I - 3 - 2 - La théorie de l'agence :
existence d'un contrat social
La notion d'agence est définie par
Jensen et Mekling, (1976) comme un contrat par lequel une
personne appelée principal ou mandant,
délègue à une autre personne appelée agent
ou mandataire le pouvoir de prendre à sa place un certain
nombre de décisions. Au-delà du risque de conflit
d'intérêts qui existe entre les parties concernées
(intérêt du mandant et intérêt du mandataire),
l'information diffusée joue un rôle déterminant entre les
acteurs. La relation d'agence peut être élargie à
l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise ; dans ce cas les
dirigeants sont des « agents » qui sont les seuls à
être en relation avec les parties prenantes (Hill et Jones,
1992). Vu sous cet angle, la RS repose sur les dirigeants qui sont en
relation contractuelle implicite ou explicite avec plusieurs catégories
d'acteurs : actionnaires, créanciers, salariés, clients,
fournisseurs, consommateurs, collectivités, entre autres. Ainsi pour
assurer la pérennité de l'entreprise, les dirigeants se doivent
de concilier les attentes divergentes de toutes ces parties prenantes de telle
sorte qu'aucune d'entre elles ne sente défavorisée.
Toutefois, cette théorie bien que constructiviste
repose sur la nécessité d'un système d'information
idéal, difficilement envisageable sur le plan pratique. Car dans cette
approche, les parties prenantes influencent les décisions
stratégiques des dirigeants et ceux-ci doivent leur rendre des comptes
sur la façon dont ils ont pris en compte leurs attentes (existence d'un
contrat social).
I - 3 - 3 - Critique de type post-moderne :
théorie néo-classique renouvelée
Encore appelée critique du grand discours de la
raison occidentale, la critique de type post-moderne est un
« flash back » à la théorie
néoclassique. M. T. Jones (1996) dénonce
l'idéologie de la RSE qui pour lui s'enracine dans celle de son
ancêtre le plus proche : le managérialisme (Le Goff,
1995). La croyance qu'une classe de managers créés par
le développement institutionnel, servirait de manière
bienveillante les intérêts de la société.
Au niveau managérial, l'action ne peut se concevoir
qu'à l'intérieur de frontières dont les limites sont
tracées par la rationalité économique dominante. Pour
reprendre les analyses de Foucault : le discours sur la
CSR contribue à renforcer l'hégémonie idéologique
dans laquelle les arrangements institutionnels contemporains sont
décrits comme servant l'intérêt général alors
qu'ils ne servent en fait que les intérêts d'une
minorité. Cette vision de la RSE, bien que développée
sous d'autres cieux, trouve une application profonde dans le contexte
camerounais actuel. Par exemple, les dirigeants d'entreprise n'ont pas compris
que le recrutement des autochtones (démarche RSE) au sein des
entreprises ne veut pas dire recruter uniquement les autochtones de
manière à défavoriser les immigrés. Une telle
analyse du sujet amène à opter pour la conclusion de DELALIEUX :
empiriquement et théoriquement la seule voie plausible pour la RSE
est de proposer une force de pression externe exerçant des contre
pressions incitant et obligeant les entreprises à agir de manière
socialement plus responsable.
Cependant, une telle conclusion renverrait la RSE à sa
case de départ à savoir la dimension volontariste
(déjà dépassée) de la RSE. Cette approche fait
ressortir le besoin pressant de régulation qui permettrait de trouver un
point d'équilibra entre l'entreprise et l'ensemble de ses parties
prenantes.
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