7. Gestion de la biodiversité des LFT
7.1. Domestication des LFT
La domestication est un savoir-faire des communautés
rurales qui permet de transférer des espèces sauvages utiles dans
le pool des espèces cultivées. Une fois cultivées, ces
espèces sont alors constamment disponibles et utilisées de
façon durable. L'inventaire a permis de constater que les populations
consomment beaucoup de LF de cueillette. Beaucoup d'espèces
spontanées comme Ceratotheca sesamoides, Jacquemontia tamnifolia,
Grewia lasiodiscus et Melochia corchorifolia
sont prélevées dans la brousse ou dans les
bas-fonds très loin des habitations. Pour rapprocher des légumes
sauvages très utiles des habitations, les populations se sont
attelées à la domestication. Ainsi, les femmes Wama cultivent
depuis trois ans Ceratotheca sesamoides, Gynandropsis gynandra, Cassia
occidentalis et Corchorus tridens dans les champs et dans les
jardins de case. Selon les femmes M'bermin, Acmella iluginosa a
été domestiquée de cette manière dans sa zone
d'origine il y a environ 10 ans. Le processus de domestication qui a
été observé seulement chez les Wama mérite d'etre
mieux étudié.
7.2. Jardins de case et la conservation de la
biodiversité des LFT
Les jardins de case encore appelés jardins familiaux
représentent un modèle traditionnel de conservation des
ressources phytogénétiques (Midmore et al., 1991 ; Bennett-Lartey
et al., 2002). Caractérisés par leur faible dimension, ils sont
composés d'un assortiment de plantes alimentaires très utiles aux
ménages.
Plusieurs espèces sont cultivées sans soins
particuliers dans ces jardins de case. En effet, les entretiens individuels, au
niveau des ménages suivis de visites d'une centaine de jardins de case,
ont permis d'y noter des cultures vivrières telles que le maïs, le
sorgho, le manioc, l'igname, le taro, le gombo, le niébé, les
courges (Cucurbita spp.), les ndoles (Vernonia spp. ), les
spiderplants (Cleome spp.), les corètes (Corchorus
spp.), les morelles (Solanum spp.), les amarantes (Amanrathus spp.),
les oseilles (Hibiscus spp.), les liserons (Ipomea spp.),
etc. Parmi ces plantes, environs 80 % sont utilisées comme LF. Beaucoup
de leurs espèces repoussent spontanément après une pluie.
Parfois la présence d'un puits permet de cultiver des espèces de
contre saison et de disposer de LF pendant toute l'année.
Généralement cette production est destinée à
l'autoconsommation. Mais le plus souvent, le surplus de la récolte est
vendu si le transport au marché ne constitue pas un facteur limitant.
Les éventuelles ressources financières issues de leur
commercialisation permettent d'assurer une certaine autonomie pour les
ménages particulièrement pour les femmes.
Cette pratique d'exploitation a aussi l'avantage de maintenir
un savoir-faire, un lien avec les valeurs culturelles et de préserver la
biodiversité végétale (Moustier, 2005).
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