7.3. Taxonomie traditionnelle et gestion de la
biodiversité des LFT
Les noms vernaculaires des LFT varient d'une ethnie à
une autre. Chaque ethnie dispose d'une série de noms qui permettent de
distinguer les LF entre eux. Au total, cent quatre vingt treize (193) noms
vernaculaires ont été recensés (annexe3). Ainsi une
même espèce de LF porte des noms
différents d'une aire culturelle à une autre et
parfois les espèces différentes portent le même nom. Cela
rend confus l'utilisation des LFT dans la zone.
Quelque soit leur ethnie d'appartenance, les populations des
zones rurales séparent les LFT en espèces sauvages et
cultivées sur la base de certaines caractéristiques que sont la
morphologie de la plante, l'origine de la semence, la présence
d'épines, la saveur des feuilles, etc. Les communautés rurales
reconnaissent parfaitement la diversité interspécifique et
intraspécifique des espèces de LF rencontrées ; par
exemple plusieurs espèces d'amaranthe ont été
identifiées comme l'ont montré les études
effectuées par Grubben (1971). C'est également le cas de bissap
(Hibiscus sabdariffa) qui présente deux variétés
dont l'une est consommée comme LF et l'autre est utilisée dans la
préparation de jus de bissap ; de plus on observe d'autres
espèces sauvages comme Hibiscus asper et Hibiscus
sp.
Les traits considérés pour dénommer une
espèce donnée varie d'une ethnie à une autre. Quelques
significations des noms locaux sont obtenues surtout chez les Wama. Que le
légume soit cultivé ou sauvage, les dénominations se
fondent sur certains paramètres spécifiques tels que les
caractères morphologiques, agronomiques des plantes et aussi de leurs
qualités culinaires. Ainsi on a pu identifier les plantes
utilisées comme LF dont les noms se rapportent à :
- leur morphologie : Kootibitrita en Wama (Jacquemontia
tamnifolia) qui signifie liane noire ;
Taanonman en Wama (Cerathoteca sesamoides) pour dire
que c'est l'espèce qui s'étale et le
distinguer de Nonman (Sesamum radiatum) qui est une herbe
très haute et bien dressée.
- l'habitat naturel : Tikpain'tissèdon'té en
M'bermin (Cerathoteca sesamoides) qui veut dire
plante qui pousse sur les sols gravillonnaires.
- au goût : Mainsitou en Wama (Hibiscus
sabdariffa) qui veut dire légume-feuille acide
- à la qualité de la sauce : Diimounn'tchro en Wama
(Justicia tenella) qui signifie que la femme a mangé toute la
sauce et a oublié son mari
- à la couleur des feuilles : Aléfo perti en Berba
ou Natimba (Celosia argentea) qui veut dire LF blanc pour
spécifier la variété de feuilles vertes.
Parfois les populations désignent une grande ou une
petite quantité de LF par leur pluriel ou singulier ; c'est le cas de
Acmella iluginosa dont le singulier est appelé Oubouonou et
Ibouoni représente le pluriel chez les M'bermin. De même une botte
de Ocimum gratissimum est dénommée Tignainti alors que
quelques feuilles seraient désignées par Ougnainhoun. Les noms
locaux de certains LF, d'ailleurs très familiers, n'ont pas de
significations. Il s'agit de noms d'origine ancienne qui se rapportent aux
grains ou fruits, aux racines ou tubercules des différentes
espèces recensées ou tout simplement d'une appellation
commune.
Du fait de la multiplicité des noms vernaculaires qui
varient d'une ethnie à une autre et par conséquent suivant les
régions, la nécessité d'établir un
répertoire des LFT trouve son importance pour les besoins de la
recherche scientifique et des programmes de développement.
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