Chapitre 2 : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET
DESCRIPTION DES SITES ETUDIES
Dans ce chapitre, nous voulons avoir une idée
précise sur le milieu et les collines étudiées tels qu'ils
se présentent au moment où cette étude est
initiée.
2.1 - PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
Yaoundé, capitale départementale du Mfoundi,
capitale régionale du Centre et capitale politique et administrative du
Cameroun (voir figure II.1, carte de localisation) a connu comme la plupart des
villes de l'Afrique sud-saharienne, une croissance démographique et
spatiale spectaculaire ces trente-cinq dernières années.
2.1.1 - Pression humaine constante
La population de Yaoundé représente de nos jours
58,7% de la population totale de la Région du Centre (3e
RGPH, 2005). Cette métropole s'étend aujourd'hui sur un peu plus
de 20 000ha et comprend sur le plan administratif sept communes
d'arrondissement (figure 2.1). Son site est hérissé de collines
résiduelles ; d'où son surnom de « ville aux sept collines
»7. La barrière montagneuse d'orientation Nord,
Nord-Ouest et Sud, Sud-Ouest où le mont Nkolondom culmine à plus
de 1200 mètres ne facilite pas l'urbanisation de ce côté.
Le tableau 2.1 ci-dessous présente des données sur la population,
la superficie et la densité actuelles par arrondissement de
Yaoundé d'après le RGPH réalisé en 2005.
7 En réalité, Yaoundé compte
près d'une vingtaine de collines (voir annexe) dont les plus en vue sont
les monts Mbankolo, Eloundem, Messa, Akok Ndoué, Nkolondom, Ngoa
Ekélé, Fébé...
Figure 2.1 : Localisation des coiines
étudiées à Yaoundé. (Fekoua,
2010).
Tableau 2.1 : Population, superficie et
densité dans les CUA de Yaoundé.
Commune d'Arr14disseP e4t
|
Siège
|
Population (hbt)
|
Superficie (ha)
|
Densité (hbt/ha)
|
Yaoundé 1er
|
Nlongkak I
|
471000
|
5464
|
86,20
|
Yaoundé 2e
|
Tsinga I
|
284000
|
2256
|
126,22
|
Yaoundé 3e
|
Efoulan
|
744000
|
6834
|
108,86
|
Yaoundé 4e
|
Kondengui
|
408000
|
5867
|
69,54
|
Yaoundé 5e
|
Nkol Messeng
|
307000
|
2652
|
115,76
|
Yaoundé 6e
|
Biyem Assi
|
155000
|
2235
|
69,35
|
Yaoundé 7e
|
Nkolbisson
|
440000
|
3490
|
126,67
|
(PDUY, 2020 et RGPH, 2005).
La forte densité des habitants par hectare est la
preuve que la pression humaine est énorme sur l'espace à
Yaoundé. Quatre communes d'arrondissement de Yaoundé ont une
densité de plus de 100 habitants par hectare sur les sept que compte la
ville. Il s'agit des communes de Yaoundé 2e 126,22
habitants/ha, Yaoundé 3e 108,86, Yaoundé 5e
115,76 et Yaoundé 7e 126,67. La densité moyenne des
trois autres communes (Yaoundé 1er, 4e et 6e) est
d'environ 75 hbts/ha. La commune la plus densément peuplée est
celle de Yaoundé 7e (126,67 hbts/ha). La pression
démographique sans précèdent soumet la plupart des
réserves naturelles des hauts sommets de Yaoundé à
l'urbanisation anarchique caractérisée par un habitat
spontané et sommaire qui occupe les flancs des montagnes. Le PDL (2009)
de Yaoundé affirme à ce sujet que « la plupart de ces hauts
reliefs sont colonisés à près de 40 à 50% par une
urbanisation sauvage et incontrôlée, dont les conséquences
sont : l'érosion et les éboulements fréquents de terrain
causant de nombreuses victimes et des dégâts matériels
»8. La figure 2.2 montre la densité de la population
dans les sept communes d'arrondissement de Yaoundé. Les communes
d'arrondissement de Yaoundé 2e et 7e sont les plus
densément peuplées à l'hectare. Les collines
étudiées se situent dans ces deux circonscriptions
administratives (figure 2.2).
8 Plan de Développement Local de
Yaoundé, 2009.
Figure 2.2 : Densité de la population dans les
arrondissements de Yaoundé. (Fékoua,
2010).
22
La construction des antennes (Messa, Mbankolo) est
précédée d'une ouverture de voie d'accès et de
l'espace à bâtir qui s'accompagnent d'une redoutable destruction
du couvert végétal réduisant l'infiltration, favorisant
ainsi le ruissellement des eaux de pluie. Les voies ainsi ouvertes servent
d'accès aux populations riveraines pour anthropiser davantage les
collines. L'agriculture pratiquée ici ne respecte pas les règles
d'une agriculture d'altitude. L'agriculture urbaine et périurbaine se
fait avec le billonnage non respectueux des courbes de niveaux, l'utilisation
des feux de brousse et la coupe abusive des arbres. Ces pratiques favorisent le
ruissellement et l'exposition de la roche mère incapable d'absorber la
moindre goutte d'eau.
La colonisation agricole des espaces doublée de
l'exploitation sauvage d'essences ligneuses qui s'y trouvent, réduit la
biodiversité végétale de ces milieux. « Les
réserves du cordon forestier, au lieu d'être reboisées,
sont profondément modifiés par l'action humaine dans une
forêt dégradée et en récession continue
»9. On peut dire aujourd'hui sans risque de se tromper que la
dégradation environnementale qui menace la ville de Yaoundé ira
grandissante, tant que les montagnes seront dénudées de leur
couvert végétal. Il en est de même pour le
réchauffement de la ville. A. Franqueville (1984) écrivait
à ce sujet : « la profonde transformation ainsi apportée du
milieu écologique sans aucune contrepartie contribue très
vraisemblablement à élever les températures au sol
».
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