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Les impacts du maraà®chage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales (Mboro- Diogo ) au Sénégal

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par Sierge NDJEKOUNEYOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2007
  

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3.3 Analyse de la position des autorités nationales

On voit donc que l'exigence alimentaire en légume des centres urbains a un impact indirect
mais combien important sur l'intensification du maraîchage. Cette situation complexe a

80 - Monographie de la biodiversité au Sénégal.- P. Ndiaye

conduit l'Etat à une position non moins compliquée et même très ambiguës. L'Etat adopte une démarche assez contradictoire concernant la zone des Niayes qu'il définit officiellement comme un « Périmètre de Restauration » et à qui il assigne parallèlement, on l'a vu, une vocation maraîchère. En dépit de l'adoption de ce statut particulier, nous avons donc un ensemble de mesures prises pour augmenter la production dans les Niayes. Les coopératives, les associations, les groupements, les mutuelles d'épargne et de crédit, la subvention des produits agricoles à Mboro attestent du soutien ou de l'encouragement de l'Etat. On constate paradoxalement aussi que les échelles considérées par les programmes de développement et le Ministère de l'agriculture ne collent pas avec les préoccupations écologiques. Si les phénomènes économiques sont des phénomènes à rentabilité immédiate, il en est tout autrement des phénomènes écologiques comme le reboisement dont les effets ne peuvent être attendus qu'à moyen et long terme.

Une analyse plus poussée des raisons d'une telle démarche dévoile le dilemme auquel l'Etat fait face dans cette zone. Le caractère périssable des produits maraîchers que nous avons déjà souligné pose un problème aux pouvoirs publics qui ne peuvent se risquer à une importation systématique de ceux-ci pour couvrir les besoins du pays et éviter ainsi à cet écosystème particulier de se dégrader. Les moyens nécessaires pour assurer le stockage et l'acheminement vers les centres de consommation dans des délais relativement courts sont assez importants. Les risques de détérioration aussi sont trop élevés pour qu'on prenne de telles mesures de manière systématique. Mais le véritable problème est lié à l'importance des populations vivant directement ou indirectement du maraîchage. Il serait irréaliste et « injuste« vis-à-vis d'eux de mettre fin à cette activité pour dépendre essentiellement de l'importation. Car cellesci subiraient alors le contre coup de la restriction significative que cela implique. Contre coup que l'Etat n'est pas prêt à assumer. Même s'il est préférable dans la logique des choses de perdre en termes de rentabilité 81 et de gagner en termes de durabilité, il faut se demander si la précarité des populations conjuguée à l'opportunité que représentent les marchés urbains sont de nature à permettre de telles initiatives. Par ailleurs, il ne serait pas aisé de délocaliser cette activité dans une zone moins sensible car c'est bien l'existence de conditions propres au littoral qui justifie la réussite de cette culture.

L'Etat est véritablement face à un dilemme qui l'oblige à prendre d'une part des mesures pour stabiliser et restaurer la végétation ligneuse dans cette région et d'autre part à conserver aux populations locales leur «gagne pain « pour permettre d'alimenter les centres en produits maraîchers.

Nous pouvons constater en guise de conclusion partielle une répartition très spécialisée, à chaque secteur correspond en effet des habitudes et des choix spécifiques. Même si le maraîchage reste l'activité principale, sa pratique enregistre néanmoins des formes surprenantes d'un secteur à un autre et c'est suivant ces formes qu'il impacte plus ou moins sévèrement sur le couvert végétal ligneux. Si dans les terroirs du nord (Andal, Diogo et

Lompoul82 ) il est pratiqué de manière très exclusive, à Mboro par contre il fait d'important compromis qui accorde une place plus importante à la végétation ligneuse83.

Nous avions émis au début de cette étude trois hypothèses dont il importe à présent de faire le bilan :

-La première hypothèse qui partait du principe que le paysage arboré des niayes ne pouvait être que le résultat d'une sélection anthropique a été totalement vérifiée.

- La deuxième hypothèse prétendait que l'activité maraîchère provoque la fragilisation du système écologique des niayes par la suppression d'espèces participant à sa stabilisation. Même si les conditions de l'étude ne nous permettaient pas d'individualiser les essences concernées, l'effet de masse sur la végétation, lui, est parfaitement perceptible dans l'espace.

-Pour ce qui est de la dernière hypothèse on peut dire que le choix qu'un maraîcher fait d'arracher une plante en croissance, de couper un arbre, de dégarnir un sous bois par défrichement ou de bruler est conditionné par un ensemble des paramètres qui agissent de manière insoupçonnée sur sa décision, paramètre physique, politique, économique, social, familiale, communautaire... L'acuité de son intervention sur la végétation est motivée par l'intensité de tous ces facteurs qui le conduisent à prendre la décision d'hypothéquer le long terme pour le court terme et la durabilité pour la rentabilité.

Finalement il n'existe pas à cette crise de l'environnement de réponses simples permettant de proposer des solutions efficaces et viables. Les solutions sont en réalité toujours complexes et chaque niveau d'information cache des faits que seul le niveau suivant plus vaste permet de comprendre.

Cette étude représente à cet effet une modeste contribution en comparaison de l'ampleur du problème et de ses ramifications. La figure ci-après, loin d'être complète, permet d'en prendre la mesure.

82 - Même si Lompoul ne fait pas partie de notre zone d'étude, il en est le prolongement logique

83 - A Notto plus au sud de Mboro ce sont les vergers qui sont la première source de revenu

Figure 17 : Diagramme de l'analyse des facteurs de décision du maraîcher Source : S .NDJEKOUNEYOM- 2007

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