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La concupiscence chez Saint Augustin

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par Fabrice Coupechoux
Université de Rennes 1 - Master 2007
  

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1. Préhistoire et genèse de la concupiscence

Augustin, puisqu'il n'eut pas de son vivant cet adjectif qui le précède aujourd'hui en tout manuel de philosophie ou d'histoire ne fut pas, selon son

propre témoignage, toujours digne de porter le nom de saint. Augustin fut véritablement un hérétique au regard de l'Eglise puisque avant d'être un fervent et influent catholique, il fut un critique virulent du catholicisme et le défenseur pendant neuf ans d'un mouvement religieux se posant comme une alternative au christianisme, le manichéisme. Avant d'être nommé évêque d'Hippone, acclamé par la population de cette ville, avant d'être un philosophe et un théologien chrétien, auquel se référèrent tout philosophe et théologien catholique par la suite, bien avant d'être un de ces pères dont se réclame l'Eglise catholique romaine et qui jetèrent dans leurs oeuvres les bases de la religion, Augustin fut un ennemi du christianisme puisque manichéen et imbu de culture païenne, il critiqua la religion catholique à la lumière des préceptes du manichéisme et de son éducation latine. La première de ses attaques fut de se moquer de la simplicité du texte biblique, jugeant alors le catholicisme comme une « religion de bonnes femmes », la seconde de ses attaques reposant sur l'interprétation de ce principe central du judaïsme et du christianisme que « Dieu créa l'homme à son image » ainsi que l'incarnation de Dieu dans le Christ, comme autant d'incitations à concevoir Dieu limité dans l'espace, et cependant incapable de concevoir la nature spirituelle, tout baigné de matérialisme qu'il était comme en témoigne ce passage où s'adressant au Seigneur il affirme « Sans vous prêter une forme humaine, je ne pouvais cependant ne pas vous concevoir comme quelque chose de corporel »2. Enfin, obsédé par le mal, il jugeait insatisfaisante la réponse du christianisme qui fait de celui-ci la simple absence de bien alors que le manichéisme distinguait bien deux principes, celui du bien, présent dans l'esprit purifié et l'esprit du mal, présent dans les choses matérielles. A ces considérations théologiques, s'ajouta plus personnellement l'impossibilité pour Augustin de s'astreindre au célibat qu'il jugeait nécessaire à la bonne conduite des préceptes chrétiens. Toutes ces attaques et réticences pourtant se dissipèrent alors qu'il se convertit au catholicisme mais il reste important de les noter car, nous le verrons plus tard, elles furent pour Augustin les plus violentes manifestations de la concupiscence pour sa chair et son âme.

Pourtant, toujours inquiet par son salut et les vérités de Dieu, « tiraillé entre Dieu et le monde »3, de plus en plus suspicieux, il rejeta les doctrines manichéennes et s'il se convertit au catholicisme à un âge avancé puisqu'il avait trente deux ans lorsqu'avec son fils Adéodat il reçut le baptême, incité de longue date par sa mère Monique et influencé par Ambroise, l'évêque de Milan, ville où il se trouvait pour y enseigner la rhétorique, ce fut le résultat d'une longue gestation spirituelle, perpétuellement soumis à la « tyrannie de la chair »4 qu'il était. Cette conversion, ainsi que s'évertue à le montrer les écrits des Confessions ne fut donc pas le fruit d'une révélation directe mais prit de nombreuses années, s'achevant au fur et à mesure qu'Augustin s'éloignait des Manichéens et se rapprochait des dignitaires du christianisme, Ambroise en premier chef, étant donné qu'« il trouve dans la prédication de l'évêque la lumière recherchée »5. Ainsi, la conversion au catholicisme d'Augustin se fit

d'abord par l'entremise des personnes rencontrées qui le guidèrent au sein de la religion catholique. Ceci est indiscutable. Mais l'évènement décisif qui joua en faveur de sa conversion se déroula le jour où se souvenant les paroles d'un jeune enfant : « Tolle lege ! Tolle lege ! » (« Prends et lis ! Prends et lis ») et se souvenant du fait qu'au moment de lire l'évangile de Matthieu, Antoine prit un des passages de ce livre comme un oracle décisif à sa conversion, Augustin entreprit ce qu'il relata comme suit : « Je revins donc à l'endroit où était assis Alypius : car j'y avais laissé, en me levant, le livre de l'Apôtre. Je le pris, je l'ouvris et je lus en silence le premier chapitre où tombèrent mes yeux : « Ne vivez pas dans la ripaille et dans l'ivrognerie, ni dans les plaisirs impudiques du lit, ni dans les querelles et les jalousies ; mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et ne pourvoyez pas à la concupiscence de la chair. Je ne voulus pas en lire davantage, c'était inutile. A peine avais-je fini de lire cette phrase qu'une espèce de lumière rassurante s'était répandue dans mon coeur, y dissipant toutes les ténèbres de l'incertitude. »6. Le passage qui dissipa ces ténèbres n'est rien d'autre qu'un extrait de l'épître de saint Paul aux Romains. A l'influence de ses proches, catholiques, qui l'éloignèrent du manichéisme et lui firent abandonner ses préceptes, s'ajouta donc l'influence du Nouveau Testament et particulièrement les écrits de l'apôtre Paul.

La genèse de la notion de concupiscence, si centrale dans la vie de saint Augustin comme l'origine de ses errements et souffrances, passe par l'influence qu'exercèrent donc sur lui les penseurs latins du christianisme et le Nouveau Testament. Penser la concupiscence dans l'oeuvre augustinienne implique donc d'abord de se pencher sur la façon dont le terme arriva jusqu'à saint Augustin, à travers l'usage du terme, et ce à partir de l'étude de la notion dans la première littérature chrétienne en langue latine.

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Qu'en est-il de la concupiscence au début des temps chrétiens ?

Et d'abord, en quelque sorte, d'où vient ce terme qui sous sa forme originelle était la concupiscentia ? Avant la notion même de concupiscence, qu'est-ce que le mot de concupiscentia ? Une étude étymologique du terme s'impose pour que soit considérée la spécificité toute particulière de son utilisation au sein de la littérature chrétienne. Dérivé du verbe cupere, qui donna son nom à Cupidon, dieu latin de l'amour fou et du désir, verbe qui signifie littéralement `désirer ardemment', concupiscentia n'a pas été « inventé » alors que se développait le christianisme dans l'Empire Romain. Avant d'être une notion centrale du catholicisme, le terme naquit de la bouche de païens qui en firent l'équivalent de ce que notre langue appelle la convoitise. La concupiscentia est l'élan qui amène l'homme à désirer avec ardeur ; tels étaient aussi les dieux qui, comme Jupiter, prenaient diverses formes physiques pour séduire les mortels, qu'ils désiraient. Pourtant si la première littérature chrétienne latine indiqua à quel type d'objet s'attachait ce désir ardent,

spécifiant par là l'emploi du terme à des situations particulières, le latin des mythologies polythéistes, reste imprécis à ce sujet et il ne se trouve aucune oeuvre de la littérature préchrétienne ou de la littérature latine païenne des premiers siècles de notre ère qui en fasse une lecture approfondie. La concupiscence ne fait pas encore l'objet d'une attention particulière à l'aube de notre ère. Pourtant à bien y regarder, l'étymologie du substantif nous amène à considérer de nombreux indices. Formée sur la même base que compréhension, complaisance ou quelques autres mots vêtus de la même étoffe, c'est-à-dire avec le préfixe `cum', transformé par l'usage en `con', indiquant l'idée d'une action qui se fait `avec', la concupiscentia touche aussi bien à la personne qui agit sous son emprise qu'à l'objet désiré. Ainsi, l'étymologie nous révèle d'ores et déjà qu'il n'y a pas de concupiscence sans objet. En conclusion, cette première analyse du mot de concupiscentia qui se veut une préhistoire de la notion de concupiscence, avant que nous nous penchions véritablement sur les traditions et écrits qui influencèrent l'oeuvre de saint Augustin, révèle tout d'abord sous l'investigation étymologique, que la concupiscence est le désir ardent, la convoitise qui pousse l'homme à porter ses vues vers des objets, non encore définies toutefois, afin de satisfaire ses désirs.

Cette considération première qui touche à l'usage qui est fait du terme dans la langue latine avant même que se diffuse le Nouveau Testament, ne doit pas peser comme une ombre sur la notion de concupiscence, toutefois il nous incombe de ne pas ignorer ce prime usage païen du terme. Si le thème du désir ardent, de la convoitise, et son corollaire, la tentation, est présent dans de nombreuses littératures, elle connut aussi un destin dans la bible avant même le Nouveau Testament, les épisodes du fruit de la tentation offert à Adam par Eve, don qui les expulsèrent du jardin d'Eden, ou l'épisode des feux qui s'abattent sur les villes de Sodome et Gomorrhe vouées aux désirs contre-nature de leurs habitants témoignent de cette thématique qui se retrouvera au sein de la spécificité même de la concupiscence. En somme, si la notion de concupiscence est bien un thème original de la pensée chrétienne, elle entretient quelques rapports avec le paganisme et le judaïsme. Et à cet égard l'apport de l'apôtre Paul, qui par sa participation à la rédaction du Nouveau Testament influença avec la plus grande force saint Augustin, est d'une importance première. En effet, à travers les écrits de Paul, se dessinent des héritages préchrétiens et la volonté d'affirmer l'indépendance conceptuelle de la nouvelle foi.

Paul fut très tôt à la croisée de deux cultures : la culture juive et la culture hellénistique. Il naquit à Tarse, dans la province romaine de Cilicie, et fut dans les premières années de sa vie d'adulte un docteur du judaïsme persécuteur de la nouvelle Eglise, attaché qu'il était à sa famille composée de juifs de stricte observance pharisienne, ce qui implique, au premier siècle de l'ère chrétienne, un grand zèle quant à l'observance et à la pratique des lois juives. Dès sa naissance étaient ainsi fixées deux composantes majeures de sa destinée : l'attachement passionné au particularisme juif, scellé par la circoncision, et un

contact intime avec la culture hellénistique, dont le grec tardif était alors la langue commune des Juifs dans tout le bassin méditerranéen. Ce dernier caractère sera plus tard renforcé par l'apostolat qu'il mena auprès des Gentils c'est à dire des convertis au christianisme issu de milieux païens, ceux qu'il nomme dans ses épîtres les Grecs, gardant sa vie entière des contacts étroits avec le paganisme, qu'il était impossible d'ignorer pour lui. S'il y eut, dés les premiers écrits de saint Paul, le traitement de la problématique du désir, de la convoitise et de la tentation, c'est qu'à la confluence du monde juif et du monde païen, il eut tôt la connaissance des textes qui y référaient chez les Anciens et de cet idéal du désir ardent spécifique aux religions polythéistes du monde romain. Au cours de son existence, jamais Paul ne renia ses origines juives, voyant même dans le christianisme l'achèvement de la religion de ses ancêtres. De la même façon, il eut toujours le sentiment, après s'être brusquement converti au christianisme, de devoir répandre l'évangile en toutes les terres connues et, pour ce faire, de convertir des populations de culture païenne comme en témoigne le recours à l'intérieur de son épître aux Romains7, à une citation de l'Ancien Testament8, qui lui faisait situer sa personne et son oeuvre dans ces temps derniers de l'Histoire où le Dieu d'Israël devait se faire connaître à tous les peuples de la terre : « Ceux à qui il n'avait point été annoncé verront, et ceux qui n'en avaient point entendu parler comprendront. », se devant de rester à l'écoute des objections du paganisme. Une telle situation ne sera pas tout à fait étrangère à celle de saint Augustin qui de sa vie ne renia jamais l'éducation qu'il reçut, tourné autour des textes de la littérature païenne, et ne cessa de discuter et polémiquer avec les représentants des différentes hérésies qui faisaient florès au tournant des IVème et Vème siècles.

Dans le contexte des premiers développements du christianisme, de ses premières heures qui sont celles du temps des apôtres, il n'est pas étonnant que la thématique de la concupiscence puisse éclore et s'épanouir. Paul avait pour but principal l'évangélisation et la structuration des communautés chrétiennes fraîchement sorties du paganisme ou du judaïsme qu'il fonda ou renforça au gré de ses voyages. Passant par l'« Arabie » (actuelle Transjordanie), Chypre, la Pamphylie, la Galatie, Rome puis l'Espagne, ce qui importait à saint Paul, comme le note Emile Bréhier dans son Histoire de la philosophie, ce furent ces missions dont la fin n'était pas de découvrir la nature de Dieu mais de travailler au salut de l'homme, fondant la légitimité de la conversion des païens ou des Juifs de la Diaspora au christianisme sur « l'inconscience de leur propres fautes, cette inconscience dans le péché qui rend indispensable la tâche du prédicateur »9. Si, à proprement parler, Paul n'utilisa pas le terme de concupiscence, puisque ce terme est d'origine latine et que l'apôtre écrivait en grec il reste pour la postérité celui qui fut à l'origine de sa thématique, fusionnant l'idée du désir ardent et de la convoitise à celle de la tentation tout en spécifiant le caractère de celles-ci à la lumière que jette sur elles la Révélation apportée par le Christ Jésus. Paul, dans ses écrits qui rappelons-le ne visaient

qu'à aider les nouvelles communautés chrétiennes en apportant des éclaircissements moraux, s'adressait d'abord à une société chrétienne surtout préoccupée par l'attente d'une proche consommation des biens et c'est dans un tel cadre que prit naissance la pensée de la concupiscence.

Actualisant les thématiques du désir ardent et de la tentation, pour les dépasser, c'est par deux de ses épîtres que Paul inaugura la thématique de la concupiscence : l'épître aux Galates et l'épître aux Romains. Détacher les points communs entre ces deux écrits nous pousse à ne considérer que le fond qui s'y exprime communément. En effet, les deux épîtres poursuivent une même problématique, celle du salut. Considérant que le salut est accessible à tout homme uni au Christ, par la seule force de l'Esprit, c'est-à-dire de la foi, ces écrits furent rédigés pour contrecarrer l'idée que seule l'obéissance à la Loi comme l'affirmaient alors les Juifs qui menaçaient de dissolution la communauté de Galatie, pouvait rendre le salut possible. Ces deux écrits ont donc en commun de montrer à des communautés fébriles la voie chrétienne d'accession au salut. Si l'ordre biblique des épîtres nous pousse à d'étudier l'épître aux Romains avant celle adressée aux Galates, il apparaît plus judicieux d'analyser cette dernière en premier lieu. Puisque selon toute vraisemblance la rédaction de l'épître aux Galates date des années 54-56 de l'ère chrétienne, alors que Paul séjournait à Ephèse et que l'épître aux Romains semble avoir été rédigée à Corinthe au printemps 55 ou 56, chronologiquement la façon dont le problème de la convoitise est traité dans l'épître aux Galates influença le traitement qui en est fait dans l'épître aux Romains. Dans la première, saint Paul exhorte à se laisser mener par l'Esprit pour ne pas se laisser guider par la convoitise charnelle tandis que dans la seconde épître, il affirme le caractère immanent de la convoitise chez l'homme. La convoitise, tel que l'entendait les païens romains, sous le nom de concupiscentia, ainsi que nous l'avons vu, n'était que le désir ardent attachant l'homme aux objets. Or dans l'épître aux Galates, la convoitise reste un désir ardent certes mais là où les Païens ne lui attachaient aucune importance morale, elle apparaît ici comme ce qui réside en la chair de l'homme et contre laquelle il faut agir en suivant cet impératif moral « Laissez-vous mener par l'Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire l'oisiveté charnelle. Car la chair convoite contre l'Esprit et l'Esprit contre la chair ». Contrairement à la compréhension païenne du désir qui en faisait un point commun entre les dieux et les hommes, Paul affirme que la convoitise n'agit qu'en l'homme car s'opposant à la loi d'amour « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » qui émane de Dieu , accessible au seul Esprit. Dans la suite du passage où il discute la convoitise de la chair, au sein de l'épître aux Galates, celle-ci est déclinée à la faveur d'une énumération de ce que « la chair produit » : « fornication, impureté, débauche, idolâtrie, haines, discorde jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiment d'envie, orgies, ripailles », passions qui selon l'apôtre interdisent à ceux qui les commettent, d'hériter du « royaume de Dieu », ajoutant, après l'énumération des fruits de

l'Esprit, « ce qui appartiennent au Christ Jésus ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises ». Cette épître se révèle donc d'une importance première puisqu'à sa lecture se devine cette vérité paulinienne que la convoitise est plus que ce que les Païens en pensaient et dépassent même le cadre de la tentation chez les Juifs. Contrairement aux premiers saint Paul considère donc à la fois la convoitise comme un trait distinctif des hommes auquel Dieu échappe et lui spécifie des passions là où le paganisme en faisant un état portant sur des objets non spécifiés. Et plus que les seconds qui considéraient la tentation causant la convoitise de la chair comme une des voies de la damnation, saint Paul radicalise cette idée en affirmant l'impossibilité de rejoindre le « royaume de Dieu » pour ceux qui s'y adonnent, exhortant à la rejeter vivement. Il y a donc une mise en perspective chez Paul de l'idée de convoitise, la tentation induite en l'homme par la chair et se manifeste à plusieurs niveaux, qui donnera toute sa puissance à la particularité de la concupiscence dans la Chrétienté, à savoir que celle-ci agit sur l'homme par la voie de la chair et contre son gré. Cette idée est reprise dans l'épître aux Romains, puisque l'apôtre oppose à nouveau l'Esprit et la chair, affirmant : « je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l'homme intérieur ; mais j'aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m'enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres » prouvant que « si je fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui accomplis l'action mas le péché qui est en moi ». Ainsi s'assied le thème de ce qui nous pousse à commettre le mal malgré l'amour de Dieu, qui lui nous pousse à commettre le bien, et qui se trouve dans la chair. C'est à la lecture de ce second passage des écrits de Paul, présent dans l'épître aux Romains que l'Eglise catholique toujours considéra la concupiscence comme un effet du péché originel qui subsiste après le baptême. En soi, elle ne fut jamais considérée comme un péché proprement dit mais comme ce qui y induit et comme la résultante du péché originel. Ainsi donc, si les écrits de saint Paul ne parlent pas exactement de la concupiscence il n'en est pas moins vrai que la thématisation de cette notion n'intervint qu'après lui car de son dépassement des idées païenne de convoitise, de désir et de l'idée juive de tentation pour faire inexorablement de la convoitise charnelle une réalité à laquelle est confronté tout homme dans son existence, le péché qui détourne l'âme du royaume de Dieu en attisant les passions mauvaises et contre lequel tout homme doit lutter, naquit la spécificité même de la concupiscence. C'est à cette concupiscence là que se référera le passage de la première épître de Jean qui véritablement, dans la traduction latine qui en est faite donnera le nom de concupiscentia à cette convoitise traitée d'une façon particulière par le christianisme.

Au sein du Nouveau Testament, un autre écrit clôt définitivement le mouvement du passage du traitement chrétien de la convoitise à la question de la concupiscence. Les épîtres aux Galates et aux Romains, en se faisant la synthèse de la pensée de Paul et de celle des premiers chrétiens concernant la question de la convoitise charnelle ont initiés l'élan qui amena à la notion de concupiscence,

en en inaugurant la thématique. La première épître de Jean, puisque c'est de cet autre écrit qu'il s'agit, si elle eut une importance moindre pour les penseurs moraux du christianisme, et notamment Augustin, n'en demeure pas moins représentative de ce courant qui s'attache à l'analyse de la convoitise de la chair, de l'attachement aux choses du monde et bien plus, là où son étude importe c'est que suite à sa traduction en latin, la concupiscence entra dans la littérature chrétienne.

L'influence des épîtres de saint Paul sur le texte que la tradition retint sous le nom de première épître de Jean, bien que la paternité de l'épître ne soit pas certaine, n'a pas été démontrée formellement. Cependant, la première épître de Jean a été écrite postèrieurement aux épîtres de saint Paul, et il existe une communauté d'esprit entre les deux oeuvres. Le trait commun aux deux oeuvres est l'attachement à l'idée que la convoitise est un péché qui détourne l'homme de Dieu. A l'idée de la convoitise de la chair, ce « péché qui habite en moi » et qui détourne l'homme du royaume de Dieu et du Seigneur, fait écho dans la première épître à Jean l'assertion que « si quelqu'un aime le monde, l'amour du père n'est pas en lui car tout ce qui vient du monde -la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse- vient non pas du Père mais du monde ». 10 Ainsi, pour l'auteur de ces lignes, l'idée est bien, comme lorsque Paul écrivait que « la chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair » de montrer qu'il existe un antagonisme entre ce qui vient de Dieu et ce qui vient du monde. Là où précisément l'épître de Jean se démarque des épîtres aux Galates et aux Romains de Paul c'est que sont distingués trois types de convoitises : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse tandis que Paul distinguait au moins une quinzaine de produits de la chair, représentatifs de la convoitise charnel mais se subordonnant à elle. Ainsi, tout comme Paul, l'auteur de la première épître à Jean fait de la convoitise qui nous pousse vers les choses du monde contre ce principe divin que Paul nomme la Loi d'amour et l'auteur de la première épître de Jean « ce qui vient de Dieu », mais contrairement à lui, il distingue trois états qui attachent l'homme au monde tandis que pour Paul c'est la seule convoitise de la chair qui amène les mauvaises passions. Ainsi, donc, le texte de la première épître évolue dans le même esprit en présentant quelques variations par rapport aux épîtres de Paul, mais variations d'autant plus importantes pour la problématique de la concupiscence que pour saint Augustin, dans le livre X des Confessions et dans La cité de Dieu et à sa suite de nombreux auteurs du Moyen Age et de la Renaissance, distinguera « les trois concupiscences ». Il est loisible d'observer que l'apport de l'épître de Jean à la question de la concupiscence ne s'arrête pas là. Bien que cela tienne d'une contingence annexe à ses propres lignes, c'est dans cette épître que siège l'origine de l'utilisation chrétienne du terme latin de concupiscientia. L'épître fut écrite en grec, comme tous les livres du Nouveau Testament, mais voyons ce que la traduction latine donne pour la distinction des trois convoitises dans le texte suivant : «Concupiscentia carnis et concupiscentia

occulorum est et superbia vitae quae non est ex Patre sed ex mundo est ». C'est donc la traduction de l'épître de Jean en latin, effectuée au début du IIème siècle qui sortit véritablement le terme concupiscentia de son usage païen, faisant de cette notion un terme central de la pensée chrétienne. La concupiscentia désignait désormais ce que Paul distinguait jadis dans ses écrits comme le dépassement chrétien de la pensée païenne de la convoitise et la pensée juive de la tentation. La concupiscentia c'était donc désormais le nom du péché humain.

La compréhension de la concupiscence dans les premiers temps chrétiens n'aurait pu se faire sans ce panorama de la thématique, qui sans être encore placée sous la notion de concupiscence lors des différentes périodes de rédaction du Nouveau Testament, incita Paul à distinguer le péché qui habite en nous, la chair qui convoite contre l'esprit et interdit le royaume de Dieu à ceux qui se laissent aller à cette convoitise ou l'auteur de la première épître à Jean à distinguer trois types de convoitises. Ce panorama s'avère d'autant plus utile que la reprise des thèmes bibliques par saint Augustin fut menée à fond. Pour l'auteur des Confessions et de La cité de Dieu, la Bible, et plus spécialement le Nouveau Testament, sera la référence ultime, dont il se fera toute sa vie de chrétien le défenseur et l'exégète. Point n'est besoin de mener les investigations très loin pour détecter l'influence des épîtres aux Galates et aux Romains, ainsi que de la première épître de Jean, sur l'oeuvre de saint Augustin. Comme si la soixantaine de citations et de références aux épîtres aux Galates et aux Romains présents dans les Confessions ne devaient pas suffire, il est bon de remarquer que dans le chapitre XXI du livre septième des Confessions, saint Augustin affirme que « l'écriture, surtout les épîtres de saint Paul, lui apprennent l'humilité et la piété ». De même, la première épître de Jean, si elle n'est citée qu'une fois dans Les Confessions exerça une influence directe sur saint Augustin qui passe une grande partie du Livre X à appliquer la distinction des « trois concupiscences » à sa propre existence.

S'il est connu que la conversion d'Augustin ne fut pas directe et se planifia sur de nombreuses années et si la lecture d'un passage de l'épître aux Romains fut cet instant décisif et déterminant, toutefois les premiers à influencer Augustin furent ses proches. Si les épîtres de Paul aux Galates et aux Romains furent les références du philosophe pour traiter la question de la concupiscence, il importe de se pencher sur la façon dont le thème parvînt aux oreilles de saint Augustin et l'influencèrent dans sa vie, avant que ne soient rédigées Les Confessions. Pour ce faire, et restituer l'atmosphère, l'usage tournant autour de la concupiscence contemporain à Augustin, il importe de restituer un temps la façon dont le terme évolua à partir des écrits de Paul et de l'épître de Jean dans la littérature. Etudier la concupiscence chez saint Augustin implique donc de ne pas négliger cette question : comment le thème de la concupiscence arriva à Augustin ?

La concupiscence, à l'époque d'Augustin était une notion qui, héritant de sa thématique au sein du Nouveau Testament, servait à illustrer le péché et à conseiller ou prêcher auprès des populations chrétiennes et ce dans un but d'observance des préceptes chrétiens. La thématique de la concupiscence fut donc usée à des fins pratiques, prolongeant cet effort paulinien de sauver l'homme du péché et de le mener au salut. A cet égard, les écrits de Tertullien, sur lesquels nous ne nous attarderons cependant pas puisqu'ils n'eurent que peu voire aucune influence sur l'oeuvre d'Augustin sont significatifs. Tertullien, qui écrivait à la fin du IIème siècle, fut un observateur stricte des préceptes chrétiens et le premier véritable auteur latin de confession catholique ; son oeuvre, constituée principalement de traités, avait d'abord pour but de renseigner et de guider moralement ses corréligionnaires chrétiens, qui alors étaient persécutés. Ainsi perpétuait-il la voie paulinienne de soutien aux chrétiens vacillants, tous bouleversés qu'ils étaient par la menace que pesaient les autres religions sur leur foi, paganisme de l'Empire romain ou hérésies venues du proche Orient. Dans ses écrits donc, principalement les traités Sur la pénitence (De Paenitentia), Sur la toilette des femmes (De cultu feminarum) et la Lette à sa femme (Ad uxorem), il s'agit d'exposer pédagogiquement, à l'usage des nouveaux chrétiens, les préceptes et les recommandations morales du christianisme où le terme de concupiscence est souvent utilisé pour exhorter les chrétiens à suivre la bonne voie. Ainsi, dans la Lettre à sa femme, Tertullien explique t'il qu' « Il vaut mieux qu'un homme se marie parce qu'il est corrompu par la concupiscence ». Si, à proprement parler, l'oeuvre de Tertullien n'eut pas une influence directe sur celle d'Augustin, il importe de noter, comme le fait Robert L. Wilken qu'en temps que premier écrivain chrétien d'expression latine que Tertullien fut un acteur primordial de la mise en place du vocabulaire et de la pensée chrétienne et restituer l'actualité de la concupiscence à l'époque d'Augustin ne pouvait se faire sans cette introduction.

A l'instar de Tertullien, dans la lignée de l'oeuvre apostolique de Paul, Ambroise, évêque de Milan considérait avec importance la nécessité de veiller à l'observance des préceptes chrétiens par ses contemporains, ne reniant jamais le rôle politique primordial des dignitaires de l'Eglise catholique. Pour Ambroise, le chrétien doit intervenir dans la vie politique et morale de ses contemporains comme en témoignent les nombreuses lettres que l'évêque adressa à l'Empereur. Mais si l'écrivain de la fin du IIème siècle n'eut pas une influence directe sur saint Augustin, Ambroise marqua l'homme d'une telle force que songer à la place qu'occupe dans son oeuvre la concupiscence est inenvisageable sans préalablement observer la place qu'elle tient dans l'oeuvre d'Ambroise. L'oeuvre d'Ambroise, ancrée dans le siècle se veut avant tout une apologie du christianisme et une contradiction des doctrines hérétiques qui, à plusieurs reprises, menacèrent son Eglise. Si pour saint Paul les adversaires du christianisme étaient les juifs pharisiens n'ayant pas reconnu dans le Christ Jésus

le messie, si pour Tertullien l'ennemi était l'Empire païen et persécuteur, Ambroise lutta sa vie durant contre les hérésies, l'arianisme en premier lieu puisque l'impératrice Justine en 386 tenta sans succès, tant la résistance populaire menée par Ambroise fut grande, de confier l'épiscopat de Milan à un Arien, le manichéisme aussi puisque de nombreuses personnes tentées par sa doctrine, tel Augustin, conversèrent avec lui. De même, comme le montre une lettre qu'il adressa à Symmaque11, il ne perdit jamais contact avec les tenants des anciennes traditions romaines en se faisant le porte parole des ses idées qui font correspondre la foi chrétienne, à la suite des apologistes du IIème siècle et à la lecture des Ennéades de Plotin, à la pensée grecque, montrant la parenté du platonisme et des préceptes chrétiens. Ainsi donc, pour Ambroise, comme pour ceux qui le précédèrent dans la question de la concupiscence, celle-ci intervient principalement pour défendre le christianisme contre les dangers qui pèsent sur la foi et affirmer la base doctrinale de la religion. Tout comme Paul, comme Tertullien, Ambroise n'est pas un ermite inquiet de théologie et de connaissance de Dieu mais un chrétien plongé dans le Siècle qui cherche à sauver les hommes en leur prescrivant des conseils moraux, en affirmant la doctrine de la foi catholique.

Bien que pour Ambroise, la notion de concupiscence soit un terme central dans ses oeuvres, celle-ci ne fait pas l'objet d'une thèmatisation forte et l'oeuvre d'Ambroise n'apporte aucune nouveauté au concept de concupiscence tel qu'il est entendu par les chrétiens depuis la lecture latine du Nouveau Testament. Tout comme pour les premiers écrivains chrétiens latins tels que Tertullien, la concupiscence est le nom donné au « péché qui habite en nous », qui pousse la chair à convoiter contre l'esprit, poussant l'homme vers les choses de ce monde. Tout comme pour Tertullien la notion prend place dans ses oeuvres à des fins pédagogiques ou pour formuler les impératifs moraux afin « que la cupidité soit mortifiée et que la concupiscence meure »12. Ainsi, l'importance de l'influence d'Ambroise sur Augustin d'une manière générale et la façon dont celui-ci conceptualisa la notion de concupiscence, n'est pas à rechercher spécifiquement dans les écrits d'Ambroise. Si véritablement l'évêque de Milan influença Augustin ce fut pour des raisons personnels à Augustin. La rencontre d'Ambroise pour Augustin, alors tiraillé par les questions portant sur Dieu, le bien, le mal, se révéla décisive. Travaillé par les errements de la chair, les passions mauvaises alors qu'il arrivait à Milan, Augustin décrit la rencontre d'Ambroise de la manière suivante, s'adressant à Dieu, comme toujours dans Les Confessions, « Arrivé dans cette ville, j'allai voir l'évêque Ambroise, connu comme une âme d'élite et votre pieux serviteur. Sa vaillante éloquence servait alors à votre peuple « la nourriture de votre froment », « la joie de votre huile », « la sobre ivresse de votre vin ». Vous me conduisiez à lui, à mon insu, afin qu'il me conduisit à vous en pleine conscience »13, et plus loin « Je tenais Ambroise pour un homme heureux selon le monde, lui que les plus hautes autorités honoraient ; son célibat seulement me paraissait pénible. Quant aux espoirs qu'il

portait en lui, à ses luttes contre la tentation de ses propres grandeurs, aux consolations qu'il goûtait dans l'adversité, aux joies savoureuses qu'il trouvait à ruminer votre pain, avec cette bouche secrète qui était dans son coeur, je ne savais l'imaginer, je n'en avais aucune expérience »14. Ainsi, Augustin fut émerveillé par l'évêque, attentif à ses paroles. Ambroise eut donc une influence sur Augustin par l'entremise de ces prêches où la théorie de la concupiscence devait avoir une bonne place. De même, comme le montre l'extrait plus haut c'est bien par la façon dont Ambroise luttait contre la tentation et vivait dans le célibat qui renvoie directement à la question de la concupiscence. Ambroise en quelque sorte, s'il n'exerça sans doute pas d'influence doctrinale sur la question de la concupiscence pour saint Augustin, n'en demeura pas moins, un de ceux, avec la mère de ce dernier, Monique, chrétienne de longue date et arrivé au christianisme par le refus de la fornication et de l'ivresse comme il est montré au chapitreVIII du Livre IX des Confessions, l'une des personnes qui permirent à Augustin de cheminer vers la conversion au christianisme et à s'enquérir du thème de la concupiscence.

Ainsi donc, percevoir dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, le cheminement du thème de la concupiscence, la manière dont il fut conceptualisé, permet de voir à la lumière de quelles sources et sous quelle influence Augustin écrivit son oeuvre. Pénétré par les épîtres de saint Paul, voyant comme elles, le péché qui habite en nous et en résonance le mal qui réside dans la tentation de la chair et la satisfaction des appétits du monde, éloignant de Dieu et guidé par Ambroise, héritier de toute une littérature chrétienne qui depuis Tertullien fait de la concupiscence un des thèmes centraux à l'appui de la voie pédagogique, Augustin appartient à cette littérature chrétienne des premiers siècles faisant la part belle à la conversion intérieure, c'est-à-dire, à la façon dont la Révélation chrétienne parvient à pénétrer le coeur des hommes. Cette influence si elle vient de la force dont les idées pénétrèrent Augustin et s'offrir à sa pensée, à la fois parce qu'elles ont été décisives à sa conversion au catholicisme et par leur nécessité dans le soutien à la foi chrétienne, vient aussi du fait qu'avec ces différents auteurs de la concupiscence, surtout saint Paul, Augustin partage le fait d'avoir longtemps hésité et marché sur des chemins non chrétiens, ressentant alors peser sur lui l'inquiétude de son salut, de la façon dont il pourrait se détacher de ses passions désastreuses. Ainsi si la notion de concupiscence le marqua tant ce fut aussi que cette notion, dont la préhistoire se trouve dans le paganisme, eut une histoire qui se parsème de conflits où, à valeur rhétorique, elle servit à contrer les objections du paganisme au catholicisme. La concupiscence, en quelque sorte, telle que nous la connaissons maintenant fut pour saint Augustin, lorsqu'il la ressentit, la source de tous ses maux et son traitement par le Catholicisme l'origine de son passage du Paganisme et du Manichéisme au Christianisme, la voie qui lui ouvrit la voie du salut.

Pourtant, s'il ne s'agissait que de la notion qui le marqua et répondait à ses craintes en mettant un mot sur ses souffrances, il suffirait de seulement mettre en relation et pointer les citations aux épîtres de Paul, à l'épître de Jean ou aux influences de saint Ambroise, pour montrer toute l'importance du terme. En quelque sorte, il ne s'agirait que de dresser une liste des lectures d'Augustin ou d'associer chaque moment de sa vie, où le mal l'habitait, à un passage du Nouveau Testament. Il n'en est rien. La pensée d'Augustin dépasse largement la façon dont la concupiscence éclôt de la bible et dont le thème devait être abordé par Ambroise, miroir de toute une tradition de pensée chrétienne. L'oeuvre d'Augustin, et le rôle que tient la concupiscence dans celle-ci sont absolument originaux. Si comme saint Paul, il considère la nécessité de sortir de la domination de la convoitise de la chair, de parer les tentations induites par celle- ci afin de se tourner vers Dieu, si comme lui, il considère la convoitise comme un péché qui subsiste en l'homme et si comme Tertullien ou Ambroise le terme a valeur rhétorique et est sujet à des estimations morales, Augustin affirma dans ses oeuvres une nouveauté en se posant comme la synthèses de toutes ces idées et le dépassement qui permit à la concupiscence de sortir du cadre restreint des traités et des sermons pour être interrogée et devenir le centre d'une véritable réflexion philosophique. Avec saint Augustin s'amorça un moment unique de l'Histoire car à l'inverse de ces prédécesseurs, loin de se restreindre à l'exégèse de la bible et d'être seulement préoccupé de la morale de ses corréligionnaires, Augustin fit véritablement oeuvre de théologien, il fut ce penseur unique mêlant considérations personnelles et perspectives globales à son traitement de la concupiscence. Il fondit les enseignements de Paul, d'Ambroise et de tous ceux qui dans la Chrétienté leur étaient redevables en un système unique où la concupiscence fut traitée comme jamais elle ne le fut auparavant. C'est le premier véritable philosophe chrétien qui permit d'affirmer définitivement les bases de la religion catholique.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore