II - SYNTHESE DE LA LITTERATURE
A- POLITIQUES RSE DES ENTREPRISES DANS LES PED
Les Pays En Développement (PED) sont
caractérisés par une vision latine de la RSE. Certes les
entreprises s'y voient attribuer un rôle clé dans les politiques
de développement, mais elles détiennent une forte marge de
manoeuvre dans l'exercice de ce rôle ; ce qui les place en position de
force devant leurs Etats.
Bruno Boidin17 affirme que : «La faiblesse
des Pouvoirs publics est un phénomène assez largement
partagé dans les pays pauvres. Elle se traduit dans le domaine de la RSE
par des comportements variés... Les politiques publiques dans
les PED tendent alors à suivre l'expansion du champ de la RSE
plutôt qu'à l'accompagner ou le précéder
». Cet auteur entend que, les pouvoirs publics des PED manquent
à leur rôle qui est de contrôler et de coordonner les
pratiques RSE des entreprises de façon à ce qu'elles soient en
harmonie avec les politiques nationales.
Michel Doucin (2011) sur la question du rôle des Etats
dans la RSE, stipule que: « la RSE ne peut se passer d'un encadrement par
les pouvoirs publics. L'Etat est le régulateur du domaine de la RSE
». Son analyse montre que la RSE ne doit pas seulement relever de l'ordre
de la Soft-Law, c'est-à-dire des politiques RSE volontaires de la part
des entreprises, comme c'est le cas en Afrique.
Il considère que la promotion des RSE doit faire place
aussi à des contraintes, des règles obligatoires, comme celles
que la France a initiées avec l'obligation légale de reporting
social et environnemental pour les grandes entreprises.
Les travaux d'Olivia Verger et Gavin White (2004) sur les
politiques d'ancrage des entreprises dans les pays pauvres, travaux
basés sur des échanges avec des entreprises et des ONG, ainsi que
sur le recueil d'informations publiques ayant trait aux conditions
d'implantation et de retrait d'activités dans les pays émergents,
révèlent que la démarche suivie en général
par ces dernières relève plus d'actions philanthropiques, de
mécénat et d'engagement citoyen, que de réelles politiques
RSE. Au nombre de ces politiques, menées bien trop souvent de
façon ponctuelle, sont cités : la préparation des
conditions d'implantation sur le site de l'entreprise, la contribution au
développement d'infrastructures et prestations de services locaux
(soutien à l'éducation, à la santé, aux services
essentiels, au logement) et le soutien au développement
économique local.
17 Bruno Boidin (A paraître) RSE et pays en
développement, in R. Sobel, N. Postel, Lexique de la RSE, Ed. du
Septentrion
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Mamadou Lamine Ba et Marina Bambara (2011), dans leurs
recherches, élucident un autre aspect de la question d'ancrage des
entreprises, dans un contexte sénégalais. Leurs résultats
obtenus à travers l'étude d'engagements responsables
d'entreprises (SODEFITEX, SOCAS, OROMIN, IAMGOLD) à l'appui du
développement local à savoir, et la revue des expériences
d'autres entreprises (ICS à Mboro, CSS à Richard Toll, SOCOCIM
à Rufisque, SAR à Mbao), ont abouti aux conclusions suivantes
:
- les entreprises ont une faible intégration de la RSE
dans leur politique globale;
- les rapports de force entre les entreprises et les
collectivités locales sont déséquilibrés et en
faveur des entreprises ;
- il n'existe pas un cadre de dialogue structuré entre ces
deux parties ;
- les entreprises sont d'autant ouvertes à la pratique de
la RSE qu'elles le sont aux marchés internationaux.
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