I - 3 - CONTRIBUTION DES THEORIES D'ORGANISATION A
L'ANCRAGE DES
PRATIQUES DE RESPONSABILITE SOCIALE AU SEIN DE
L'ENTREPRISE
La question principale est ici de
dégager le cadre théorique le plus adapté à une
analyse des mouvements autour de la responsabilité sociale de
l'entreprise. Nous allons développer tour à tour la
théorie néoclassique, la théorie de l'agence, la
théorie post-moderne, la théorie de la régulation, la
théorie néo - institutionnelle, la théorie
conventionnaliste, la théorie évolutionniste.
I - 3 - 1 - La théorie
néoclassique : une approche dépassée
Selon la conception classique, la responsabilité de
l'entreprise est exclusivement de nature économique. La fonction de
l'entreprise est de produire des profits réguliers et à haut
niveau, car l'essence de l'entreprise libre est de rechercher le profit de
toutes les manières qui soient cohérentes avec sa propre survie
en tant que système économique (Levitt, 1958,
cité par Lépineux, 2003). En d'autres
termes, les entreprises pérennes sont celles qui poursuivent leur seul
objectif de maximisation du profit à long terme. Vu sous cet angle, les
entreprises n'ont plus qu'à respecter le strict minimum de
sincérité et de loyauté, et rechercher le gain tangible et
pécuniaire.
Friedman (1962) partage le même point
de vue. Il est connu pour sa position radicale dans le débat sur la RSE
selon laquelle l'entreprise ne devrait pas fausser le libre jeu par des
interventions dans le domaine de la RSE. Il considère qu'« il
existe peu de courants aussi dangereux pour les fondements même de notre
société libre que l'acceptation, pour les dirigeants
d'entreprise, d'une responsabilité autre que celle de maximiser le
rendement de l'argent de leurs actionnaires ». Pour inscrire la prise
en compte des objectifs sociétaux dans les décisions des
entreprises, il faudrait démontrer qu'il y a une corrélation
positive entre performance financière et performance sociale.
En bref, la théorie néoclassique ne trouve pas
les pratiques de responsabilité sociétale nécessaires au
sein de l'entreprise, et ceci pour deux raisons principales : tout
d'abord, les actionnaires sont les seules parties prenantes auxquelles
l'entreprise doit rendre des comptes ; ensuite, l'objectif unique de
l'entreprise est de maximiser les profits. Or, il est possible que les parties
prenantes externes influent sur les performances des entreprises. Par exemple
en Europe, les banques inscrivent les pratiques de RSE parmi les conditions
pré requises au financement des projets de PME.
Comment prétendre servir les intérêts de
toutes ses parties prenantes si on ne se préoccupe que de la
maximisation du profit au sein de l'organisation ? D'autres
théories jugées plus réalistes, ont été
développées.
|