6. Propositions :
La réforme de l'allocation des terres semble
très influente à Bouamphanh. L'étude y a inventorié
un certains nombre de situations écologique, économiques et
sociales qui sont les effets d'une allocation foncière
réalisée dans un village habité majoritairement par des
populations déplacées directement ou indirectement.
Il est très important de mettre en place des
indicateurs de suivi permettant de mesurer l'impact social de cette
réforme et notamment les conditions de vie, les transactions
foncières et l'évolution de la pression foncière dans le
village.
Il faut renforcer la capacité de suivi et de gestion
à l'échelle villageoise en formant les chefs de village aux
transactions villageoises parfois à la limite de la
légalité, ainsi qu'à l'échelle du district en
renforçant les collaborations entre les institutions concernées.
La mise en place de tels indicateurs devrait s'inspirer de l'expérience
réussis de projets étrangers181. Si les données
collectées indiquent une dégradation des conditions de vie, les
autorités locales doivent en
180 Geneviève Michon 1998 : 56-63.
181 Projets AFD : Association Française de
Développement à Sayabouri et Phongsaly notamment...
rechercher les causes et stopper pendant ce temps la
procédure d'allocation foncière.
Il apparaît aussi évident d'assouplir la
législation concernant les forêts « en
régénération » en friches depuis plus de 4 ans et
d'autoriser les villageois à conserver leurs cycles de jachère
suffisamment longs pour ne pas mettre en péril leurs conditions de
vies.
L'introduction de culture sédentaires devrait
être accompagnée d'informations préalables sur les risques
de la monoculture pour la fertilité des sols et pour l'économie
familiale qui devient dépendante du marché, ainsi qu'être
testée en parallèle et généralisée seulement
lorsqu'elle a fait les preuves de sa pérennité et de sa
rentabilité pour les habitants. Si par des techniques sédentaires
ou des alternatives agricoles aux brûlis, comme beaucoup
l'espèrent, les conditions de vie parviennent à être
améliorées, les autorités n'auront plus de mal à
faire accepter une réduction des surfaces autorisées aux
brûlis.
Une solution doit être trouvée avant de
réduire les surfaces disponibles.
Il semble indispensable de mieux prendre en compte la
participation directe ou indirecte des villageois. Mieux appréhender les
savoirs villageois dans les domaines de la classification des sols ou des
forêts. Relever les taxinomies villageoises, écouter les
connaissances paysannes et comprendre les expériences de chaque famille
sur leurs terrains permettraient une meilleure communication entre les
autorités et les villageois.
Il semble aussi nécessaire que soit menée une
formation concernant la représentation des cartes du territoire afin de
donner les instruments conceptuels suffisants pour participer à la
procédure de zonage et de privatisation des parcelles.
L'arrivée de migrants se traduit
généralement par de nouveaux arrangements sur le plan foncier, et
par un besoin accru de terres cultivables. Elle peut également
entraîner des conflits entre les villages en croissance
démographique et leurs voisins ou bien à l'intérieur
même du village.
Aucun village ne devrait être concerné par des
procédures de zonage et d'allocation si des arrivées sont
prévues au village.
Il serait aussi plus souhaitable que les déplacements
de populations d'altitude cessent pour trouver des alternatives aux
développement de ces villageois. Dans bien des cas il suffirait de
construire des pistes muletières pour améliorer
l'accessibilité des villages reculés aux marchés et aux
infrastructures, en aval, à rentabiliser.
L'aide internationale devrait prévoir d'affecter plus
de crédits à des actions de développement en altitude.
Trop souvent comme à Bouamphanh, les autorités déplacent
les populations puis demandent aux projets étrangers d'aider les
migrants.
Quelques pistes intéressantes semblent se dessiner. Les
modes de gouvernance, qui associent conservation et valorisation des
savoir-faire locaux dans les politiques d'aménagement des aires
protégées182, sont sans doute les plus porteurs
d'innovations et d'espoir. Le recours au marché, les systèmes de
labels et de marques diverses (marque parc, Commerce équitable, origines
géographiques des produits ...) éveillent un intérêt
croissant dans les pays du Sud. Une
182 Contrats de gestion locale sécurisé : Gelose,
qui tente de confier la protection d'espaces de hautes biodiversité
à des communautés locales de Madagascar contre une
sécurisation de leur foncier.
remise en cause des politiques sanctuaristes basées sur le
recours aux aires protégées n'est plus à l'ordre du jour
des conventions sur la diversité biologique.
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