1.1.2 Méthodologie : Approche "top-down" et Approche
"bottom-up"
On dénombre deux principales approches de construction
de la matrice de comptabilité sociale7, l'approche "Top-down"
et l'approche "Bottom-up".
Avec la première approche, on part d'un niveau
détaillé des informations sur l'économie, pour aboutir
à des niveaux plus agrégés des données. Cette
approche est préconisée dans un environnement où le
système de comptabilité nationale est inexistant ou
déficient. Dans ce cas alors tous les tableaux de synthèse
devront être reconstruits à partir des données
élémentaires.
La seconde approche par contre, procède suivant le
schéma inverse. Le point de départ dans ce cas est l'information
agrégée sur l'économie, information
généralement fournie par les comptes nationaux. Ces informations
sont alors décomposées à l'aide d'informations
complémentaires fournies par différentes sources
(enquêtes). Cette approche est retenue dans les cas où le
système de comptabilité nationale fournit les informations sur
l'économie.
Quelque soit l'approche méthodologique retenue, la
première étape dans la construction de la MCS est celle du choix
de l'année de référence. Le choix de l'année de
référence est guidé principalement par l'approche
méthodologique retenue, et la disponibilité des données
pour l'année
6SCN93, chap 20
7Erick Thorbecke : Social Accounting Matrix:
Déterministic or Stochastic approach?
retenue.
1.1.3 Structure de la matrice
La littérature sur la Matrice de comptabilité
sociale fait apparaitre deux structures de la matrice. L'une est
proposée par le SCN93, et l'autre par les auteurs. La structure
proposée par les auteurs n'est en fait qu'une adaptation de celle
proposée par le SCN.
La structure proposée par le SCN93 est donc
suffisamment flexible pour permettre son adaptation suivant les objectifs
spécifiques des études. Dans le cadre du SCN93, la Matrice de
comptabilité sociale est en fait la présentation sous forme
matricielle de la séquence des comptes du SCN93. Ce schéma permet
la mise en évidence des principaux soldes comptables tels que
dégagés dans le SCN93, et illustre les mécanismes de
distribution au sein d'une économie. Mais la mise en évidence des
mécanismes de redistribution est plus facilement réalisée
au moyen d'une modification de la structure proposée par le SCN93.
Aussi, pour les besoins d'études spécifiques, les auteurs de
matrice de comptabilité sociale développent alors celle-ci
suivant une structure différente qui s'appuie néanmoins sur celle
de la comptabilité nationale.
Dans le cadre du SCN93 :
La MCS est constituée de onze types de comptes. Le tableau
2 montre la représentation de la matrice proposée par le SCN.
Comptes des produits ou comptes des biens et services :
Il enregistre les opérations qui concernent les flux des biens
et services dans l'économie, qu'ils soient produits ou importés.
Les emplois constituent la demande nationale de biens et services. Ils
comprennent la consommation intermédiaire des branches de production, la
consommation finale, la formation brute de capital et les variations de stock
des secteurs institutionnels, et enfin les exportations vers le reste du
monde.
Les ressources constituent l'offre nationale de biens et
services. Elles comprennent la produc- tion, les versements des impôts
sur les produits aux APU, et les importations en provenance du
Tableau 2 : La MCS MACRO selon le
SCN93
reste du monde. L'équation d'équilibre de ce compte
est :
Demande nationale de biens et services = DCF + CI + ÄS +
FBCF + X + Mg
ormtion de capi
= Y + T + M + Mg
= Offre nationale de biens et services
?
????????????????????? ?
??????????????????????
Avec
Y la production nationale de biens et services
T les impôts nets des subvention sur les produits
CI la consommation intermédiaire
DCF la dépense de consommation finale LS la variation de
stock
FBC la formation brute de capital
X les exportations
M les importations
Mg les marges de commerce et de transport
Compte de production des branches : La
production des produits est l'unique ressource pour ce compte. Les emplois sont
constitués par la consommation intermédiaire et la valeur
ajoutée des branches. La valeur ajoutée est en fait le solde de
ce compte. L'équation d'équilibre s'écrit alors :
V A = Y -- CI
Avec VA la valeur ajoutée
Compte d'exploitation des secteurs institutionnels :
Il enregistre du point de vue des producteurs, les opérations
de répartition qui sont directement liées au processus de
production. Les ressources comprennent la valeur ajoutée et les
rémunérations salariales provenant de l'extérieur.
Les emplois comprennent la rémunération des
salariés et les impôts moins les subventions sur la production et
sur les importations. Le solde du compte est le revenu
d'exploitation.
Compte d'affectation primaire du revenu des secteurs :
Il enregistre, pour chaque secteur, les revenus de la
propriété à payer et à recevoir, la
rémunération des salariés à recevoir par les
ménages, et les impôts nets des subventions sur les produits, la
production et les importations à recevoir par les administrations
publiques. Le solde du compte d'exploitation constitue une ressource pour ce
compte. Le solde du compte s'intitule solde des revenus
primaires. Ainsi, on a :
SRP = T + RE + RP(net)
? ?
?
Avec
SRP = Solde des Revenus Primaires RP = Revenus de la
propriété
Compte de distribution secondaire du revenu des secteurs
: Il couvre la redistribution du revenu qui s'opère au moyen
des seuls transferts en espèces.
Outre le solde des revenus primaires, ce compte enregistre en
ressources les impôts courants sur le revenu et le patrimoine à
recevoir, et les autres transferts courants à recevoir à
l'exclusion des transferts sociaux en nature. Du côté des emplois,
sont aussi enregistrés les mêmes types d'opérations mais,
cette fois à payer. Le solde du Compte est le revenu
disponible. Il s'agit du revenu consacré au financement de la
dépense de consommation finale et de l'épargne. On a :
Avec
? ????
????
RD = SRP + (ICRP + TC)nets
RD = Revenu disponible
ICRP = Impôts Courants sur le Revenu et le Patrimoine TC =
Transferts Courants
Compte d'utilisation du revenu des secteurs :
Il montre, pour les secteurs qui ont une consommation finale, la
manière dont le revenu disponible, ressource essentielle du compte, est
répartie entre la consommation finale et l'épargne. Dans le
SCN93, seules les administrations publiques, les ISBLSM et les ménages
ont une consommation finale. Le solde du compte d'utilisation du revenu est
l'épargne brute. On a alors :
EB = RD -- DCF
Avec EB l'épargne brute.
Compte de capital des secteurs : Il
enregistre les opérations liées aux acquisitions d'actifs non
financiers, et les transferts en capital qui impliquent la redistribution du
patrimoine. Les ressources sont constituées par l'épargne et les
transferts en capital. En emplois, on enregistre la variation des stocks par
produit, le montant de la FBCF et les transferts en capital à payer.
Compte de formation fixe de capital des secteurs :
Il reçoit en ressource comme en emploi la Formation brute de
capital.
Compte financiers: Il enregistre les
variations d'actifs et de passif ou encore les variations des créances
et des engagements au cours de l'année. Suivant que le solde du compte
de capital est positif ou négatif, on retrouve dans le compte la
capacité de financement des secteurs en ressource, ou le besoin de
financement en emploi.
Compte des opérations courantes du reste du
monde: Il regroupe en fait deux comptes. Le compte extérieur
des biens et services et le compte extérieur des revenus primaires et
des transferts courants. On y enregistre en ressources : les importations de
biens et de services, la rémunération des salariés,
l'impôt net des subventions sur la production et les importations, les
revenus de la propriété, les impôts courants sur le revenu
et le patrimoine, et les autres transferts courants à recevoir par le
reste du monde.
En emplois, on enregistre : les exportations de biens et de
services, et une fois encore la rémunération des salariés,
l'impôt net des subventions sur la production et les importations, les
revenus de la propriété, les impôts courants sur le revenu
et le patrimoine, et les autres transferts courants, à payer par le
reste du monde. Le solde de compte sera une combinaison des soldes des comptes
qui le constituent, soit le solde extérieur des biens et
services pour le compte extérieur.
Compte des opérations en capital du reste du
monde: Il enregistre les mêmes opérations de capital
définies pour les secteurs institutionnels, mais pour le compte du
RDM.
La structure proposée par les auteurs
:
Elle se réduit à six types de comptes. Ceci est
rendu possible grâce à un regroupement des données dans la
matrice précédente. Cette matrice est représentée
de façon schématique au tableau 3.
Les comptes de produits et les comptes de branches sont
identiques à ceux de la matrice proposée dans le SCN93.
Le compte des facteurs de production : Il
enregistre les mêmes éléments que le
compte d'exploitation. En ressource on enregistre la Valeur ajoutée.
En emploi, on enregistre les ré- munérations des
salariés, les Impôts sur l'activité de production, et le
solde qui est le revenu
Tableau 3 : La MCS MACRO selon les
auteurs
d'exploitation. L'équation
d'équilibre est alors donnée par:
RE = V A - RS - Ia
Avec :
? ????
????
|
RE : revenu d'exploitation RS : rémunération
salariale Ia : impôt sur l'activité
|
Le compte des opérations courantes des secteurs
institutionnels domestiques : Il enregistre les valeurs des
opérations courantes des différents secteurs institutionnels. Les
secteurs concernés sont les ménages, les administrations
publiques et institutions sans but lucratif au service des ménages, les
sociétés financières et les sociétés non
financières. Chaque secteur reçoit les revenus d'exploitation en
contrepartie du facteur de production offert. Ce revenu sert
à financer la consommation finale et les autres
transferts. Ce compte résume les données des comptes
d'affectation des revenus primaires, des comptes de distribution secondaire des
revenus, et d'utilisation des revenus primaires. À l'équilibre on
a :
RE + RS + (TC + RP)reus = DCF + (TC +
RP)versés + Épargne
? ????
????
Avec :
RE le revenu d'exploitation TC les transferts courants RP les
revenus de la propriété
Le compte de capital des secteurs institutionnels
domestiques : Il enregistre les opérations d'accumulation des
secteurs. Ce compte résume les données des comptes de capital,
des comptes de formation fixe de capital, et des comptes financiers. À
l'équilibre on a :
Dotation en capital = Épargne +
TECreçus
= I + CDF(ouBDF)
? ?
?
Avec
TEC les transferts en capital
CDFouBDF le besoin ou la capacité de financement
Les comptes du reste du monde (RDM) : Ils sont
identiques à ceux présentés précédemment.
|