1.3 - REVUE DE LA LITTERATURE
La revue de la littérature m'a permis de consulter et
de constituer une banque de données secondaires sur le thème
d'étude pour mieux cerner la question. Les recherches ont
été faites sur Internet, au centre de documentation de la GUY,
dans les bibliothèques publiques et privées. Il ressort de nos
lectures que plusieurs auteurs ont écrit sur Yaoundé et sur ses
massifs forestiers collinaires. Nous vous présentons ci-après
l'économie des travaux de
quelques auteurs sur cette thématique à
Yaoundé et ailleurs ainsi que les principaux résultats auxquels
ils sont parvenus :
- Franqueville A. (1984), dans son livre sur
Yaoundé aborde globalement les problèmes socio-environnementaux.
Il met l'accent sur le ravitaillement en eau potable dans les quartiers
populeux de Yaoundé. Son propos est de montrer les problèmes
d'approvisionnement posés par la croissance urbaine. Son approche est
double : sur le plan technique, les limites de l'appareil de distribution d'eau
à Yaoundé sont atteintes et le réseau dans la ville «
laisse beaucoup à désirer ». Sur le plan social,
l'urbanisation fait que ~ des habitants des quartiers populeux n'ont pas
facilement accès à l'eau. Ce qui a le plus retenu notre attention
dans ce travail ; c'est la description que l'auteur fait de l'urbanisation
anarchique et les conséquences qui en découlent. Cette
urbanisation est sans doute encore un facteur aggravant de la
dégradation des collines de Yaoundé. C'est une question sur
laquelle nous allons nous pencher dans ce travail pour savoir ce qu'il en est
aujourd'hui.
- Mougoué B. (1985), dans un article
intitulé « La municipalité et l'occupation des sites
inconstructibles à Yaoundé », publié dans
Cameroon Urban Review, donne « une description synoptique de la
cité Capitale ». L'auteur commence par « placer le cadre
urbain dans son environnement naturel ". Il distingue ensuite les zones
urbanisables qui sont « facilement colonisées par l'homme " et des
sites inconstructibles que sont les zones marécageuses. Il
présente les zones de fortes pentes comme des sites où « se
développent de graves phénomènes d'érosion et de
dégradation du sol accentués par l'action de l'homme qui
décape le couvert végétal et accroit le ruissellement
diffus ". En ce qui concerne les zones marécageuses, Mougoué
(1985), remarque simplement que « les conditions d'hygiène y sont
déplorables. Le milieu est propice à l'expansion du paludisme et
des maladies hydriques. Ces sites, bien que relevant du domaine national, sont
néanmoins occupés par une frange de la population. Après
avoir examiné les aspects sociaux économiques des occupants,
l'auteur pense qu'en plus de la pauvreté, il y aurait « la
défaillance des structures étatiques et municipales de
contrôle de l'urbanisation qui expliqueraient l'installation des
populations dans ces milieux dont il présente les mécanismes qui
prévalent à leur occupation. Face à l'obstination des
populations à occuper ces sites, la municipalité est
obligée d'intervenir pour déguerpir et réaliser les
projets d'intérêt communautaire. L'auteur décrit ces
opérations de déguerpissement comme étant spectaculaires
et controversées. Il préconise un aménagement des sites
inconstructibles et reconnait en conclusion que le déguerpissement est
inévitable ; seulement il doit être toujours accompagné
d'un programme de travaux à réaliser sur les sites
libérés. Cette étude de Mougoué
(1985) nous a servi de baromètre pour comprendre par rapport à la
situation actuelle, ce qu'il en était il y a 1/4 de siècle.
- Achoundong G. (1996), s'est investi «
à rechercher dans les collines de Yaoundé les
éléments typiques de la végétation submontagnarde
et tenté de définir les groupements propres à cette
végétation par leurs espèces les plus
caractéristiques ». Ce travail est la preuve que jusqu'à une
époque récente, les collines de Yaoundé étaient
riches en flore et en faune. En effet, l'auteur conclut son étude en
remarquant que les observations sur les sommets des collines de Yaoundé
sont conformes aux conclusions d'A. Aubréville (1932) et R. Schnell
(1952) sur les montagnes de l'Ouest africain. A Yaoundé comme au Mont
Nimba (Guinée), la forét sommitale s'individualise par
l'abondance et la constance remarquable de ce noyau caractéristique qui
est liée aux conditions écologiques particulières de leur
habitat, opérant une sélection qui favorise ces espèces.
Il constate clairement que « sur les pentes des collines de
Yaoundé, la proportion des grands arbres diminue quand l'altitude
augmente ». A cette réduction de taille s'ajoute celle du nombre
d'espèces, c'est-à-dire que le nombre d'espèces diminue
quand l'altitude augmente. Seulement, il faut dire pour le décrier
qu'aujourd'hui, la tendance est complètement inversée ;
puisqu'à la base des collines, il n'y a pratiquement plus
d'espèces. On retrouve à peine quelques sommets avec des lambeaux
de forêt. Or il se dégage de l'étude d'Achoundong que les
collines de Yaoundé et leurs terrains attenants ont été
peuplés, il n'y a pas longtemps d'espèces végétales
diversifiées. A partir des observations faites sur les Monts Eloundem,
Kala et Mbam Minkom, l'auteur présente les essences qu'on retrouve dans
les foréts mésophiles à la base, jusqu'aux foréts
sommitales au-dessus de 1100 mètres. Il nous revient de montrer ce qu'il
en reste encore de cette végétation originelle et voir ce qu'il y
a lieu de faire pour la restaurer ; compte tenu de l'agression anthropique que
subissent ces milieux.
- Fékoua D. (1998), dans une
étude sur l'eau et la santé à Yaoundé, part du
constat que la distribution moderne d'eau potable est insuffisante pour
justifier la persistance de modes d'approvisionnement traditionnels lourds de
conséquences sur la santé générale des populations
dans les quartiers tels que Ndjong-melen. La situation est aggravée par
la présence de nombreuses sources de pollution (tas d'ordures, fosses
d'aisance, eaux stagnantes) qui côtoient les puits. L'étude a
consisté à faire une enquête par questionnaire sur un
échantillon représentatif des ménages du quartier Ndjong-
melen. Il ressort de cette enquête que 84% de la population puise l'eau
de boisson à un équipement moderne, contrairement à ce
qu'on pourrait penser. Les populations ont un bon comportement et un
niveau de connaissance appréciable vis-à-vis de
l'eau et la santé. Ce travail nous a permis d'avoir une idée
précise sur le péril fécal et les risques sanitaires
liés à l'eau dans certains quartiers de Yaoundé.
Seulement, l'étude ne pose pas la question de la préservation des
sites dans les quartiers où les populations, en s'installant, perturbent
le milieu et s'exposent à des risques.
- Abéga R. (2006), dans une
étude sur les monts Messa a tenté de mieux « cerner la
situation du développement et de l'environnement de ce site à
travers la réalisation de son profil environnemental dans la perspective
de la mise en place d'une stratégie de gestion durable ». Il
ressort que les activités sont en cours dans plusieurs secteurs.
L'auteur utilise les outils de l'EE pour relever les impacts et les risques
environnementaux que ces activités de développement engendrent.
Il convient de signaler que nous utiliserons en plus des mêmes outils, la
MARP et la cartographie pour mesurer et montrer l'évolution de l'impact
de l'emprise humaine sur les hauts reliefs de Yaoundé. Après
avoir mis en évidence la gestion urbaine et environnementale de la zone
et analysé la situation, l'auteur constate que l'afflux des populations
défavorisées et la multiplication des activités mal
maîtrisées qu'elles y exercent aggravent les risques
environnementaux. Il conclut son travail en suggérant à
l'autorité municipale de faire une gestion participative du site sur une
base institutionnalisée. Seulement, il faut reconnaître que le
cadre de cette recherche nous semble restreint ; car un seul site sur la
problématique des zones non constructibles de hauts reliefs à
Yaoundé ne nous semble pas assez représentatif. Ce travail a
néanmoins contribué à déblayer le chemin pour
l'étude de la reconquête des milieux naturels de hauts sommets et
d'amélioration du cadre de vie à Yaoundé.
- Le travail de Mani M. L. (2008), qui porte
sur la mise en valeur des bas-fonds de l'Arrondissement de Yaoundé
3e met un accent particulier sur les conséquences
environnementales. Les données ont été obtenues
après une série d'enquêtes initiées de
décembre 2006 à juin 2007 au moyen d'un questionnaire
structuré et mené auprès de 100 exploitants sur les les
sites d'Obobogo, Ahala, Etoa, Afanoya. Il se dégage de sa
problématique que « la croissance démographique est à
l'origine de l'évolution de l'exploitation des bas-fonds de
l'Arrondissement de Yaoundé 3e». Tout comme Mani qui
veut savoir pourquoi les Yaoundéens manifestent-ils autant d'engouement
pour l'exploitation des bas-fonds, nous voulons savoir ce qui pousse les gens
à conquérir les sommets des collines de Yaoundé et quelles
sont les conséquences environnementales qui en découlent. Cette
étude
a suscité et aiguisé notre curiosité sur
l'intérêt qu'il y aurait à analyser les impacts des
activités humaines sur les collines de Yaoundé.
- Tagboka-Yakana B. (2009), dans ses travaux
sur « L'impact des actions de régénération des zones
dégradées de la Réserve spéciale de forêt de
Gbazabangui (RCA) », commence par rappeler que la destruction des
forêts naturelles au profit des plantations industrielles, des cultures
de rente et vivrières sur brûlis conduisent à une perte de
la biodiversité. A ces pratiques culturales, on peut ajouter « une
exploitation difficilement contrôlable des ressources forestières
(PFNL, carrières, exploitation du bois d'oeuvre et du bois de chauffe)
». Il pose le problème de détermination de l'impact des
actions de régénération de ces zones
dégradées. A l'aide d'outils et de techniques de sciences
sociales, l'auteur identifie et décrit l'impact des actions de
régénération des zones dégradées de la
Réserve spéciale de forêt de la colline de Gbazabangui sur
les quartiers riverains. Il ressort de cette étude que les actions
directes (reboisement, agroforesterie, pare-feu, surveillance) et indirects
(développement des activités alternatives, information,
sensibilisation, communication et formation) de
régénération des zones dégradées de la
Réserve ont des impacts positifs sur l'environnement biophysique et
humain des quartiers riverains. Il nous revient dans notre travail, de montrer
que les collines de Yaoundé, comme celle de Gbazabangui, subissent une
forte agression du fait de l'action de l'homme, que les populations s'exposent
à des risques graves en rapport avec ces activités, et qu'il y a
urgence que les autorités municipales prennent des mesures pour
récupérer ces hauts sommets dégradées et y
restaurer leur nature d'antan par la mise en place des actions de
régénération de la forêt ; ce qui à terme,
pourra impacter positivement l'environnement biophysique et humain de
Yaoundé.
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