CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il convient de dire que nous
sommes partis du constat qu'il y a environ quatre décennies,
Yaoundé a enregistré une croissance démographique
spectaculaire. Cette forte augmentation de la population s'est
accompagnée d'une mutation de l'espace urbain ; qui s'est
manifestée par une extension spatiale rapide de la ville vers la
périphérie. L'urbanisation non contrôlée
doublée de l'insécurité foncière et la
pauvreté ont amené les populations à conquérir
progressivement les collines ceinturant le site de Yaoundé pour mener
des activités pouvant leur permettre de survivre.
De plus, la valorisation des villes intermédiaires qui
devait permettre de relancer d'autres pôles d'urbanisation et absorber
l'implosion démographique interne dont souffre Yaoundé n'a pas
suivie. L'exploitation de ces sites à écologie fragile ne s'est
pas faite sans conséquences pour l'environnement, les populations et
leurs biens. C'est ainsi que dans le cadre de l'observation de la situation des
villes camerounaises afin d'explorer les problématiques relatives
à la vulnérabilité à laquelle les populations sont
exposées chaque jour, nous nous sommes rendu compte en ce qui concerne
Yaoundé ; que les inondations et le réchauffement constituent les
problèmes majeurs de l'heure. Nous nous sommes alors posé la
question de savoir quel lien pourrait-il exister entre les
phénomènes d'inondation, de réchauffement et
l'anthropisation des hauts sommets de Yaoundé. Au sortir du contexte
cidessus résumé, on s'est fixé comme objectif
d'étude de montrer la transformation d'espaces, de paysages ou de
milieux naturels sous l'action de l'homme et les risques environnementaux qui
en découlent sur les collines de Yaoundé et leurs terrains
attenant.
Pour mener à bien cette étude, nous avons fait
une recherche documentaire dans les bibliothèques publiques et
privées. Nous avons opté pour des raisons d'efficacité,
pour la méthode accélérée de recherche
participative (MARP) et les outils de l'évaluation environnementale (EE)
; pour recenser, collecter, analyser et caractériser les données
sur les sites étudiés. La cartographie et les images Aster nous
ont permis d'évaluer l'évolution et les impacts des
activités humaines sur la zone d'étude. Les descentes sur le
terrain ont permis de lever des points GPS sur les sept collines retenues de
manière aléatoire pour l'étude sur la vingtaine de
collines que compte Yaoundé. Toutes les données GPS
collectées et enregistrées étaient notées sur une
fiche. Ces données ont été projetées sur la version
numérique de la carte topographique de Yaoundé grâce aux
logiciels MapSource et Arview ; ce qui nous a permis de digitaliser des
éléments caractéristiques de la zone d'étude pour
réaliser nos cartes.
Il ressort des résultats de ce travail que les
activités humaines sont le principal facteur de destruction du milieu et
d'aggravation des risques. Ces activités qui impactent
négativement les sites et aggravent les risques auxquels les populations
s'exposent sont : l'agriculture, l'habitat, l'exploitation de pierres et de
sable et la foresterie. Les risques sur les collines de Yaoundé sont
induits à 96% par les activités humaines. Ces risques induits
sont : l'érosion, la déforestation, les feux de brousse et les
risques de contamination de l'eau et de l'air. A côté des risques
liés aux activités humaines, il y a les risques naturels qui
concernent les mouvements de terrain (glissement, éboulement,
écroulement, chutes de blocs, coulée boueuse), les inondations et
les risques liés au séisme.
Il faut reconnaître que depuis l'avènement du
Délégué du Gouvernement auprès de la
Communauté Urbaine de Yaoundé actuel, des efforts sont faits en
vue d'atténuer ces risques. On peut citer entre autres le calibrage des
berges du Mfoundi (qui est en cours), la création de multiples parcs et
jardins dans la ville, le déguerpissement et le reboisement de la
façade Est de Messa. Cependant, beaucoup reste encore à faire
pour préserver l'environnement et réduire les risques auxquels
les populations, du fait de l'urbanisation croissante, sont exposées au
quotidien.
Les populations ne sont pas souvent conscientes des
dégâts qu'elles causent et des dangers auxquels elles s'exposent ;
parce qu'elles ne sont ni informées, ni impliquées dans la
gestion de l'espace urbain tant il est vrai que c'est à la CUY
qu'incombe la responsabilité de garantir un cadre de vie sain et
agréable à tous les citadins ; car « ils ont droit à
une vie saine et harmonieuse avec la nature » comme le relève le
principe I de le Déclaration de Rio de 1992. Mais, on ne saurait
gérer durablement les ressources sur les collines de Yaoundé sans
implication des populations locales comme c'est le cas en ce moment. C'est
pourquoi nous recommandons à la CUY une approche participative, une
adhésion populaire devant déboucher sur une cogestion des
sites.
A l'état actuel de l'étude, le
déguerpissement progressif, l'interdiction formelle de toute
activité humaine dangereuse pour l'environnement au-delà de 800
mètres d'altitude et la délimitation claire et précise
(zonage) sur les monts Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa, Ebaminala, Messa,
Mbankolo et Febe s'avèrent indispensables. Les actions à mettre
en oeuvre pour la récupération, la restauration et la
valorisation des sites collinaires à Yaoundé par la CUY sont :
les actions directes de régénération telles que le
reboisement et la surveillance qui ont fait leurs preuves dans une ville comme
Bangui ; et les actions indirectes telles que
l'information/communication, la formation et la
sensibilisation. Ces actions supposent que le politique renforce davantage la
sécurité foncière, la simplification des procédures
d'obtention d'une propriété foncière et la transparence
dans sa mise en application. La mise en oeuvre de telles actions contribuera
véritablement à restaurer ces milieux qui sont « un don de
la nature » pour la capitale Yaoundé ; car pouvant ouvrir la voie
à un développement écotouristique durable.
LISTE DES PERSONNES RENCONTREES
Noms
|
Statut/adresses
|
Sites
|
Fonction
|
Remarques
|
Amougou Ngoumou Pierre
|
Adjudant militaire à la retraite
|
Akok Ndoué
|
Chef de bloc
|
Propriétaire terrien
|
Nama Herman
|
-
|
Mbog Ndum
|
Chef de 3e degré
|
Autochtone
|
Bouli Onambélé
|
96427036
|
Minloa
|
-
|
Propriétaire terrien
|
Mballa Tsanga Joseph
|
-
|
Minloa
|
Chef de quartier
|
Patriarche
|
Akono
|
Capitaine de gendarmerie retraité
|
Ngoulemakong
|
Chef de 3e degré
|
Localité entre Minloa et Ebaminala
|
Edoa Janvier
|
Petit-fils d'Edoa
|
Nkol Edoa ou Ebaminala
|
-
|
Propriétaire terrien
|
Ongbwa B.
|
Arrière petit-fils d'Ongbwa Bissogo
|
Mbankolo
|
Chef de 3e degré
|
Famille ayant dirigé la résistance
aux colons allemands
|
-
|
-
|
Etétak
|
Chef de 3e degré
|
Entretien avec le fils du chef
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