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Matrice de comptabilité sociale au Cameroun et évaluation de l'impact d'une politique fiscale sur la pauvreté

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par Serge Alain LONANG TCHATCHOUANG
Institut sous régional de statistique et d'économie appliquée - Ingénieur statisticien économiste 2008
  

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1.2 Matrice de comptabilité sociale et analyse de la pauvreté

C'est à PYATT et ROE (1977) que l'on attribue les premiers travaux concernant utilisation de la MCS pour analyser la pauvreté. En 1989, Haider KHAN utilise une MCS pour analyser l'impact des sanctions économiques sur l'économie Sud Africaine.8 On recense à ce jour en Afrique de nombreuses applications de la MCS pour l'analyse de la pauvreté. Parmi cellesci, on peut citer les cas de la TANZANIE9, du MALAWI10, de l'AFRIQUE DU SUD11, de la

8"SAM and CGE modelling: Using Macroeconomic computable general equilibrium model for assessing poverty impact of structural adjustment policies" by Haider A. KHAN, university of denver, 2007

9poverty-focused social accounting matrix for Tanzania, par James THURLOW et Peter WOBST, Mars 2003

10A 1998 social accounting matrix for malawi, par Osten CHULU et Peter WOBST, Février 2001

11A technical report on A gender-aware Macroeconomic model for évalauting impacts ofpolicies on poverty reduction in Africa: the case for South Africa

NAMIBIE 12, et du Cameroun13

L'un des modèles développés par ces auteurs est le modèle des multiplicateurs ou mieux, "fixed price multiplier analysis" ou "Social Accounting Matrix based multipliers"

1.2.1 La MCS comme instrument d'analyse économique : le modèle "SocialAccounting Matrix based multipliers"

Ce modèle permet l'analyse à partir d'une MCS des effets d'un changement dans un secteur de l'économie sur l'ensemble du système économique, ceci à travers les fluctuations au niveau de la répartition des revenus.

Développée dans un premier temps par Jeffery ROUND14,et Graham PYATT 15, cette méthode sera proposée aux pays en développement par la banque mondiale. En effet, pour ces pays qui essayent de mettre en place des stratégies de lutte contre la pauvreté, cette méthode serait un instrument efficace pour l'évaluation de l'impact sur la pauvreté des mesures de politiques économiques prévues à cet effet.

La mise en oeuvre de la méthode se fait en plusieurs étapes :

- On distingue les comptes en deux catégories : les comptes exogènes qui sont ceux dont les valeurs sont supposées se déterminer de manière autonome, c'est sur ces comptes que sont réalisées les simulations et les comptes des endogènes dont les valeurs sont fortement dépendantes de l'environnement économique, c'est sur ces comptes que l'on évalue l'impact des politiques;

- La construction de la matrice des multiplicateurs;

- Simulations et interprétations des résultats.

La matrice des multiplicateurs

Le tableau 4 donne une présentation schématique de la matrice de comptabilité sociale.

12A social accounting matrix for Namibia,2002 : A Tool for analysing economic growth, income distribution and poverty, par Glenn-Marie LANGE ET klaus SCHADE, Octobre 2004

13Analyse de l'incidence d'une TVA imparfaite à l'aide d'un modèle calculable d'équilibre général Application au cas camerounais, par Christian Arnault Emini

14"Social Accounting Matrix and SAM-Based Multiplier Analysis"

15"Multiplier Effects and the Reduction of Poverty"

- la sous-matrice T enregistre tout ce qui concerne la circulation des revenus dans l'économie nationale;

- X et L représentent les sous-matrices des exogènes;

Si tij est un élément de la sous matrice T, alors sa valeur est dépendante de plusieurs facteurs. On a donc :

Avec

???? ?

????

tij = tij(P, Y, è) (1.1)

P le vecteur des prix des biens et services Y le vecteur des totaux

è un paramètre fixé

Tableau 4 : REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE D'UNE MCS

Avec

? ?

?

Le total des éléments de la jème colonne est :

X
i

tij(P,Y, è) + lj = y0 (1.2)

j S(p

y0 j le jèmeélément du vecteur Y'

SI

lj le jème élément du vecteur L R

(op

Soit D la matrice définie par D=(dij) avec

tij

dij = yi

D est une matrice de propensions, on parle aussi de matrice de coefficients débouchés16

16en effet, effectuant une simulation en ligne (sur le vecteur L), la matrice D est calculée par rapport au vecteur Y et non pas Y'

L'équation (1.2) peut se reécrire :

Y ' =t DY ' + L (1.3)

Y ' = M.L

Avec

M = (I _t D)-1 (1.4)

M est la matrice des multiplicateurs. C'est la matrice des multiplicateurs à prix fixes. Cette matrice définit la variation consécutive du total d'une colonne (dyj) consécutif à une variation au niveau des exogènes. On a :

dY = dL.M

Décomposition de la matrice des multiplicateurs

Il est possible de décomposer l'effet global d'une politique sur la distribution des revenus et donc sur la pauvreté. Pour ce faire, on se doit de décomposer la matrice des multiplicateurs. On peut réécrire la matrice tD de la manière suivante :

?tDPP 0 tDP S

? ?

tD = ? tDF P 0 0

?0 tDSF tDSS

(1.5)

? ??????????

??????????

tDPP est la sous-matrice des flux entre les comptes de production(branches et produits) tDPS est la sous matrice des flux entre les comptes de production et ceux des secteurs tDFP est la sous matrice des flux entre les comptes de facteurs et ceux de production tDSF est la sous matrice des flux entre les comptes des secteurs et ceux des facteurs tDSS est la sous matrice des flux entre les comptes des secteurs

La matrice des propensions peut être représentée comme suit (tableau 5) :

tD peut encore s'écrire :

tD = (tD _ àtD) + t Dà

tDPP 0 0 t Dà = 0 0 0

0 0 tDSS

Tableau 5 : Présentation schématique de la matrice des endogènes

Comptes

Produits

Production

Facteurs

SI(opérations

RDM
(operations
courantes)

SI(capital)

RDM(capital)

I

II

III

IV

V

VI

VII

Produits

I

APP

0

APS

Production

II

Facteurs

III

AFP

0

0

SI(opérations
courantes)

IV

0

ASF

Ass

RDM
(operations
courantes)

V

SI(capital)

VI

RDM(capital)

VII

et

?0 0 tDPS

? ?

tD -t Dà = ? tDFP 0 0

?0 tDSF 0

La matrice t Dà capte les transferts entre les comptes de produits d'une part (tDPP), et entre les comptes de secteurs d'autre part (tDSS). On pose

0 0 tDPS

ftD = (I - àtD)(tD - àtD) = ftDFP 0 0

Avec

? ????

????

0 tDSF 0

tDPS = (I - àtDPP )-1.tDPS

tDFP =t DF

P

tDSF = (I -t DSS)-1.tDSF

L'équation 1.4 s'écrit alors :

M = (I - ftD)-1(I - àtD)-1 = M3M2M1

Avec

? ~ ~-1 ? ?

M1 = I - ftD = ? ?

? ~ ? ?

I + ftD + ftD2~

M2 = = ? ?

(I -t DPP)-1 0 0

0 I 0

0 0 (I -t DSS)-1

I tDPStDSF tDPS

tDFP I tDFP tDPS

tDSF tDFP tDSF I

( I - ftD3)--1

M3 =

? ~ )--1

I - ftDP S ftDSF ftDF P 0 0

? ? ( )--1

= ? ? 0 I - ftDF P ftDP S ftDSF 0

( )

0 0 I - ftDSF ftDF P ftDP S

--1

La matrice M1 capte les effets des transferts entre les branches d'une part, et entre les secteurs institutionnels d'autre part.

La matrice M2 capte les effets croisés entre les différents secteurs de l'économie. La matrice M3 représentent l'effet multiplicateur des transferts.

1.2.2 L'analyse de la pauvreté

L'analyse de la pauvreté nécessite la prise en compte de : - l'évaluation du bien-être des individus;

- la détermination des seuils de pauvreté;

- le choix de la mesure de pauvreté.

Le bien être : Le bien-être d'un individu est un concept pluridimensionnel, du fait qu'on ne peut pas facilement transformer plusieurs de ses composantes en numéraire. La meilleure façon de mesurer le bien-être individuel est d'utiliser une mesure monétaire (DEATON et MUELLBZUER, 1980)17. Pour cela on a besoin des données concernant le niveau des revenus ou des dépenses des ménages. Dans la pratique, on a le choix entre deux mesures du bien-être : le revenu et la dépense. L'optique dépense est plus avantageuse que l'optique revenu, ceci pour deux raison principalement :

- Sur le plan conceptuel, la théorie du revenu permanent suggère que les dépenses constituent une meilleure approximation des revenus à long terme, donc du niveau de vie que les revenus courants dévoilés par une enquête;

- Sur le plan empirique, on montre que les dépenses sont mesurées avec une plus grande précision que les revenus, surtout dans le cas où une part importante de ceux-ci est tirée du secteur informel comme c'est le cas au Cameroun par exemple.

17cité par Samuel FAMBON dans "Pauvreté, Croissance et Redistribution au Cameroun"

Le seuil ou la ligne de pauvreté : L'analyse de la pauvreté nécessite l'établissement d'une ligne de pauvreté à utiliser en conjonction avec les indicateurs du bien-être. On dénombre deux approches pour la construction d'un seuil de pauvreté :

- L'approche dite " absolue " basée sur un minimum des besoins nutritionnels à satisfaire. Elle se traduit par un minimum de dépenses alimentaires auxquelles ont peut ajouter un panier de bien non alimentaire jugé nécessaire.

- La ligne de pauvreté relative.

C'est la première approche qui est mise en pratique dans le cas du Cameroun, il est calculé sur la base des données de l'Enquête Camerounaise Auprès des Ménages en 2001. Ainsi, en 2001, le seuil alimentaire à été estimé à 151 398 FCFA et le seuil total est estimé à 232 547 FCFA18.

La mesure de la pauvreté : Elle permet de synthétiser l'information sur le niveau de vie. Pour ce faire, on utilise un indice de pauvreté dont la forme générale est donnée par:

P = P(Z/u,L)

avec :

? ????

????

u = revenu moyen de la population

Z = la ligne de pauvreté

L = un paramètre caractérisant la distribution du revenu mesuré par la fonction de Lorenz

Une spécification très souvent utilisée de P est celle proposée par FOSTER, GREER, et THORBECKE en 1984, connue sous le nom d'indice FGT ou indice Pá. Elle s'écrit :

Avec :

1

Pá = n

X q

i=1

~ z-yi

z

 
 
 
 
 

18INS, document de méthodologie ECAMII, tome4 : calcul du seuil de pauvreté et de l'indicateur de niveau de vie, P64

?

????????? ?

??????????

q = le nombre de pauvres

z = la ligne de pauvreté

m = le nombre d'individus

yi = dépense par équivalent adulte/jour de l'individu i a = paramètre d'aversion pour la pauvreté

En attribuant au paramètre a des valeurs comprises entre 0 et 2, on obtient les trois indicateurs régulièrement utilisés pour l'analyse de la pauvreté, à savoir :

- pour a=0, l'incidence ou le ratio de pauvreté qui est le nombre de pauvres exprimé en pourcentage de la population totale;

- pour a=1, la profondeur de la pauvreté qui estime le revenu nécessaire pour éradiquer la pauvreté;

- pour a=2, la sévérité de la pauvreté.

Ces indicateurs peuvent être décomposés en sous groupes. Ainsi, si Páj est un indicateur de pauvreté du groupe j, Kj la proportion du groupe j dans la population totale, Pá, l'indicateur de pauvreté pour la population totale est alors :

IPá = Kj × Páj

j

La contribution relative cj de chaque groupe à la pauvreté est donnée par l'expression :

(Páj × Kj)

cj = Pá

Une analyse poussée de la pauvreté nécessite que les valeurs de ces différents indicateurs soient déterminées. Cela implique la réalisation des enquêtes auprès des ménages afin de recueillir les informations. Il se trouve que ce type d'enquête nécessite d'importants moyens, aussi bien humain que financier. Dans le contexte du Cameroun qui comme la plupart des pays africains ne dispose pas encore d'un système de collecte d'informations rapide, il est pourtant important de pouvoir mesurer même de manière approximative l'impact sur le bien-être des individus d'une mesure particulière de politique économique. La comptabilité nationale offre un cadre adéquat pour de telles évaluations : il s'agit de la MCS. La grande particularité de cette matrice est de permettre l'établissement d'une liaison directe entre les comptes de production et les comptes des secteurs institutionnels. Pour cette raison, la MCS sert de base de données

à de nombreux modèles d'analyse de l'économie à l'instar des modèles d'équilibre général calculable et des modèles multiplicateurs. Nous allons appliquer ce dernier type de modèle au Cameroun pour évaluer l'impact d'une politique fiscale sur la pauvreté.

Ainsi, à partir de la matrice des multiplicateurs, nous allons déterminer l'impact sur la pauvreté d'une mesure de politique fiscale19.

Soit Q, l'effectif des pauvres dans la population totale. Cet effectif est répartie dans les différents sous groupes de la population de tel sorte que l'on ait :

Q = Xk Qi (1.6)

j

Avec k le nombre de sous groupe de la population. Dans notre cas, on considèrera deux sous groupes, la population urbaine, et la population rurale.

Qj est l'effectif des pauvres dans la population i. On suppose que

Qj = mjPj (1.7)

Avec

 

mj la taille de la population dans la sous population j

Pj la proportion de pauvre ou encore l'incidence de la pauvreté dans la sous population

Une variation de la pauvreté dans la sous population serait consécutive soit à une variation de la taille de la sous population, soit à une variation de l'incidence de la pauvreté ainsi que le montre l'équation ci-après :

dQj = mjdPj + Pjdmj (1.8)

La variation de l'incidence de pauvreté dPj peut avoir deux explications:

- la variation du revenu par tête dans la sous population, sous l'hypothèse que cette
variation n'a aucune influence sur la répartition des revenus dans la sous population;

- la variation du niveau général des prix, sous l'hypothèse que cette variation va entraîner une modification des seuils de pauvreté et permettre à des individus de changer de statut par rapport à la pauvreté. En effet, les seuils de pauvreté sont calculés en valorisant un panier de biens au prix du marché, donc toute modification du prix de marché devrait entraîner une modification des seuils.

19Cette méthodologie à été développée par PYATT et ROUND (2004) dans :"Multiplier Effect and Reduction of Poverty"

Si l'on fait abstraction de la variation des prix, il ressort que la variation de l'incidence de la pauvreté dans la sous population j s'explique essentiellement par la variation du revenu dans la sous population, soit donc :

?Pj

dPj = dëj (1.9)

?ëj

avec ëj le revenu par tête par la sous population j. En posant

C =

j

j ?Pj

Pj ?ëj

la variation du taux de pauvreté s'exprime alors comme suit :

dPj

pj

= Ej

~dyj dnj )

(1.10)

yj nj

cj est l'élasticité partiel de Pj par rapport à ëj, elle est assimilée à l'élasticité de la pauvreté des ménages dans la sous population j.

L'équation 1.8 peut se réécrire

Lcj dyj + (1 6j) dnji

= (1.11)

yj nj

dQj

Qj

Ou encore,

dQj
Qj

~ ~

(1 + |~j|) dnj - |~j| dyj

= (1.12)

nj yj

La pauvreté connaîtra une baisse effective si l'on a :

dyj
yj

( 1 + 1 ~dnj

~ (1.13)

|Ej| nj

Si l'on considère connu le taux de croissance de la population (dna nj), alors pour déterminer la variation des revenus d'un sous groupe de la population, il suffirait de déterminer la valeur de l'élasticité (cj),la variation du revenu étant obtenue grâce à la matrice des multiplicateurs. La détermination de l'élasticité de la pauvreté sera faite à partir des données de l'ECAMII.

 

CHAPITRE DEUX

 

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984