4.1.2.2- Typologie des risques sur les collines de
Yaoundé
Nous nous sommes essayés à une typologie de ces
risques mais, il faut signaler que nous avons été
confrontés au fait que différents facteurs de risque
interagissent les uns avec les autres de sorte que certains risques
relèvent de plusieurs catégories à la fois. Nous avons dit
au départ que l'expression de « risques environnementaux »
dans le cadre de cette étude intègre les risques
générés par les activités humaines sur
l'environnement, et les risques compris comme relevant du naturel ; pesant sur
la vie de l'homme et sur ces biens. Compte tenu de cette définition,
nous avons regroupé les risques environnementaux relevés sur le
terrain en deux grands types : les risques naturels et les risques induits par
les activités humaines.
- Les risques naturels
Ils désignent « le risque que ressent,
perçoit et subit un groupe social ou un individu soumis à
l'action possible d'un processus physique, d'un aléa
»16. Ils ne sont qu'une composante du risque environnemental et
se caractérisent par des aléas naturels ; sousentendu que tous
les risques sont aggravés par les activités humaines. Ils
concernent :
16 Veyret et al. Op cit.
Les mouvements de terrain
Par mouvements de terrain nous entendons un ensemble de
déplacements, plus ou moins brutaux du sol, d'origine naturelle ou
anthropique. Les déplacements peuvent être lents ou très
rapide. Les mouvements de terrain les plus à même de se produire
sur les collines de Yaoundé sont : les glissements de terrain (photo
4.5), les éboulements et les écroulements qui sont le
déplacement d'une masse de terrains meubles ou rocheux au long d'une
surface de rupture par cisaillement qui correspond souvent à une
discontinuité préexistante. Ils se produisent
généralement en situation de forte saturation des sols en eau.
Ils mobilisent des volumes considérables de terrain, qui se
déplacent le long d'une pente. Il y a ensuite les chutes de blocs ou les
décollements rocheux : l'évolution de versants rocheux engendre
des chutes de pierres, des chutes de blocs.
Les blocs isolés rebondissent ou roulent sur le versant
(cas de Mbankolo en 1986). Enfin, on a noté une possibilité de
coulées boueuses et torrentielles à Messa, qui sont
caractérisées par un transport de matériaux sous forme
plus ou moins fluide. Les coulées boueuses se produisent sur des pentes,
par dégénérescence de certains glissements avec afflux
d'eau. La figure 4.3 ci-dessous montre le principe de chute de blocs et de
certains mouvements de masse.
Ecroulement d'escarpement
Figure 4.3 : Schémas de principe de chutes de
blocs et de mouvement de terrain.
(Source : BRGM, Risques, 2009).
Les inondations
C'est le débordement d'eau qui submerge les terrains
environnants ; détruisant tout au passage et causant parfois des pertes
en vie humaines. L'inondation peut être provoquée par les eaux
d'une rivière en crue et/ou par remontée de nappes, par du
ruissellement (issu de précipitations) sur substrat imperméable
(saturation). Les inondations ne sont qu'une conséquence des crues.
Les séismes
Dans une moindre mesure ; comme celui qui a eu lieu
dernièrement dont l'épicentre était à
Monatélé qui a été ressenti à
Yaoundé. Ils peuvent provoquer des mouvements de blocs instables qu'on
rencontre un peu partout sur les hauts sommets de Yaoundé.
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Cette photo montre le point de rupture de la terre,
large d'environ 15 mètres qui a glissésur près
d'une trentaine de mètres,
emportant la végétation. Une menace
sérieuse pour les populations installées en aval.
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Photo 4.5 : Glissement de terrain sur le flanc du
Mont Mvog Beti à Yaoundé. (Source : Fekoua,
décembre 2010).
- Les risques induits par les activités
humaines.
Ce sont ceux qui résultent d'aléas dont
l'efficacité est accrue par les activités humaines et les
aménagements. Les risques provoqués ou aggravés par les
activités humaines sur les collines de Yaoundé et leurs terrains
attenants en dehors des mouvements de terrain et des inondations sont :
l'érosion
C'est l'action par laquelle divers éléments
constituants les horizons superficiels de la couverture pédologique sont
enlevés par le vent, la pluie, les rivières, les glaciers. Sur
les collines de Yaoundé, les activités de fouille, de
terrassement (photo 4.6), de prélèvement de pierres (photo 4.7)
et de sable, la pratique culturale, déstabilisent le sol et favorisent
l'érosion.
la déforestation
C'est le phénomène de régression des
surfaces couvertes de forét. Elle résulte des actions du
déboisement puis du défrichement, liées à
l'extension des terres agricoles, à l'urbanisation. La perte d'arbres,
qui ancrent le sol avec leurs racines, cause une érosion répandue
sur les hauts sommets et vallées de Yaoundé.
le feu de brousse
Il est couramment pratiqué par les riverains pour
chasser les parasites, brûler les herbes et pour la chasse (à
Ebaminala). L'utilisation fréquent des feux de brousse jusqu'aux abords
des habitations constitue une menace pour l'environnement et les
populations.
la contamination de l'eau et de l'air
L'incinération des pneus pour fragiliser la roche dans
les carrières impacte sur la qualité de l'air. Il en est de
méme du rejet des ordures dans les cours d'eau et des déchets de
la boucherie à Messa. La typologie des risques environnementaux
observés sur les collines de Yaoundé est résumée
dans le tableau 4.5.
Photo 4.6 : Terrassement à Messa. Photo 4.7 :
Blocs instables à Mvog Béti
La photo 4.6 ci-dessus montre un terrassement
effectué sur une zone pentue en aval d'une maison déjà
construite ; ce qui représente un risque. (Source : Fékoua,
déc.2010).
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La photo 4.7 montre des blocs de roches fragilisés
par chauffage avec des pneus. Un risque permanent de chute et une contamination
de l'air. (Source : Fékoua, décembre 2010).
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Tableau 4.5 : Typologie des risques environnementaux
sur les coiines de Yaoundé.
Types de risques
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Aléas
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Risques environnementaux
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- Inondation
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- Mouvements de terrain
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- Précipitations
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- Précipitations
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(glissement, éboulements,
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Naturels
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abondantes
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chutes de blocs, coulées boueuses)
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- Sismiques
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- Séismes
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- Erosion
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- Pratique culturale
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- Déforestation
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- Coupe des arbres
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- Feu de brousse
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- Exploitation de carrière
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- Contamination de l'eau et
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Induits par les activités
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- Défrichement
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de l'air
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- Inondation
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- Mouvement de terrain
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Source : Enquête de terrain, décembre
2010.
Il convient de rappeler que tous les risques qu'ils soient
induits par les activités humaines sur l'environnement ou compris comme
relevant de la nature, sont aggravés par les actions de l'homme. Le
constat est tout simplement inquiétant ; compte tenu de la constante
pression humaine sur ces hauts sommets. En effet, nous avons relevé que
96% de risques environnementaux sur les collines de Yaoundé sont induits
par les activités menées par l'homme et seulement 4% peuvent
être compris comme provenant de la nature. En somme, les observations sur
le terrain ont montré que les zones de végétation
naturelle et les reliques forestières sommitales où on trouve
encore quelques grands arbres isolés sont susceptibles à la
déforestation. Les sommets des collines où les affleurements
rocheux et les blocs de pierres instables sont visibles à plus de 900
mètres d'altitude présentent des risques de chute. Les
escarpements et les talus sont des zones de mi-pente susceptibles aux
glissements/éboulement de terrain. Les zones de champs et de cultures
sur les versants à plus de 800 mètres d'altitude sont plus
susceptibles à l'érosion et au feu de brousse. Les coulées
boueuses et les effondrements surviennent au piedmont des collines ; entre 700
et 800 mètres d'altitude. Les vallées (660 mètres
d'altitude) sont des zones d'inondation. La figure 4.4 est une
représentation spatiale des zones à risques à l'ouest de
Yaoundé.
Figure 4.4 : Zones à risques à l'ouest
de Yaoundé. (Enquête de terrain, Fékoua,
2010)
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