2.4.2.2. Les taxes :
Impôt foncier sur les rizières irriguées :
33.000 kips par an par personne de plus de 15 ans. Impôt sur la collecte
de bois : 20.000 kips par an par famille.
Impôt sur le revenu (même si il n'y a pas de revenu)
: 30.000 kips par an, non proportionnels aux salaires.
Impôt animalier : 6000 kips par an
Impôt foncier de la maison : 15.000 kips par an.
2.4.2.3. Un personnage charismatique :
Malgré les bons rapports avec ses voisins Monsieur
Paeng agit de manière marginale. Son expérience d'agriculteur et
sa connaissance des terres de Bouamphanh restent limitées. Contrairement
à son voisin, le chef du village, il persiste à semer du
maïs en saison sèche qui ne servira qu'à nourrir ses cochons
pour deux semaines. De plus, il a déjà perdu par le passé
une récolte de maïs et deux récoltes de riz irrigué.
Enfin, cette saison il fut à la limite de pouvoir semer. Il attendit
trop longtemps pour brûler son essart-jardin et dû attendre encore
que l'essart sèche à nouveau après les premières
pluies. Il sarcla deux fois son essart-jardin alors que normalement un sarclage
des adventices suffisait. Ce sarclage de trop lui coûta cher en payes des
salariés, énergie et temps. Il tente pourtant de relativiser, ne
reconnaissant pas être différents de ses voisins. Il dit
<<travailler en fonction des habitudes de leurs ancêtres et des
habitudes prises à Bouamphanh». Cependant il fut l'un des derniers
à brûler, à sarcler, deux fois, et à semer.
Une autre preuve de son inexpérience est la
prévision de bons rendements au début de la coupe. Il disait
avoir trouvé une bonne parcelle contenant une végétation
riche pour la fertilité de son sol qui l'était déjà
par sa couleur rouge et sa dureté bénéfiques à la
culture du maïs. Il regrettait même à l'avance de ne pas
avoir assez de débouchés commerciaux pour pouvoir vendre toutes
ses productions. A l'arrivée, le bilan est beaucoup moins glorieux et la
<< bonne terre » avec assez d'arbres dessus est devenue une <<
mauvaise terre » avec insuffisamment d'arbres.
Les raisons de ces erreurs ne sont pas uniquement dues
à sa relative inexpérience de ses terres. Il travaille souvent
seul dans ses champs. Ses enfants vont souvent pêcher, ne loupent aucun
cours car leur mère institutrice veille au grain. Comme ses enfants,
elle n'aide pas beaucoup son mari faute de douleurs au ventre. Alors qu'au
moment de la coupe, il disait n'avoir besoin d'aucune aide, il se retrouve
obligé d'accepter pour le second sarclage de trop, les aides de la jeune
infirmière et d'un jeune étranger français qui ne
travaillent jamais aux champs d'ordinaire. Ceci marque une situation critique
des travaux agricoles de la famille.
Ancien gradé dans la police, marié à une
des institutrices de l'école, homme d'affaires locales dans les
marchés du maïs et du bois, il se comporte différemment des
autres villageois. Il pu déterrer deux enfants d'une
forêt-cimetière et défricher pour créer un champ. Il
ironisait souvent par rapport aux croyances animistes des voisins et par
rapport au chamane. Sans suivre la tradition, il réussit à
devenir un homme important à Bouamphanh. Son succès social est
aussi du à son investissement auprès des villageois. Il a pris la
responsabilité de l'adduction de l'eau après avoir
été formé par l'O.N.G. «Quaker». Les voisins
doivent le payer 10.000 kips par an pour ce travail mais ils
préfèrent souvent l'aider une journée de travail dans son
champ.
Il a intégré les raisonnements des responsables
lao qui demandent de faire cesser les sacrifices animistes, les rituels
médicinaux, la perception d'une vie meilleure avec des essarts et
promulguent la hiérarchie ethnique avec à sa tête les
groupes ethniques Lao et Khamou, reléguant les autres groupes ethniques
à des rangs inférieurs. Monsieur Paeng n'hésite cependant
pas à inviter chez lui les voisins de toutes ethnies confondues. Avec
son ancien statut de gradé dans la police, il garde des liens
étroits avec les autorités et se permet donc d'être le chef
officieux du village, critique en vers ses voisins. Il ne veut toutefois pas
être candidat aux élections du village. Ses informations m'ont
été d'un grand intérêt pour pouvoir percevoir quels
étaient les perceptions des autorités dont il se faisait souvent
le porte parole (vis à vis de la religion animiste, des productions
paysannes peu intensives et productives...) et quel était sa
différence d'approche par rapport aux autres villageois. Il rationalise
beaucoup plus que ces voisins toutes ses méthodes de travail et son mode
de vie (il souhaite avoir plus de potentiels de vente pour épuiser ses
productions de légume ; il est devenu l'intermédiaire locale pour
la commercialisation des productions de maïs ; il se rend à
Sayaburi pour défricher « en fonction des besoins en bois du
marché chinois » ; il serait d'accord pour abandonner sa pratique
agricole d'abattis-brûlis si il pouvait être formé à
une autre activité ; il n'a soit disant pas peur des esprits en
forêt, étant officiellement athée et ce malgré ses
origines locales) comme le voudrait un « laotien moderne ».
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