Section III - Les tribunes d'expression des
camerounais à l'ère de la décolonisation
Cette section consiste essentiellement à
présenter les canaux par lesquels les camerounais pouvaient s'exprimer
entre 1946 et 1957. Les tribunes qui permettaient aux Camerounais de s'exprimer
comme le mentionne Engelbert Mveng (1985 :183-203) sont : les
organisations syndicales et politiques (paragraphe I) et la presse
écrite (paragraphe II).
III-1-Les organisations syndicales et politiques
- Le syndicalisme camerounais comme d'ailleurs dans la plupart
des pays placés sous la domination française est né
à l'issu de la Conférence de Brazzaville. Le décret du 7
août 1944 signé du Général de Gaulle, chef de la
France libre, reconnaît la constitution des syndicats professionnels en
Afrique noire et à Madagascar. C'est ainsi que plusieurs français
arrivent au Cameroun pour former les camerounais à l'action syndicale.
Parmi eux, Messieurs Jacquot et Gaston Donnat pour le secteur de
l'enseignement, Soulier et Lalaurie pour le secteur du chemin de fer. Dans la
foulée on enregistre la constitution de plusieurs syndicats dont
l'Union des Syndicats Confédérés du Cameroun qui a comme
secrétaire MM. Ruben Um Nyobé et Charles Assale, la
Confédération Camerounaise des Syndicats des Croyants, la Force
Ouvrière...Ces syndicats vont permettre au Camerounais de s'initier aux
actions de revendications.
- Pour ce qui est des partis
politiques, leur essor sera fondé sur les syndicats et les associations
dans les milieux urbains. Leur rôle est surtout de lancer des
idées et de créer une opinion qui pèsera même sur
les populations rurales. Parmi les partis politiques les plus importants de
cette période , on peut citer : L'Union des Populations du
Cameroun, section camerounaise du Rassemblement Démocratique Africain
créée le 10 avril 1948, qui selon Engelbert Mveng (Idem, P. 196)
« est certainement le parti qui, le plus , a fait parler
de lui au Cameroun et dans le monde », l'Évolution
Sociale Camerounaise fondée en 1949 par M. Pierre Dimalia, le Bloc
Démocratique Camerounais formé par M. Louis-Paul Aujoulat en juin
1951, l'Union Sociale Camerounaise, mise sur pied en janvier 1953 par M.
Okala...Certains de ces partis politiques se montrent opposés à
toute forme de colonisation tandis que d'autres seront plus favorables à
la présence française dans le pays.
III-2- La presse écrite
Elle constituait un moyen d'information et même de
formation très important de l'opinion publique auprès de la
population scolarisée. Plusieurs journaux ont vu le jour à cette
période et sont venus s'ajouter à ceux existant
déjà avant la Seconde Guerre mondiale. L'administration
coloniale, les leaders des partis politiques et même des hommes
d'affaires n'hésitent pas à fonder des journaux pour quelques
raisons que ce soit.
Cette section indique donc que les principaux canaux
d'expression des Camerounais pendant la décolonisation sont : les
syndicats, les partis politiques et la presse écrite.
En définitive, ce chapitre nous a permis de voir
qu'après la Seconde Guerre mondiale, le Cameroun a acquis le statut de
territoire international sous-tutelle de l'ONU donc l'administration a
été confiée pour la partie qui nous intéresse dans
ce travail à la France suite aux accords de tutelle validés le 13
décembre 1946. Dès lors, le Cameroun qui est devenu
un « Territoire Associé » de l'Union
française est administré suivant les lois en vigueur en France.Ce
qui a donné lieu à de nombreuses revendications
indépendantistes. Les Camerounais pendant cette période avaient
plusieurs canaux d'expression pour se faire entendre. Il s'agit des syndicats,
des partis politiques et des journaux.
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