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Pratiques de responsabilité sociétale et création de valeur des entreprises

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par Joseph Herman TIONA WAMBA
Université de Douala Cameroun - Diplôme d'études approfondies 2010
  

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II- Intérêt de la recherche

L'importance majeure de cette thématique sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est qu'elle constitue l'un des sujets phares de la recherche en sciences de gestion en ce début de troisième millénaire. De plus, ce travail vise à rapprocher deux concepts qui ont jusqu'ici, très peu fait l'objet d'une recherche particulière dans notre contexte.

De manière spécifique, l'intérêt de ce travail apparait principalement à deux niveaux :

· Sur le plan théorique, ce travail va contribuer au renforcement et à l'enrichissement de la recherche sur les thématiques de la RSE et de la création de valeur, particulièrement dans le contexte camerounais. En effet, la littérature abonde ailleurs sur ces deux concepts, mais au niveau camerounais, il existe encore un vide à combler ;

· Sur le plan empirique, ce travail révèle l'importance des activités extra économiques (environnementales et sociales) comme leviers possibles de création de valeur ajoutée économique. En plus, ce travail servira d'outil de positionnement stratégique aux entreprises, par rapport à leur environnement endogène et exogène, permettant de se démarquer des entreprises concurrentes et de créer de la valeur pour tous les partenaires économiques et sociaux de l'entreprise.

III- Objectifs de la recherche

Ce travail de recherche vise principalement à mettre en exergue l'impact des pratiques de responsabilité sociétale des entreprises sur la création de valeur. Pour ce faire, il s'agira spécifiquement pour nous de :

- Déterminer les spécificités des activités de responsabilité sociétale des entreprises au Cameroun ;

- Découvrir l'approche de création de valeur dominante au Cameroun ;

- Dégager le lien de causalité entre Responsabilité Sociétale et Création de Valeur.

IV- Base des hypothèses et hypothèses de la recherche

Les recherches sur la thématique de la responsabilité sociétale des entreprises sont de plus en plus nombreuses à travers le monde. Certains travaux établissent d'ailleurs un lien positif entre RSE et performance de l'entreprise. Orlitzky M., Schmidt F.L. et Reynes S.L., (2003), après avoir fait une synthèse de plusieurs études menées avant eux sur les interactions entre la RSE et la performance ont révélé que dans la plupart des cas (pris dans différents contextes), on a décelé des liens positifs et aussi quelques liens négatifs et que par conséquent, on peut mesurer cette performance.

Les recherches empiriques tentant de cerner le lien entre la RSE et la performance financière se sont ancrées dans la littérature anglo-saxonne depuis une trentaine d'années (Zeribi-Benslimane O. et Boussorra E., 2008). Toutefois, il est à remarquer que la littérature empirique ne fait pas état d'un consensus sur la nature du sens du lien de causalité. L'examen des résultats des études existantes traduit pour une part l'influence de la RSE sur sa performance financière, et pour une autre part, le sentiment d'un lien fragile voire inexistant et quelque peu contrasté (Allouche J. et Laroche P., 2005).

Cependant, nous constatons que ces liens positifs ou négatifs, enrichissent ou appauvrissent uniquement les propriétaires de capitaux sans tenir compte des autres partenaires commerciaux et sociaux de l'entreprise. La performance de l'entreprise n'est qu'un aspect de la création de valeur. Il s'agit en effet de la conception actionnariale de la valeur qui est démotivante pour l'ensemble des stakeholders. L'analyse de l'impact du lien entre RSE et création de valeur s'inscrit dans une perspective d'élargissement du système de gouvernance d'entreprise des seuls actionnaires à l'ensemble des parties prenantes.

En effet, comme le soulignent Charreaux G. et Desbrières P. (1998), dans la mesure où la notion de valeur créée ne se réduit pas à la seule transaction entre la firme et les actionnaires, l'analyse du processus de création de valeur ne se limite pas à la seule relation avec les actionnaires et à l'étude de l'influence du contrôle exercé par ces derniers sur les dirigeants. Nos auteurs veulent ainsi souligner l'importance des stakeholders dans le processus de création de valeur et donc, de partage de la valeur créée. Autrement dit, la relation RSE et création de richesse doit désormais dépasser son seul aspect financier pour s'inscrire dans une logique de création de valeur.

C'est d'ailleurs ce que soulignent Steurer R et al. (2005) lorsqu'ils appuient que dans une économie mondialisée caractérisée par des marchés de capitaux de plus en plus compétitifs, l'objectif de création de valeur constitue un objectif incontournable et légitime que les dirigeants d'entreprises se doivent d'atteindre sur le long terme. A ce titre, l'approche pluraliste (partenariale) de la valeur offre des perspectives intéressantes puisqu'elle oblige le management de l'entreprise à prendre en compte non seulement les intérêts des actionnaires, mais également ceux des autres parties prenantes qui participent activement au processus de création de richesse.

L'objectif ultime n'est donc plus de créer de la valeur à tout prix pour les détenteurs de droits de propriété (les stockholders), mais plutôt d'intégrer une culture managériale orientée vers la satisfaction de l'ensemble des stakeholders. Cependant, si tout le monde s'accorde pour souligner l'intérêt d'une vision pluraliste de l'entreprise, la mise en oeuvre pratique d'une telle acceptation se heurte à des biais culturels qui réduisent considérablement sa validité opératoire (Reynaud E. et al., 2008). Cette pensée de Reynaud E. souligne l'incidence indéniable du contexte sur les pratiques managériales.

Cependant, quelque soit le contexte, Charreaux G. (1997) souligne que toute firme dont l'objectif est de créer durablement de la valeur, doit disposer d'un savoir-faire et d'un avantage compétitif difficilement imitable par ses concurrents. C'est la raison pour laquelle, nous dépassons ces biais culturels et voulons apprécier dans quelle mesure, la responsabilité sociétale des entreprises pourrait constituer un levier fort et propice de création de valeur.

La RSE pourrait ainsi induire un changement de paradigme susceptible de jeter les bases d'un modèle de gouvernance responsable dont l'objectif consisterait à créer de la valeur tout en respectant les contraintes économiques, environnementales et sociales (Gond J-P., 2006). Cette pensée de Gond, bien qu'adaptée à notre objectif, semble négliger un aspect important souligné par Charreaux G. et Desbrières P. (1998). Ces derniers pensent en effet qu'un stakeholder ne peut s'approprier davantage que la valeur qu'il contribue à créer, sans provoquer de réactions défavorables des autres partenaires qui se verraient spoliés.

Toutefois, il est clair que seule une évaluation objective des différentes approches de création de valeur permettra aux différentes parties prenantes de s'assurer du bien fondé de l'engagement sociétal des entreprises. Cela serait rendu possible grâce à une harmonisation de l'opérationnalisation des concepts clés de notre recherche que sont la RSE et la création de valeur. Mais en prélude à cette opérationnalisation harmonisée, nous émettons les propositions suivantes :

H1 : « Les activités extra financières de l'entreprise contribuent positivement à créer du surplus  »

H2 : « Une meilleure pratique RSE en interne est un préalable à des flux de ressources additionnelles pour l'entreprise »

H3 : « Les stakeholders influencent significativement le partage de la valeur créée en entreprise ».

La vérification de ces hypothèses requiert au préalable que l'on collecte et analyse des données. Cette étape de la recherche repose sur un construit méthodologique bien élaboré.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius