4.2 - DISCUSSION DES RESULTATS
4.2.1 - Tentatives
d'aménagement/réaménagement sans suite
Les collines de Yaoundé constituaient jusque dans les
années 80 d'importantes réserves forestières. Ces
réserves qui couvraient ces monts et qui, selon les programmations
antérieures devraient être strictement conservées
conformément à la réglementation et même
reboisées à hauteur de 78 ha jusqu'en l'an 2000, font partie du
domaine national et ont été pour la plupart classées
« zone interdite de construction " ; bien que les autochtones
considèrent ces espaces comme leur propriété compte tenu
du droit d'usage qu'ils ont toujours exercé dans le cadre de leurs
activités agricoles et autres. De plus, la CUY a demandé et
obtenu depuis janvier 2008 (voir arrété en annexe) la
Déclaration d'Utilité Publique (DUP) sur les hauts sommets et
leurs terrains attenants tels que Fébé, Mbankolo, Messa, Akok
Ndoué et autres ; ce qui est une preuve que la CUY envisage
aménager ces lieux dans un futur proche. Seulement, les projets de
restauration de la biodiversité de ces milieux tardent à se
mettre en place ; alors que des conventions dans ce sens ont été
signées entre le Minfof, le Minep, la CUY et certaines associations
(voir annexes). Ces initiatives sont restées sur du papier et rien n'est
encore visible sur le terrain.
Comment donc comprendre que malgré toutes ces mesures,
les populations continuent à s'activer sur ces sites. En effet, Il y a
un peu plus de deux décennies, la CUY avait installé des
pancartes (au lieu de délimiter clairement des zones) à partir de
la zone d'altitude 800 mètres sur lesquelles on pouvait lire : «
République du Cameroun, Communauté Urbaine de Yaoundé,
zone de hauts reliefs protégés, interdite à la
construction ». Mais, ces mesures n'ont pas été suffisantes
pour dissuader les occupants illégaux qui continuent d'investir les
lieux comme le remarque le rapport d'étude de
SéverinCécile Abéga : « Ni les pancartes, ni les
avertissements de l'administration n'ont dissuadé l'investissement de la
zone ». Il faut aussi reconnaitre que le message de ces pancartes
n'était pas clair et précis pour arrêter toute action
destructrice sur ces collines. En effet, en y mettant « interdite à
la construction ", le message laissait entrevoir implicitement que seuls les
chantiers de construction y étaient proscrits. Les autres
activités toutes aussi dégradantes pouvaient donc être
menées.
C'est sans doute, comme le fait remarquer Mandengue (2009),
« la raison pour laquelle ces zones d'altitude continuent jusqu'à
ce jour de subir d'énormes pressions humaines à travers les feux
de brousse, les cultures itinérantes sur brûlis
»17, la déforestation, l'exploitation de
carrière, l'élevage, les antennes émettrices ; méme
si l'habitat spontané y connaît un certain ralentissement.
Au-delà de la lenteur voire la léthargie des
autorités municipales à mettre en oeuvre des actions
concrètes de réappropriation et de restauration des collines et
l'ambiguïté qui se dégage sur le libellé des plaques
de la CUY, il y a le manque d'information et la non implication des populations
qui ne sont pas souvent conscientes des dégâts qu'elles causent et
des risques auxquels elles s'exposent qui peuvent expliquer que les
activités anthropiques restent croissantes sur les collines de
Yaoundé.
L'urgence de déguerpir progressivement et sans
ménagement tous les habitats et construction situés
au-delà de 800 mètres et de mettre en oeuvre immédiatement
un programme d'aménagement et de valorisation des sites environnementaux
étudiés est véritablement d'actualité ; compte tenu
de la pression urbaine constatée sur le terrain.
Notre propos n'est pas de soutenir que les flancs des collines
ne sont pas habitables. « Bien au contraire, les terrains en montagnes
sont les plus chers sous d'autres cieux, pour leur exploitation
hôtelière et touristique, l'essentiel étant aux normes de
construction ». Nous préconisons à cet effet, des actions de
régénération des zones dégradées comme
celles qui ont fait l'objet d'une étude à Gbazanbangui en RCA
(Tagboka, 2009) et qui ont montré leur efficacité. Il s'agit des
actions directes de régénération telles que le reboisement
et la surveillance qui peuvent impacter positivement l'environnement
biophysique et humain des riverains. Il y a également
l'expérience du reboisement à Kaélé dans le Nord
Cameroun où de 2008 à 2009, trois sites de reboisement ont
été crées comprenant essentiellement des essences
naturelles locales adaptées au milieu et auxquelles les populations sont
habituées. D'après le Délégué du MINEP
à Maroua, le taux de réussite de ce projet se situe autour de
80%. Il souligne que dans le site de 1500ha crée en 2008 à
Léra, on a enregistré le retour de la faune (singes, lapins,
gazelles, oiseaux) et un regain d'activités liées aux PFNL.
17 Mandengue, S. (2009) : « La micro foresterie
en milieux urbain et périurbain camerounais : enjeux et perspectives (le
cas de la ville de Yaoundé), p.73
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