1.2.1.1. Compétences de communication
P obtient le score de 81/100 à l'Échelle de
communication interculturelle. Par exemple, elle s'estime capable de surmonter
les difficultés inhérentes aux situations de communication entre
individus issus de sociétés aux inflexions culturelles
différentes :
- item 7 « Si besoin est j'arrive à prendre en compte
la différence culturelle quand je communique » : 4/5 ;
- item 16 « Je n'accepte pas qu'une personne d'une autre
culture remette ma propre culture en cause » : 2/5 ;
- item 19 « Je trouve difficile de parvenir à une
compréhension mutuelle avec une personne d'une autre culture » :
2/5.
En outre, elle estime pouvoir créer du lien social
facilement sur place :
- item 8 « Je trouve que les gens du coin ne
m'intègrent pas assez » : 2/5 ;
- item 9 « Je trouve qu'il n'est pas facile de devenir ami
avec une personne d'une autre culture » : 2/5 ;
- item 10 « Je trouve difficile de me dévoiler
à une personne d'une autre culture » : 1/5.
De plus, elle semble disposer des ressources adéquates
afin de communiquer efficacement avec les gens :
- item 12 « Je suis angoissé quand je communique avec
une personne d'une autre culture » : 1/5 ;
- item 13 « Je me vexe facilement quand je communique avec
une personne d'une autre culture » : 1/5 ;
- item 14 « Je me décourage si les gens avec qui je
parle ne me comprennent pas » : 2/5 ;
- item 15 « Je me sens inférieur quand je communique
avec une personne d'une autre culture » : 1/5.
Par ailleurs, elle estime qu'entre le début et la fin
de son séjour, son niveau de portugais a évolué de 2/5
à 3/5, soit d'un niveau pré-intermédiaire à un
niveau intermédiaire (Questionnaire général, item 12
« Quel était votre niveau de portugais? »). Comme elle le
déclare lors de notre entretien, elle est passée de « je
parlais pas forcément bien le portugais quand même, je le parlais
un petit peu avant quand même, j'avais des bases, mais enfin j'ai appris
un peu sur le tas là-bas » à « je parlais
assez bien portugais ».
1.2.1.2. Distance culturelle
P obtient le score de 42/100 à l'Échelle de
distance culturelle. Par exemple, certains domaines de la vie sur place lui
semblaient très différents de leur équivalent en France
:
- item 6 « La place de le religion, du sacré, de la
spiritualité » : 4/5 ;
- item 9 « La mentalité ou la façon de voir
les choses » : 4/5 ;
- item 10 « La vie en famille » : 4/5 ;
- item 11 « la façon de se comporter, de rencontrer
les gens » : 4/5 ;
- item 13 « La façon de se déplacer » :
5/5 ;
- item 17 « L'environnement, la faune, la flore, les
paysages » : 4/5 ;
- item 18 « La façon de consommer, d'acheter » :
4/5 ;
- item 19 « Les habitudes, la routine, la vie quotidienne
» : 4/5.
Elle indique d'ailleurs que ses représentations ont
beaucoup changé suite à son séjour (Questionnaire
général, item 14 « Entre votre arrivée et votre
départ, diriez-vous que vos représentations du Brésil ont
beaucoup changé? » : oui).
Abordons justement les représentations du Brésil
chez P. Nous passerons d'abord en revue son appréhension
générale de la société brésilienne, sa
vision de la campagne ensuite, puis sa perception de l'insécurité
et son regard sur la spiritualité, avant d'examiner sa vision des liens
d'amitié et son ressenti des mentalités.
Premièrement, de la société
brésilienne en général, elle nous dit d'abord :
« c'est vraiment un autre monde » ;
« tu as beaucoup de spécificités locales
en fait enfin c'est vraiment un pays énorme en fait
donc c'est difficile de dire « c'est comme ça
» enfin tu vas à un endroit et tu as ta petite
réalité locale ».
Ensuite, elle parle d'un Brésil du sud et d'un
Brésil du nord dans lesquels les origines des populations tendent
à différer, dans une certaine mesure :
« j'étais dans le Rio Grande do Sul, Caxias,
c'est la région tout au sud, la dernière région du
Brésil avant, t'as l'Argentine en bas, sur le côté je crois
c'est le Paraguay enfin je sais plus, y a l'Uruguay d'un côté le
Paraguay de l'autre, et en gros c'est une région assez unique au
Brésil, parce que ils ont une culture en commun justement avec ces pays
là, c'est une culture donc les gauchos » ;
« il y a une immigration allemande, italienne et
polonaise dans la région très forte et du coup la plupart sont
descendants d'Européens, bon après maintenant t'as un brassage
comme partout dans le Brésil, y a aussi des origines de partout comme
ailleurs dans le Brésil » ;
« le Brésil du nord c'est différent
pour eux tu vois, et puis ouais d'un côté c'est très
différent tu vois [...] ouais le Nordeste du Brésil c'est autre
chose quoi, y a beaucoup plus l'africanité tu vois, il y a une influence
africaine ».
Puis, généralement parlant, elle estime que le
passé du Brésil, le poids de la colonisation, semble lester la
société encore aujourd'hui :
« c'est un pays ex-colonisé [...] y a quand
même ça qui reste honnêtement ça pèse encore
» ; « dans la façon dont est construite cette
société y a encore beaucoup ce, tu sens encore un
peu beaucoup de subir tu vois [...] y ont quand même
une façon de subir les choses » ;
« si tu veux si je me base d'un point de vue comment
dire rapports de pays tu vois, enfin genre toute une logique qui leur a
été un peu transmise tu vois où « on », enfin,
la France et les pays européens étaient synonymes de
modernité tu vois de civilisation tu vois c'est un peu ça qui
leur a été transmis, et c'est encore un peu ça
qu'eux-même cultivent aujourd'hui parce que ça leur a
été transmis comme ça je pense et c'est encore
présent » ;
« les erreurs que les pays qui se sont
industrialisés dans le passé par exemple en Europe ont fait bin y
font les mêmes tu vois parce qu'y suivent le même chemin
» ;
« l'influence de la culture [...] occidentale en
général [...] tu vois ils vivent d'une façon dont nous on
vit, parce que pour eux c'est un modèle de modernité tu vois
c'est un modèle de civilisation ».
Par ailleurs, elle insiste sur les écarts sociaux de la
société brésilienne :
« c'est un continent différent, bon alors moi
déjà je suis allée au Brésil en me disant «
ça va être pas trop différent » tu vois, parce que
comme je connaissais déjà plein de Brésiliens
ouais je m'étais dit « c'est très moderne
» j'avais en tête que il y avait de la pauvreté mais je
m'étais dit que j'allais pas être trop choquée »
;
« c'est une fois là-bas que j'ai vu les choses et
que j'ai dit « waow » » ;
« là-bas en fait c'est que tu sens qu'y sont en
plein développement » ;
« tu es dans un pays qui certes n'est pas très
organisé encore, qui est immense et dur à coordonner et qui est
pas forcément partout développé pareil enfin y a encore
beaucoup de manque, en même temps y sont en effervescence et tu sens
cette effervescence là-bas sur place, y a des endroits
déjà où tu vois pas limite la différence avec ici,
c'est pas la pauvreté partout au contraire, c'est plus que ça va
être réparti différemment, tu peux voir une maison riche
à côté d'une favela, mais ouais les écarts de
confort de vie sont énormes » ;
« y a tellement de disparité là-bas, y a
tellement d'extrêmes ».
Deuxièmement, concernant les zones rurales, il ressort que
l'arrière pays est très différent de la campagne
française :
« quand tu sors t'es tout de suite dans la campagne
[...] c'est que tu as donc l'interio ils appellent ça, donc
l'intérieur, l'arrière pays quoi, avec une
végétation différente hein parce que c'est tropical, et
euh, c'est pas que tropical, mais euh c'est différent d'ici de toute
façon, et, comment dire, t'as ces petits villages tout de suite quand tu
sors en fait, quand tu sors tu commences à être dans des villes
beaucoup plus petites et plus tu t'enfonces [...] ça fait un peu Far
West tu vois, Far West version brésilienne quoi et c'était hyper
désorientant » ;
« c'est vraiment la campagne, en même temps
c'est une ville, ils sont auto-suffisants, ils sont fiers d'être
là, les jeunes ils veulent être là, c'est pas comme ici
quoi, voilà ils sont très attachés à leur ville,
ils ont des modes de fonctionnement encore très ruraux quoi, enfin pour
moi en tout cas tu vois, par exemple ils avaient de la viande et ils
étaient en train de préparer la viande dans une petite cabane
à côté de la maison, ils étaient en train de la
faire sécher sur un fil de fer enfin tu vois, il y a des chiens errants
partout tu vois y a des petits trucs comme ça que j'avais jamais
vraiment vu en fait enfin comment dire t'as un ressenti de la ville
complètement différent quoi, j'avais jamais vu ça, alors
que je connais la campagne en France, ouais non c'était à faire
franchement ».
Troisièmement, à propos de
l'insécurité, il semble que climat au Brésil soit
différent de celui en France :
« on a vraiment ressenti une insécurité
[...] t'as aussi un truc à te dire : la personne elle peut être
armée, y ont un gros problème là-bas avec la drogue en
fait » ;
« tu vas pas rentrer à pied quoi, ouais, y
prennent toujours la voiture. Après c'est peut-être culturel, mais
bon j'ai senti que c'était plus un truc de sécurité tu
vois, de toujours, surtout le
soir, surtout le soir » ;
« dès que la nuit est tombée en fait, tu
vas penser tout de suite différemment » ;
« n'importe quel restaurant ou n'importe où
où tu es tu demandes d'appeler un taxi ils le font quoi tu vois, parce
que s'ils te voient tout seul ou y voient que t'as pas de voiture enfin c'est
pas un souci quoi t'appelles. C'est normal en fait c'est normal là-bas.
Et ouais, ça déjà c'est un truc y faut s'y habituer
quoi » ;
« ça m'est arrivé de rentrer à
pied quand j'avais besoin vraiment mais la plupart du temps les gens chez qui
j'étais me ramenaient tu vois, ils te ramènent, ils te laissent
pas tout seul » ;
« tu compares ça à ta vie d'ici tu te
sens un peu étouffée en fait parce que t'es
protégée, y a une protection que ici on a pas tu vois, des
réflexes de sécurité, et c'est juste leur mode de vie en
fait, c'est normal pour eux, mais pour moi du coup c'était un peu
bizarre tu vois ».
Quatrièmement, au niveau de la spiritualité, il
semble là encore que les choses divergent entre la
société brésilienne et la
société française, tant au niveau de la foi en
général...
« ce que j'ai trouvé là-bas en fait
c'est que c'est tellement courant d'être croyant, enfin en quelque chose
hein, quoi que ce soit, ils font beaucoup de mélange hein, c'est
très courant que les gens soient catholiques et qu'en même temps y
pratiquent le Candomblé et qu'y pratiquent un autre truc tu vois
» ;
« y a une espèce d'hyper tolérance
» ;
« là-bas y sont tous croyants, y croient tous en
Dieu, là-bas comment dire l'existence de Dieu est quasiment pas remise
en cause par personne en fait » ;
« Là-bas les athées les gens y se
moquent d'eux tu vois parce que c'est tellement évident que Dieu existe
tu vois ce que je veux dire et ça peut être n'importe quoi hein,
c'est pas forcément le Dieu de la Bible par exemple, le Candomblé
est très présent [...] les gens y peuvent croire tout et
n'importe quoi mais y ont quand même une notion de
spiritualité » ;
« c'est limite tu crois pas en Dieu t'es pas normal
tu vois. Donc y a ça mais du coup ça laisse place aussi à
beaucoup de confusion parce que tu crois tout et n'importe quoi, tu
mélanges tout. »
...que du christianisme en particulier :
« je pense que ça doit être très
compliqué en fait d'être chrétien là-bas »
;
« Là-bas tu as des églises
écoute tu as même pas envie de rentrer dedans tu vois enfin
honnêtement, rien qu'à voir l'affiche, rien qu'à voir,
c'est un magasin quoi presque tu sais c'est limite un magasin de foi
» ;
« t'as des doctrines un peu bizarres qui circulent tu
vois enfin des trucs qui sont pas du tout
bibliques, genre qu'y vont acheter leur terrain au ciel enfin
des trucs complètement aberrants » ;
« y [les églises évangéliques] te
vendent des miracles quoi tu vois t'as tout une doctrine de la guérison,
une doctrine de la prospérité aussi qui est très
présente là-bas » ;
« mentalité de propagande ou marché tu
vois, de commerce » ;
« phénomène d'église-secte
» ;
« on leur vend un Jésus un peu
refaçonné quoi ».
Cinquièmement, par rapport aux liens d'amitié,
des différences semblent également se faire sentir : «
j'ai pu remarquer tu vois c'est que les personnes elles passent tellement
de temps au travail, tellement de temps avec leur famille, en fait quelque part
tes amis ça devient tes collègues tu vois, en fait c'est
très normal que tes amis soient tes collègues » ;
« la valeur de la famille est très importante,
donc les gens, bin par exemple, la fille chez qui je vivais, c'est pas habituel
ce qu'y font eux tu vois, parce que normalement les gens vivent chez la famille
normalement, donc c'est très rare » ;
« la famille y a un peu cette notion tu vois de pas
chercher les personnes tu vois enfin y ont la famille donc y s'auto-suffisent
entre eux ».
Dernièrement, P nous dit sur les mentalités aux
Brésil que les gens sont gais et que l'atmosphère est stimulante
:
« Les gens t'accueillent, y a pas de soucis, et les gens
ouais y sont super accueillants » ; « la façon de
vivre les choses de voir les choses tu vois cet optimisme » ;
« y ont une mentalité de fou quoi y ont une joie
de vivre, y sont toujours contents, toujours optimistes » ;
« y a cette effervescence et que tu as envie d'en
faire partie en fait, y a un côté très enthousiasmant
là-bas, c'est que tu as l'impression que tu vas construire quelque
chose, qu'il y a quelque chose qui est en train de se construire et que tu vas
construire avec eux ».
1.2.1.3. Sensibilité interculturelle
P obtient le score de 71,5/100 à l'Échelle de
sensibilité interculturelle. Par exemple, elle déclare bien
comprendre sa société d'accueil :
- item 20 « Comprendre la société dans
laquelle vous vivez » : 2/5 ;
- item 21 « S'adapter aux règles de bienséance
locales » : 2/5 ;
- item 22 « Comprendre les différences culturelles
observées ou ressenties » : 2/5 ; - item 23 « Comprendre les
valeurs locales » : 2/5 ;
- item 24 « Vous intégrer à la culture locale
» : 1/5.
Qui plus est, elle estime être à même de
communiquer avec succès avec les gens : - item l « Vous faire
comprendre » : 2/5 ;
- item 2 « Comprendre le portugais » : 2/5.
1.2.2. Dimension sociale
Nous allons traiter des informations relatives au
phénomène d'acculturation, notamment par le biais du capital
social de P, ainsi que de l'orientation d'acculturation de sa
société d'accueil.
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