SECTION3 : PENSER AU DEVELOPPEMENT RURAL
L'expansion de l'agriculture est le moteur du
développement rural réussi, lequel à son tour crée
des conditions d'une croissance largement repartie et capable de faire reculer
la pauvreté. Les pauvres en bénéficient directement s'ils
sont agriculteurs ou indirectement s'ils sont du secteur non agricole rural.
Puisque l'agriculture constitue l'activité de base dans les pays pauvres
surtout dans nos pays où elle emploie en gros 70 à 80% de la
population active, le développement du monde rural ne peut se faire
sans une agriculture qui répond favorablement aux besoins des
populations qui s'y adonnent. Dés lors l'intervention publique pour
influencer la productivité paysanne peut être conçue
à la fois comme un acte de justice sociale mais également un
moyen d'assurer la sécurité alimentaire à travers une
meilleure rémunération des produits agricoles et le
développement des activités non agricoles.
1) MIEUX REMUNERER LES PRODUCTEURS AGRICOLES
Ce qui intéresse le producteur c'est le rapport entre les
prix de vente ses produits et les prix aux quels il achète ce qui lui
est nécessaire ou agréable soit pour sa propre exploitation, soit
pour la vie quotidienne de sa famille.
A) LA POLITIQUE DES PRIX
Dans ce domaine les pays africains ont été victimes
dans la plupart entre 1960 et 1980 une ponction et injuste dans leur revenu.
Les gouvernements fixaient des prix d'achat aux producteurs très
inferieurs aux prix « normaux » que l'on peut
définir comme ceux du marché mondial diminués des frais de
commercialisation, de stockage et de transport intérieur, et
éventuellement d'un léger impôt pour contribution aux
charges de l' Etat.
La question a fait l'objet d'études et de calculs
très précis qui ont montré que ces ponctions
étaient très importantes, comprises le plus souvent de 1970
à 1980 entre 30% et 70% du prix que le producteur aurait dû
normalement recevoir. C'est à dire que les gouvernements ont abusivement
retenu entre un tiers et deux tiers des recettes que les paysans pouvaient
escompter. Il n'est pas étonnant que ces politiques catastrophiques
aient découragé les paysans de produire. Et ainsi l'agriculture
est laissée en rade. Un alibi est parfois évoqué par
certains gouvernements consistait à dire que les sommes
prélevées sur les paysans alimenteraient des caisses de
stabilisation et que les sommes d'argent ainsi considérables
engagées permettraient en cas de fortes chutes des cours mondiaux, de
maintenir une rémunération convenable des producteurs.
Malheureusement les sommes énormes prélevées sur le dos
des paysans furent souvent dépensées pour des investissements qui
n'avaient aucun intérêt pour l'agriculture ; elles ne sont
plus disponibles maintenant que les cours ont baisé.
Pourtant, malgré ces difficultés, les opinions ont
évolué tant chez les dirigeants que dans le secteur public et
tendent à la fixation de prix d'achat aux producteurs aussi
rémunérateurs que possibles pour eux, compte tenus des cours
mondiaux. Pendant la période 1970-1980 les paysans
bénéficiaient des prix très élevés. Mais
aujourd'hui la situation s'est inversée. Les baisses ont
été si fortes notamment pour le café, le cacao, les
oléagineux, que les gouvernements se sont trouvés dans
l'impossibilité de continuer les ponctions sur les paysans et même
ont été obligés d'accorder à ceux-ci des prix
supérieurs aux prix « normaux ».
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