.Pour être raccroché ou accrocher, l'élève doit trouver une cohérence entre ces savoirs et les savoirs de la vie22(*).Il n'y a plus de bulletin scolaire en apprentissage ce qui rend plus concrète toute évaluation. Si les contenus professionnels les déçoivent par trop de théorie, la démotivation va se manifester quand ils percevront mal leur utilité en entreprise.L'image, le support, la mise en situation, la relation avec leur vécu professionnel est incontournable. La didactisation est incontournable. L'expérimentation active prônée par le système anglais est nécessaire pour valoriser l'acquisition d'un savoir. J'ai pu voir l'effet d'un cours animé avec un dossier PowerPoint bien structuré sollicitant la participation active des élèves. Les élèves sont captivés par l'image et son aspect ludique. Le travail du professeur est de profiter de cet intérêt pour faire réagir l'élève.J'ai expérimenté la correction d'un devoir sans support audiovisuel. Les élèves ne matérialisaient pas les concepts énoncés.J'ai eu la chance d'assister à un cours ou le tableau interactif était utilisé. Les élèvesse sentent réellement mis en valeur. Leurs regards n'ont pas quitté l'écran, la magie de l'interactivité était réelle. Leurs réactions étaient vivement sollicitées par le professeur.Gilles Moreau affirme dans son livre23(*)que l'élève a du mal à se projeter dans la réalité professionnelle.je me rappelle d'une séquence ou l'on devait implanter 30 mètreslinéaire du rayon mariage dans le rayon textile. Les élèves n'arrivaient pas à matérialiser le planogramme du nouveau rayon. Je reprends donc cette idée énoncée dans un de mes entretiens ou le tuteur avait observé que les élèves avaient du mal à prendre des initiatives. Il est peut être nécessaire de mettre l'élève en situation réelle avec des salles aménagées, un bureau, un magasin de façon à que l'élève puisse travailler concrètement et être plus sûr de lui en situation réellepeut-êtreil serait intéressant de repenser l'aménagement des classes professionnelles. Les élèves ont de réelles difficultés à nous accompagner dans des magasins virtuels.24(*)Cette réalité me fait penser à un sportif qui participe à sa première compétition ou il doit appréhender un lieu nouveau, un public, des adversaires, des jugements sur son geste et l'évaluation de ses propres résultats. Je pense qu'il est important de dispenser un enseignement de commerce dans un lieu très proche de la réalité. Une autre constatation faite pendant mon stage et qui est une évidence pour toute personne ayant déjà enseignée est le travail en demi classe. Dans ces cours, l'élève apprend, on peut gérer cette hétérogénéité,gérer leurs diverses expériences et les capitaliser. La richesse du groupe est alors exploitée. Ceséchanges, les rapports professeur élève ainsi se construisent. En classe entière, la gestion de la classe peut nuire à la classe, l'élève et le professeur et à leurs relations. La gestion de classe implique un retour à une animation scolaire du groupe.Les professeurs souffrent beaucoup du rythme scolaire. Un professeur de mathématiques m'expliquait qu'il avait une classe que le soir de 16 à 17 heures et qu'il n'avançait pas.Il est important de faire attention au rythme scolaire dans la filière professionnelle, les matières générales peuvent s'avérer pénalisantes et le rythme est soutenu. En BEP ET CAP, le rythme est plus ou moins protégé, les élèves développent une relation quasi affective avec le professeur, l'école. Le passage en BAC professionnel peut s'avérer délicat, mais ce n'est rien en comparaison de la difficulté qui attendles élèves après le BAC en cas de poursuite d'études. Le fait que le BTS se déroule dans les lycées est un fait marquant de la décision d'orientation de certains élèves. L'alternance doit aussi être analysée. Les PFMP font souvent prendre conscience aux élèves qu'il est dur de devenir professionnel et qui demande une véritable implication des élèvesLes élèves découvrent les profils de carrière proposés au sein de l'entreprise. Les efforts à fournir sont matérialisés. Ils trouvent des solutions, ils s'adaptent. Ils sont décideurs.Les apprenants ressentent : responsabilité, prise de conscience, relation sociale et trouvent une reconnaissance envers les adultes. Le tuteur a un rôle primordial mais celui-cin'a pas de statut particulier, de reconnaissance professionnelle, ni de temps dédié à sa mission. C'est une délégation de formation souvent sans moyen ajouté. Les tuteurs manquent de temps, de compétence pédagogique, de temps et de formation.Il y a souvent un conflit d'intérêt à court terme entre la logique de formation éducative et de rentabilité de l'entreprise. Il s'agit souvent d'un bricolage au quotidien. C'est pour toutes ces raisons que le rapport au savoir du tuteur est déterminant. La mise en place de partenariats peut structurer cette relation. Pour le corps enseignant, « le bon tuteur serait un prof ». Les entreprises, elles désirent des élèves adaptés au monde de l'entreprise.Il est dit plus haut que le comportement de l'élève est diffèrent pendant le stage. Gilles Moreau a repris dans son livre le monde apprenti une enquête sur la perception des élèves pendant leur stage. · Perception des conditions de travail (apprentissage)25(*)
En analysant ce tableau et le comparant à ma petite expérience professorale, je peux déceler que les élèves ont envie de travailler en entreprise, d'avoir une reconnaissance sociale, professionnelle ce que je n'ai pas ressenti durant mon stage ou je pouvais voir des élèves fatigués, enfantins dans le milieu scolaire.« C'est qu'on travaille beaucoup, que je suis souvent crevé mais je tiens le coup » cette phrase tirée d'une enquête de Gilles pourrait conclure mon analyse et la divergence de sentiment issue de celle-ci. Pour bien étudier la question, il est important de comparer avec ce qui se passe dans d'autres pays en matière de formation professionnelle. Il existe à l'étranger 4 modèles de référence. Aux Etats unis, il n'existe pas vraiment de formation professionnelle. Les élèves privilégient les études longues. En Angleterre, les formations « on the job » sur le terrain sont privilégiées.Le modèle allemand est le modèle de référencele duales system. Un jeune allemand en formation professionnelle a un contrat de travail entre ce dernier et l'entreprise et suit les cours en formation générale en milieu scolaire. Ce schéma existe dans la structure C.F.A. en France.26(*) La mise en place des universités régionales des métiers et de l'artisanat (URMA) va alors peut être rapprocher les deux institutions. Les URMA sont une réponse à la structuration régionale du secteur des métiers en matière de formation. Elles redonnent au conseil régional un rôle essentiel dans la formation initiale et continue et définissent une régionalisation de l'enseignement supérieur. Pour créer leur université, chaque chambre des métiers crée un service URMA pour marquer son appartenance de L'URMA au secteur des métiers. L'URMA inscrit son offre de service de formation dans la formation tout au long de sa vie. L'objectif est d'apporter des réponses individualisé aux besoins encompétencesdes entreprises artisanales. Pour leur proposer des réponses en formation dans le « juste à temps », l'URMA doit être capable de garantir des formations par l'apprentissage vers des niveaux supérieurs. La construction de parcours de formation individualisés est une réponse à des spécificités régionales de compétences permettant de garantir la conservation d'un tissu économique régional. * 22 L'accrochage en lycée professionnel, Edition Sceren * 23 M. Moreau, (2002), Le monde apprenti * 24 M. Moreau, (2002) Le monde apprenti, * 25 M. Moreau, (2002) Le monde apprenti * 26 M. Pelpel P, Troger, (2001) Histoire de l'enseignement technique, Paris, Education Pédagogie |
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