Conclusion
Notre étude s'est intéressée aux impacts
de la mobilité internationale chez les étudiants
séjournant au Brésil. Pour la contextualiser, nous sommes partis
de l'accroissement de la mobilité internationale des étudiants de
l'Université Lumière Lyon 2 au cours de cinq dernières
années, et de l'état contradictoire de la recherche sur les
effets d'une telle pratique. Nous avons donc été amenés
à mettre en exergue un certain nombre de facteurs clés dans
l'expérience des étudiants en mobilité afin de mieux
discerner les changements auxquels ces derniers sont susceptibles de s'exposer
au cours de leur séjour. C'est ainsi que nous avons entrepris de
délimiter tour à tour les concepts de transformations
socioculturelles et de compétence interculturelle (CIC) en nous appuyant
sur de nombreux travaux préalables. Concernant les transformations
socioculturelles, nous les avons envisagées en premier lieu comme un
ensemble de changements durables chez l'individu subdivisés en trois
dimensions, culturelle, sociale et psychologique. Ensuite, chacune de ces
dimensions s'est vue associée à une composante (la culture,
l'acculturation et le choc culturel respectivement) à laquelle de
multiples indicateurs ont finalement été reliés (les
compétences de communication, la distance culturelle, la
sensibilité interculturelle ; le capital social, l'orientation
d'acculturation de la société d'accueil ; le soutien social,
l'auto-efficacité, la réussite académique et
professionnelle, et le stress d'acculturation). Pour compléter cela,
nous avons également mentionné le rôle de deux autres
variables dans le processus de transformations socioculturelles, à
savoir la durée de séjour et l'exposition interculturelle
antérieure. Au niveau de la CIC, nous avons d'abord
détaillé le modèle de compétence interculturelle de
Byram (1997) et le modèle de développement de la
sensibilité interculturelle de Bennett (1993) sur lesquels nous nous
sommes ensuite basés pour faire émerger notre approche de la CIC
qui, rappelons-le, relève davantage de l'ébauche que du
véritable modèle. Enfin, nous avons procédé
à un essai de définition du concept de CIC en nous appuyant
notamment sur les travaux de Dervin (2009) et de Le Boterf (1995, 1997). Les
transformations socioculturelles et le développement de la CIC
s'imposant tous deux comme les enjeux majeurs d'une mobilité
internationale réussie, nous avons été conduits à
nous interroger sur la nature de leurs liens au regard du séjour
à l'étranger en général. Ainsi, l'ensemble de ce
travail nous a fourni une assise suffisamment large grâce à
laquelle nous avons pu exploiter une importante quantité de
données relatives à l'expérience de l'échange
universitaire international. Pour recueillir ces données, nous avons
utilisé à la fois des questionnaires et des entretiens
semi-dirigés. Sur les dix questionnaires employés au cours de
cette étude, neuf sont des questionnaires préexistants que nous
avons simplement adaptés à notre objet. Initialement prévu
en deux phases, avant le départ des étudiants pour le
Brésil puis à leur retour en France, le recueil de données
n'a finalement pu avoir
lieu qu'à l'issue du séjour des participants en
raison de difficultés relatives à la composition de
l'échantillon. En effet, nous n'avons pu réunir que trois
volontaires pour prendre part à nos travaux. Il s'agit de trois
étudiantes ayant séjourné au Brésil pour des
durées comprises entre deux et six mois, deux d'entre elles dans le
cadre d'un stage de Master 1 et une dernière pour son cinquième
semestre de Licence. Parmi elles, deux ont séjourné à
Caxias do Sul, au sud du Brésil, et une à Recife, au nord du
pays. Dans un premier temps, notre analyse laisse transparaître que le
séjour au Brésil s'est révélé transformateur
pour l'ensemble des participantes, bien que nous ne puissions déterminer
de manière rigoureuse quelle a été l'ampleur des
changements chez elles, en raison du mode rétrospectif de notre recueil
de données. Ensuite, il semble que les transformations socioculturelles
vécues sur place entretiennent bien un lien positif avec
l'évolution du degré de CIC des étudiantes, bien que
là encore nous ne soyons pas en mesure de situer finement ces
dernières sur notre modèle de CIC, en raison de son état
de gestation. Toutefois, malgré les limites de cette étude dans
la réponse à sa problématique, force est de constater
l'impact positif de la mobilité internationale au Brésil sur les
trois étudiantes interrogées. En effet, nous constatons qu'en
dépit de la situation géographique, de la durée du
séjour, de l'expérience du voyage ou encore des motivations des
participantes, cette expérience fut pour elles un véritable pas
en avant. La somme de leurs expériences sur place les a conduites
tantôt à s'ouvrir davantage sur le monde et la différence,
tantôt à gagner en assurance et en confiance en soi, tantôt
à mieux se connaître et avoir davantage conscience de soi. Elles
nous parlent toutes trois d'une expérience bénéfique au
plan personnel et humain, qui leur a ouvert de nouvelles perspectives d'avenir,
et surtout au coeur de laquelle la rencontre occupe une place
privilégiée. Finalement, les programmes d'échanges
universitaires internationaux entre l'Université Lumière Lyon 2
et le Brésil semblent jouer pleinement leur rôle d'ouverture
à l'altérité, de sensibilisation à la
différence culturelle, en plus de fournir aux candidats à
l'échange un puissant levier de développement de leurs ressources
personnelles.
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