4.2.2 - Faible perception et facteurs favorisant du
risque
Toute activité humaine, et par conséquent toute
activité économique, a un impact environnemental plus ou moins
important. Il existe par ailleurs pour nombre d'entre elles des risques
d'accidents ou d'évènements susceptibles d'entrainer une
pollution ou un préjudice pour l'environnement. Identifier,
prévoir et gérer les risques exige de comprendre les
transformations physiques, le rôle amplificateur des activités
humaines, l'accélération des seuils de déclenchement, les
conditions de réduction de la vulnérabilité, les
possibilités d'adaptation des pratiques collectives et des comportements
individuels. Les interventions de l'homme sur les collines de Yaoundé
dans le but de produire de la nourriture et de se loger entrainent des
préjudices pour l'environnement et l'exposent aux risques divers. Il
ressort de notre étude que plus de 95% de risques environnementaux sur
les hauts reliefs de Yaoundé sont amplifiés par des
activités humaines. Certains mouvements de terrain peuvent survenir
lorsque les activités de l'homme favorisent la pénétration
de l'eau dans un sol instable comme c'est le cas à certains endroits sur
les collines étudiées. Il en est de méme de l'exploitation
de carrière de pierres. Ces activités, combinées aux
abondantes pluies de Yaoundé et à l'instabilité des
horizons du sol peuvent provoquer des mouvements de masse de la terre et des
décollements rocheux. Les versants abrupts et les bas fonds
marécageux sont dits zones à écologie fragile parce que
ces terrains sont très instables et par conséquent exposés
respectivement aux risques de mouvements et d'inondations. En effet, dans les
vallées et bas fonds des collines de Yaoundé, les inondations
sont récurrentes. A la moindre pluie, les affluents du Mfoundi qui est
le principal collecteur drainant la ville, sortent de leur lit ; « cela
arrive non seulement parce que les lits de rivières sont
encombrés par les constructions, mais aussi parce que le ruissellement
devient très important d'année en année à cause de
toutes les surfaces occupées définitivement par les
établissements humains et la perte de la végétation
naturelle ». Les résultats sur le terrain ont montré que les
activités humaines sont celles qui font le plus de mal dans ces sites.
Autrement dit, l'homme est le principal perturbateur de l'environnement
collinaire à Yaoundé. Il se dégage clairement des
observations que si ces sites avaient été conservés dans
leur état naturel, il y aurait moins de risques pour l'environnement et
pour les populations.
Bien qu'il n'existe pas de risque zéro, le
développement durable nécessite une évaluation exacte du
risque et une décision judicieuse. En aménageant les zones
collinaires de Yaoundé, une évaluation du risque pourrait
être réalisé plus efficacement à l'aide d'une
approche coordonnée d'analyse et de gestion des risques
environnementaux, par la planification et la minimisation des risques pour les
communautés locales par :
- L'identification et la compréhension de la nature et de
l'ampleur des risques environnementaux sur les collines de Yaoundé et
leurs terrains attenants ;
- L'orientation des activités humaines vers les zones les
plus appropriées ; - L'assurance que les activités n'engendrent
pas des risques inacceptables ;
- L'assurance que les activités potentielles de
développement n'engendrent pas le risque pour les populations.
Il convient de relever pour le dénoncer que la
situation foncière et la pauvreté grandissante d'une couche de la
population ont contribué à l'occupation désordonnée
de ces zones réservées. En effet, l'insécurité
foncière, la pauvreté et le faible revenu de la majorité
de la population yaoundéenne favorisent l'installation et l'exploitation
des sites pour la survie. D'après Abéga (2006), le terrain
coûte moins cher dans ces zones ; que se soit en termes de location ou de
vente. Les autochtones se considèrent toujours comme de légitimes
propriétaires de ces espaces et pensent en disposer comme ils
veulent.
PERSPECTIVES.
Les propositions énoncées visent à
trouver des voies et moyens permettant la réappropriation et la
restauration rapide et efficace de la biodiversité sur les collines de
Yaoundé et leurs terrains attenants. Une gestion environnementale de ces
sites devrait par conséquent intégrer prioritairement le
déguerpissement et le reboisement. La GUY pourrait plus urgemment
envisager :
- Sur le plan social et institutionnel
|
entreprendre une sensibilisation de tous les acteurs en
général et particulièrement des populations riveraines
à travers les canaux de communication tels que la radio, la TV, la
presse, la diffusion des plans et des dépliants.
|
Susciter la réflexion sur l'élaboration et
l'adoption d'une loi sur les espaces montagneux par les ministères
sectoriels et l'organe compétent.
une analyse approfondie des meilleures pratiques et des
besoins prioritaires en matière d'éducation et de sensibilisation
pouvant permettre une bonne implication des communautés locales à
la préservation et la conservation des ressources naturelles ;
un inventaire de toutes les parties prenantes dans la mise en
oeuvre des actions de reboisement sur ces collines ;
une identification des canaux de communication pouvant soutenir
un programme de restauration des écosystèmes
dégradés sur les collines de Yaoundé.
Ceci pourra à termes conduire à :
-Sur le plan environnemental et de loisirs
un aménagement de ces sites à travers des projets
de foresterie communautaire qui les protégerait des risques ;
une amélioration du cadre de vie par le renouvellement
naturel de l'air (séquestration du carbone) et l'embellissement du
paysage ;
une diminution substantielle des risques environnementaux sur les
collines et autour (inondation, mouvements de terrain, décollement
rocheux...)
une récupération, un aménagement et un
équipement des collines de Yaoundé pour éventuellement y
créer des centres de loisir et de détente ;
l'assurance d'une approche de boisement intégrant la prise
en compte des paysages, des ressources en eau, de la diversité
biologique et de l'intérêt récréatif.
-Sur le plan de la recherche et de l'éducation
environnementale
|
une intégration de la foresterie dans les programmes
d'éducation à l'environnement en milieu scolaire ;
une documentation sur les caractéristiques essentielles
des écosystèmes naturels des hauts reliefs ;
le suivi de la dynamique à long terme de ces
écosystèmes forestiers naturels de colline et
l'établissement des liens entre les changements climatiques et ces
écosystèmes ;
la coordination des formations des partenaires (Associations,
ONG...) de la CUY dans le sens de l'appropriation du reboisement des collines
de Yaoundé.
|
-Sur le plan économique et de lutte contre la
pauvreté
un aménagement de ces collines (restauration, reboisement)
permettrait á coup sûr l'écotourisme en milieu urbain ;
une réduction des dépenses de santé par la
promotion de la pharmacopée traditionnelle.
une valorisation de la l'horticulture c'est-á-dire la
culture des fleurs qui est un produit qui peut être bien vendu à
l'extérieur du pays, d'où une lutte contre la pauvreté
;
un développement économique, social et culturel
des localités concernées en particulier et de la ville en
général, les PFNL étant une source de devises ainsi que
l'écotourisme. Le tableau 4.6 ci-dessous synthétise les
problèmes, les solutions et les acteurs pouvant éventuellement
intervenir pour la réhabilitation des collines de Yaoundé.
Tableau 4.6 : Problèmes, solutions et acteurs
pouvant intervenir sur les collines de Yaoundé.
Problèmes
|
Solutions
|
Acteurs
|
Dysfonctionnement sur le plan institutionnel
et règlementaire
|
Sensibilisation/communication et gestion urbaine
participative
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Dégradation de la biodiversité et
de l'esthétique du paysage, réchauffement climatique
|
Reboisement
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Insuffisance de l'éducation environnementale
|
Education a l'environnement, formation des partenaires
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Chômage et pauvreté des riverains
|
Aménagement et valorisation (écotourisme,
pharmacopée traditionnelle)
|
CUY, CUA, population locale
|
Perte de l'espace agricole et forestier, érosion
|
Déguerpissement et recasement
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
Zonage peu connu
|
Délimitation effective et matérielle
des espaces réservés, communication
|
CUY, CUA Ministères sectoriels
compétents, population
|
Insuffisance de connaissances des risques
|
Sensibilisation/information/communication
|
CUY, CUA, Ministères sectoriels
compétents, ONG, privé, population
|
En somme, la résolution des problèmes
posés par les risques environnementaux ne peut être le fruit des
seuls pouvoirs publics, ni l'apanage des seuls experts. Dès lors, la
recherche d'une solution négociée avec l'ensemble des acteurs,
c'est-à-dire la recherche de nouveaux modes de gouvernance
s'avère primordiale.
RECOMMANDATIONS.
Cette étude avait pour objectif principal de montrer la
transformation d'espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l'action de
l'homme et les risques environnementaux qui en découlent ; notamment sur
les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants. Nous avons
recensé grace aux outils de la MARP et de l'EE les activités de
l'homme sur les collines de Yaoundé, identifié les risques et
proposé une typologie, déterminé le niveau de connaissance
des populations sur les notions de risque. En termes de recommandations, nous
en avons fait pour chaque site étudié et sur le plan
général.
Recommandations site par site.
Pour chacun des sites étudiés, nous pensons que la
Communauté Urbaine de Yaoundé doit :
- A Akok Ndoué, considérer la
route qui part de derrière l'IRAD (NW), et longe le flanc de la colline
jusqu'à Mewoulou (façade Est), en passant par Akok Ndoué I
et II comme limite de déguerpissement. Autrement dit, toute la zone
située le long de cette route en amont doit être déguerpie,
reboisée et classée comme zone interdite de toute activité
humaine dégradante pour l'environnement. Le côté droit de
la route selon que l'on va de l'IRAD vers Akok Ndoué II étant
totalement humanisé aujourd'hui jusque dans la vallée. La figure
00.1 est une représentation des limites de ces zones.
Zone à reboiser
Zone à déguerpir et à
reboiser
Zone complètement
urbanisée
Altitude (en mètre) 970
900
800
777
660
NW (vers l'IRAD)
Akok Ndoué
SE (vers Akok Ndoué II)
Figure 00.1 : Zone à déguerpir sur la
façade NW/SE du mont Akok Ndoué
(Source : Observations de terrain, déc.
2010)
Il va se poser un problème de relogement des
populations sur ce site. Nous y avons compté en 2010, environ 193
maisons ; ce qui fait à près 1351 ménages si l'on
considère la moyenne de 07 personnes par foyer. La GUY doit
étudier les possibilités de dédommagement de tous les
occupants du site en organisant leur recasement dans les nouveaux quartiers
comme à Mendong ou à Simbock.
- A Mbog Ndum, trois maisons seulement sont
concernées par le déguerpissement. Ge site, qui de loin semble
encore naturelle, est déjà suffisamment attaqué par les
activités de coupe illégale du bois et les champs. La GUY doit
donc interdire toute activité destructrice du milieu au-delà de
800 mètres d'altitude. En deçà de cette altitude, les
activités doivent être règlementées. La GAY
7e doit assurer la mise en oeuvre et le suivi de la
réglementation à ce niveau.
- A Minloa, aucune habitation ne se trouve
aux environs immédiats du massif. La GUY doit restaurer la poche de
forêt sommitale qui est en voie de disparition. Elle doit y interdire
l'activité agricole. Il en est de méme de l'exploitation de
pierre sur la colline et du sable dans la vallée (côté
Est). Par contre, la pisciculture qui n'a nécessité aucun
aménagement artificiel et qui exploite le milieu naturel sans le
perturber peut être maintenue. Ge massif rocheux très proche du
mont Messebe (800m environ), offre des possibilités à la GUY pour
des aménagements à caractère touristique.
- A Ebaminala, la CUY doit interdire
l'exploitation du bois, l'agriculture et réglementer la chasse aux
rongeurs qui, selon les riverains se fait avec le feu de brousse. Le
déguerpissement est à envisager et ne concerne qu'une vingtaine
de maisons sur le flanc SE ; où les populations commencent à
s'installer à plus de 800 mètres d'altitude. Les activités
religieuses qui s'y déroulent en font un lieu de recueillement et de
loisir qui est peu connu.
- Aux monts Messa, la GUY a lancé il y
a peu les opérations de déguerpissement et de reboisement ;
notamment sur la façade Est et Sud (côté Oyom Abang). Ges
opérations doivent se poursuivre jusque dans les vallées à
Ekorozok et Etétak par exemple, où les inondations et les risques
de chutes de blocs sont perceptibles. A l'Ouest du mont, du côté
du Camp SONEL (SO), jusqu'à Oliga (NO), la GUY doit déguerpir les
populations qui sont entrain de s'installer sur le mont et méme dans la
vallée drainée par la rivière Afémé. Nous
suggérons que la vallée à l'Ouest de Messa constitue la
limite entre le mont et la zone urbanisable.
- A Mbankolo, nous recommandons à la
GUY de préserver le flanc Ouest où une route a été
récemment ouverte en direction de Fébé village par
l'interdiction des activités dangereuses pour l'environnement. Les
maisons situées en amont de cette route doivent être
déguerpies et la zone reboisée. La figure 00.2 montre les limites
possibles à déguerpir et à boiser à l'Ouest du mont
Mbankolo.
Mbankolo
1000
900
Zone à déguerpir et à
reboiser
800
Zone urbanisée
700
660
SW (Oliga) SE (carrefour Mbankolo)
Figure 00.2 : Secteur de déguerpissement sur
le flanc Sud-ouest/Sud-est de Mbankolo.
(Source : Observation de terrain, déc. 2010)
Recommandations sur le plan
général Dans un cadre beaucoup plus
général, nous pensons :
- Qu'il est impérieux d'interdire toute
activité humaine destructrice du milieu (agriculture,
déforestation, carrière, construction, etc.) au-delà de
800 mètres d'altitude sur les collines Akok Ndoué, Mbog Ndum,
Minloa, Ebaminala, Messa, Mbankolo, Fébé et tous les autres hauts
sommets de Yaoundé qui peuvent être encore
récupérés (Eloumden, Messebe, Abannanga, Mbekum, Mbam
Mimkom, Nkolondom, Yéyé, etc.). Toutes ces actions ne peuvent
être efficaces qu'avec la participation et l'adhésion de tous les
acteurs. C'est pourquoi nous recommandons à la GUY l'approche
participative.
- Le recours à l'approche
participative, à l'adhésion populaire de la gestion
environnementale des hauts sommets de Yaoundé est d'actualité.
Ceci suppose donc une sensibilisation des populations locales et environnantes.
Des campagnes d'éducation, d'information/communication et de
sensibilisation permettront d'apporter des connaissances aux populations sur la
protection et la gestion durable des ressources sur les collines de
Yaoundé ; ce qui pourra contribuer à impliquer ces populations
à la restauration de ces sites pour une cogestion avec la CUY.
- Une sensibilisation permanente des
riverains permettra de modifier véritablement les comportements. Elle
contribuera à l'amélioration de la flore et de la faune, à
la restauration de la biodiversité des collines dégradées.
La mise en oeuvre d'une telle démarche aboutira à un
déguerpissement beaucoup plus pacifique et humain des collines de
Yaoundé ainsi que leurs vallées et bas fonds ; puisque les
décisions seront prises sur la base d'un consensus.
- Nous pensons aussi qu'un zonage à
Yaoundé en général et particulièrement sur les
hauts sommets s'impose. Le zonage consiste à diviser après
enquête publique, le territoire de la ville en zones et d'en
déterminer la vocation afin d'y contrôler l'usage des terrains et
des bâtiments ainsi que l'implantation, la forme et l'apparence des
constructions. Un tel zonage permettra d'avoir la visibilité dans la
croissance des limites de l'espace urbain, une planification et une maitrise du
développement de la ville. De plus, il va assurer la
sécurité foncière et atténuer les conflits fonciers
entre les occupants, les autochtones et la CUY. La figure 00.3 est un profil
montrant un zonage possible des collines de Yaoundé.
Altitude (en mètre)
+900
Zone interdite de toute activité
destructrice de l'environnement
800
Colline
Zone à activités
règlementées
700
Vallée
Zone inconstructible
660
Figure 00.3 : Proposition de zonage des coiines de
Yaoundé. Fékoua, 2010.
- En ce qui concerne les pistes ouvertes sur les collines de
Yaoundé et menant aux antennes de communication qui y sont
installées, nous recommandons que la GUY exige que deux rangées
de haies vives, avec un écartement de cinq mètres soient
plantées de part et d'autres de ces pistes et qu'à partir de 800
mètres d'altitude, un poste de surveillance soit
installé pour dissuader les populations d'accéder au sommet. En
effet, les riverains ont exploité ces pistes pour accéder
à la zone interdite et mener des activités nocives pour
l'environnement.
- Pour assurer la mise en oeuvre d'un
reboisement légal, et compte tenu du caractère
permanent de la forét qu'il faut restaurer et l'urgence de ces effets
attendus, nous pensons qu'on peut mettre en place des essences naturelles
locales à croissance rapide qui formeront la strate supérieure,
tandis que d'autres espèces naturelles locales de tailles moyennes
seront introduites dans les intervalles en vue de la production des PFNL dont
la consommation est courante dans la région et auxquels les populations
peuvent facilement s'adapter. Pour assurer une bonne couverture du sol des
terrains très accidentés et exposés à une forte
érosion sur les
collines de Yaoundé, les équidistances de 5 m
entre les essences principales sont recommandées ; les essences
secondaires étant simplement intercalaires. Les essences naturelles
locales suivantes, du tableau 4.7 peuvent être retenues pour le
reboisement des collines dégradées de Yaoundé.
Tableau 4.7 : Principales essences locales
antérieures et pouvant être plantées sur les collines de
Yaoundé.
Essences principales
|
Nom scientifique
|
Nom commercial
|
Nom vernaculaire
|
Terminalia ivorensis
|
Framiré
|
Lidia
|
Terminalia superba
|
Fraké
|
Akom
|
Canarium schweinfurthi
|
Aïélé
|
Abel/Otui
|
Anthrocarium klaineana
|
Onzambili
|
Angongui
|
Detarium macrocarpum
|
Mambodé
|
Amouk
|
Afzelia pachyloba
|
Pachyloba
|
Mbanga afum
|
Chlorofora excelsa
|
Iroko
|
Abang
|
Inga edulis
|
Longeon
|
|
Vitex ciliata
|
Vitex
|
Evoula
|
Essences secondaires
|
Garcinia kola
|
Bitter cola
|
Oyié
|
Kola acuminata
|
Kola
|
Abeu
|
Tricocipha acuminata
|
Mvut
|
Mvut
|
Cola pachycarpa
|
Kola des singes
|
Ekom
|
Mirianthus arborea
|
Ananas des singes
|
Engokom
|
Source : CUY/DST/SPJ Yaoundé, 2010
La loi N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime
des forêts et de la faune, dans son article 33 a prévu un taux de
reboisement de 800 m2 pour 1000 habitants. Ce qui veut dire que pour
une ville comme Yaoundé qui compte aujourd'hui environ 1 800 000
habitants, la surface boisée devrait se situer autour de 1 440 000
m2 ; soit environ 14.400 ha.
Sur le terrain, « les réserves du cordon
forestier, au lieu d'être reboisées, sont profondément
modifiées par l'action humaine dans une forêt
dégradée et en récession continue ". Au lieu de reboiser
et de préserver, on a procédé à la destruction de
la forêt sous l'oeil complice ou impuissant des autorités qui
n'ont rien entrepris pour mettre fin ou mieux limiter le désastre. Selon
certaines informations, Yaoundé ne posséderait même plus la
moitié de forêt qu'elle disposait au moment de l'adoption de la
loi de 1994.
Les résultats de l'étude à Gbazabangui
précédemment cité, montrent qu'en un peu plus d'une
décennie de reboisement, « sur une superficie totale de 70 ha de
zones hautement dégradées à hauts risques, 42 ha ont
été réhabilités. La biodiversité de la
colline a connu une restauration potentielle avec le retour des champignons,
des papillons et chenilles, des céphalophes, des cercopithèques,
des cercocèbes, du serpent boa et des aulacodes qui pullulent notamment
dans la zone protégée. Les chutes de pierres dans les fronts Est,
Sud-est et Sud-ouest qui causaient des accidents ont cessé. Le volume
des eaux de ruissellement a baissé, entrainant ainsi la baisse des
inondations dans les quartiers tels que Benzvi et Gbakondja situés
à faible altitude. Les dépenses publiques affectées
annuellement au débouchage des canaux d'évacuation ont
été réduites de plus de la moitié. Elles sont
passées de 565 000 000 de F.cfa/an en 1997 à 252 000 000 de
F.cfa/an en 2007. En outre, le financement des microprojets et les multiples
campagnes de sensibilisation ont permis la réduction des pénuries
alimentaires dans les quartiers riverains ainsi que les pressions anthropiques
sur les ressources de la réserve ".
Au Cameroun par contre, l'Etat continu de dépenser
beaucoup d'argent pour lutter contre les inondations. En 2008 par exemple, une
somme d'environ 190 000 000 de F.cfa a été consacrée aux
inondations à Nkobisson, au curage des caniveaux à Etétak,
Oyom Abang et au calibrage des berges de l'Abiergue. Cet argent aurait
certainement servi à financer autre chose s'il n'y a avait pas eu de
déforestation sur les collines de Yaoundé. Nous croyons qu'un
projet comme celui de Gbazabangui, s'il est adopté et mis en pratique
à Yaoundé, permettra à coup sûr de restaurer la
végétation naturelle et la biodiversité ; ce qui
favorisera à termes le développement d'un écotourisme sur
ces sites qui sont à Yaoundé d'importants sites touristiques et
de divertissement qu'il faut tout simplement récupérer, restaurer
et valoriser.
Pour ce qui est justement de la restauration et de la mise en
valeur des écosystèmes montagnards de Yaoundé, nous allons
monter un projet de reboisement d'un site en accord avec la CUY pour
concrétiser notre souci partagé avec le
Délégué du gouvernement de redonner à
Yaoundé sa verdure et sa fraicheur d'antan. En ce qui concerne la
valorisation des sites, nous sommes disposé si la CUY nous permet de
poursuivre la réflexion, de recenser tous les sites touristiques
naturels de colline à Yaoundé et d'en faire des propositions
d'aménagement simple et à moindre coüt pour une exploitation
rentable et durable.
|