Pratiques de responsabilité sociétale et création de valeur des entreprises( Télécharger le fichier original )par Joseph Herman TIONA WAMBA Université de Douala Cameroun - Diplôme d'études approfondies 2010 |
Chapitre 4CONTRIBUTION DES ACTIVITES EXTRA FINANCIERES A LA CREATION DE LA VALEUR EN ENTREPRISECe chapitre fondé sur l'aspect purement empirique de notre travail, a pour objectif d'établir le lien de causalité qui existerait entre RSE et création de valeur. Pour y parvenir, nous allons dans un premier temps caractériser les pratiques RSE des entreprises prospectées ainsi que l'approche de création de valeur dominante du point de vue des parties prenantes (section 1). Par la suite, nous allons mettre en exergue, à travers les tests de vérification d'hypothèses, le lien de causalité qui existerait entre RSE et création de valeur (section 2). Section 1 : EVALUATION DES POLITIQUES DE RESPONSABILITE SOCIETALEET DE CREATION DE VALEUR DES MULTINATIONALESPROSPECTÉESCette section a pour objectif de dégager les spécificités des activités extra financières, ainsi que les outils et approches de création de valeur des entreprises prospectées. Pour ce faire, nous allons nous servir des réponses fournies par les parties prenantes internes et externes pour plus de représenté et surtout, de fiabilité des résultats obtenus. Ainsi, nous allons premièrement caractériser la RSE et la création de valeur au sein des entreprises ; et par la suite, nous allons effectuer un rapprochement de ces deux concepts pour une première analyse de l'incidence de la RSE sur la création de valeur. I - 1 - Identification et caractérisation de la RSE et de la création de valeur viales parties prenantesDans cette sous-section, nous allons essentiellement caractériser les activités de responsabilité sociale de l'entreprise, telles que perçues par les parties prenantes (internes et externes). Nous allons donc y passer en revue tous les aspects de responsabilité sociétale que nous avons identifiés auprès des personnes rencontrées. I - 1 - 1 - La RSE, un ancrage désormais réel dans les pratiques managérialesdes entreprisePour mieux apprécier l'ancrage de la responsabilité sociétale dans les habitudes managériales des entreprises, nous avons adressé deux catégories de questionnaires à deux grands groupes de parties prenantes : les parties prenantes internes (PPI) et les parties prenantes externes (PPE). Dans cette sous-section, nous allons non seulement évaluer le degré de connaissance du concept de responsabilité sociétale par les parties prenantes, mais plus encore, apprécier les pratiques RSE au sein des entreprises pour lesquelles elles sont des PP. I - 1 - 1 - 1 - Connaissance du concept de responsabilité sociétale de l'entreprise Il a été demandé aux parties prenantes rencontrées, après leur avoir défini le concept de Responsabilité Sociétale de l'Entreprise, si elles en avaient déjà entendu parler auparavant. Le tableau ci-dessous résume les réponses des 44 PPI33(*) et des 92 PPE34(*). Tableau 4.1 : Connaissance de la RSE par les parties prenantes
Il ressort du tableau ci-dessus que le concept de RSE est plus connu en interne qu'en externe. En effet, 72,70% des parties prenantes internes ont déjà entendu parler de responsabilité sociétale de l'entreprise contre seulement 37,00% qui en ont déjà entendu parler en externe. L'on pourrait en déduire que les employés ne sont pas mis à la marge en ce qui concerne la mise en oeuvre de la RSE par leurs entreprises. Aussi, le faible taux de connaissance du concept de la RSE par les PPE serait synonyme d'une communication financière (ou extra financière) insuffisante de la part des entreprises. Après leur avoir expliqué la signification du concept de RSE, nous avons demandé à nos deux catégories de parties prenantes si elles pensaient qu'il était du domaine des managers de s'occuper des enjeux managériaux. Les réponses fournies par elles sont comprises dans le tableau ci-dessous. Tableau 4.2 : Les enjeux sociaux et environnementaux incombent aux managers
La lecture du tableau ci-dessus montre que la majorité des parties prenantes (internes et externes) approuvent l'idée de la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux par les managers. Avec une forte tendance pour les PPE qui souhaitent une forte implication des managers (à 89.10% contre seulement 61.40% pour les PPI) dans des activités sociales et environnementales. Pour comprendre ce phénomène, nous avons demandé aux PPI qui réfutaient l'idée de la prise en compte des enjeux sociaux par les managers, pourquoi elles s'y opposaient. Leurs réponses sont tous orientées vers l'idée selon laquelle, la RSE réduirait le montant des primes qui leur auraient été allouées en l'absence d'activités extra financières. Autrement dit, ils soutiennent ainsi, indirectement, la thèse de la négativité entre RSE et création de valeur partenariale. Cette situation somme toute choquante, nous a poussé à accorder une attention particulière aux parties prenantes internes sur un ensemble de variables relatives à leur environnement de travail. I - 1 - 1 - 2 - Appréciation de la RSE en interne Pour mesurer la responsabilité sociétale en interne, nous nous sommes adressés uniquement aux employés sur des questions relatives au climat social, au respect de l'équilibre régional et de la parité Homme-Femme en entreprise, aux conditions de travail, d'hygiène et de sécurité, et surtout à la rémunération. Pour faciliter la lisibilité et la lecture des résultats, nous les avons regroupés dans un tableau synthétique. De ce tableau, il ressort que le climat social qui est serein à 59,10% des cas et moyennement serein à 40,90% des cas, illustre, pour une première analyse, une RSE acceptable en interne. Mais cette situation est remise en cause par un non respect remarquable ni de la parité des sexes, ni de l'équilibre régional dans les politiques d'embauches. Le déséquilibre entre les sexes a été très fortement noté dans les entreprises industrielles (Nestlé et Total) dont la main d'oeuvre qualifiée est plus masculine que féminine. Quant au déséquilibre régional, il a été attribué au fait que l'embauche des autochtones est prioritaire. Tableau 4.3 : Tableau d'appréciation de la RSE en interne
Cependant, s'agissant des conditions de travail, d'hygiène et de sécurité, le résultat est dans l'ensemble satisfaisant. Aussi, cette situation louable est corroborée par une rémunération non seulement régulière (à 75,00 %), mais également juste (pour 86,40 % des salariés). Les rémunérations étant justes et régulières, les entreprises devraient susciter une certaine confiance auprès de leurs salariés. Tel semble ne pas être le cas si on se fie aux résultats contenus dans le tableau ci-après. Tableau 4.4 : Appréciation du degré de confiance accordé par les PP à leurs entreprises
En effet, il ressort du tableau ci-dessus que, la justesse et la régularité des rémunérations ne suffisent pas pour s'accorder la confiance des salariés, car la disparité des sexes et le déséquilibre régional dans les politiques d'embauche entament sévèrement cette confiance. Ainsi, du point de vue des salariés, les entreprises sont très peu dignes de confiance ; contrairement aux parties prenantes externes qui accordent toute leur confiance aux entreprises. Qu'en est-il du volet environnemental de la responsabilité sociétale ? * 33 PPI : Parties Prenante Internes * 34 PPE : Parties Prenantes Externes |
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