2.3 De la nécessité d'une valorisation du
potentiel ligneux
Les populations rurales des Niayes ne vivent plus directement
de leur agriculture (autoconsommation) depuis longtemps, ce qui a produit
certaines exigences et un mode vie calqué sur celui des centres urbains
tributaires d'un revenu conséquent pour se procurer les produits de
première nécessité essentiels à la subsistance
quotidienne (huile, riz, gaz, produit manufacturés..).
Ainsi le passage d'une économie de subsistance à
une économie d'échange par l'adoption et la
généralisation du maraîchage s'est répercuté
diversement sur le couvert végétal. Nous notons une perte de
dépendance vis-à-vis des essences ligneuses qui ne sont plus
perçues de manière spécifique. Beaucoup d'arbres sont de
fait tombés dans la marginalisation, ce qui facilite
énormément leur élimination par le maraîcher.
67-Pour les exploitants interrogés la
production et la commercialisation sont meilleures dans les Niayes
par rapport à la Casamance ou il faut environ 5 palmiers
pour obtenir 10 litres, le vin de palme est commercialisé à
raison de 500 F le litre alors qu'il est à moins de 300F la bas
68 -La saignée est d'ailleurs interdite par les
autorités sénégalaises
69 - Etude d'impact du projet Zircon de la Grande
Côte
70 -5000F par ans et par individu
Des essences d'usages aussi variés qu'Adansonia,
Elaeis et Borassus sont souvent réduites à un rôle
décoratif. Dans bon nombre de cuvettes la présence d'arbre n'est
finalement révélatrice que d'un besoin de
récréation à cause de la dureté du travail.
Un paysan de Diogo s'est exclamé lors d'une question
relative à la raréfaction d'Elaeis guineensis en disant
« il n'a qu'à disparaître, je n'en ai que faire ». Un
autre cette fois ci à Mboro a déclaré, en réponse
à une question sur la gêne que constituent les plantes ligneuses
pour les cultures maraîchères, que « c'est de la
lumière du soleil dont mes plantes ont besoins et non de l'ombre des
arbres ». Ce qui est révélateur de l'état d'esprit
des maraîchers qui perçoivent de plus en plus la
végétation ligneuse comme une menace à leur
activité tout en oubliant les nombreux bénéfices dont ils
peuvent profiter. Les essences à vocation alimentaire évidente ou
de haute valeur gustative comme le manguier, l'anacardier, le cocotier sont
bien connues mais le reste est négligé surtout par les jeunes
maraîchers. A cet effet les mentalités à Mboro sont
à un stade antérieur à celles de Diogo, certains
producteurs s'apprêtent à se passer également de la valeur
d'usage des arbres.
Quelques unes des essences que nous avons
répertoriées méritent de retenir notre attention, ne
serait ce que parce que cela permettrait de faire ressortir leur
intérêt potentiel pour le maraîcher.
Le rôle fertilisant est la première justification
qui explique le maintien d'un arbre à l'intérieur d'un champ.
Acacia albida est à cet effet l'essence la plus classique
à tout point de vue avec son rôle bénéfique sur le
rendement ainsi que sa contribution à l'alimentation du bétail.
Cependant cette espèce est de moins en moins sollicitée dans le
cadre des cultures maraîchères alors que son association avec les
cultures pluviales laisse encore dans le paysage des dunes
émoussées des traces parfaitement décelables.
De même, le rônier qui est d'une étonnante
élasticité écologique n'est que très peu
sollicité dans le remplacement du palmier à huile alors qu'il
présente, pour les connaisseurs, des avantages au moins aussi importants
que le cocotier. Dans toute la zone d'étude, les seules rôneraies
que nous ayons observées se localisent entre Santhie Touba Ndiaye et
Touba Ndiaye (deux villages voisins), pourtant la flexibilité
écologique de Borassus aethiopum est telle qu'il peut subsister
des années entières dans des cuvettes arides et
inexploitées. Même le Baobab, arbre mythique, dont toutes les
parties sont utilisables, perd sa signification ici. Un tableau
synthétique nous permettra de mieux apprécier la richesse des
usages possibles pour cette flore et de déplorer par ailleurs le manque
de valorisation dont fait l'objet la majorité des essences.
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Source : recherche
documentaire, enquête (S.
NJEKOUNEYOM)
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Tableau 12 : Usages et utilisations des
arbres71
L'évolution de la végétation ligneuse
dans sa composition et dans sa densité est le résultat de
pratiques paysannes évoluant dans un environnement précis. Dans
ce cas la protection qu'on accorde à une essence est largement
définie par l'usage et l'intérêt qu'on lui trouve.
Mais il faut signaler que la présence d'un arbre ou
d'un peuplement n'est pas forcement due à une fonction spécifique
reconnue et appréciée par le maraîcher. En effet il y a des
essences qui s'adaptent bien aux conditions écologiques et aux
conditions d'exploitation et qui de fait se maintiennent en dépit de
l'indifférence ou même de l'hostilité que leur
témoigne le maraîcher. Inversement il existe beaucoup
d'espèces dont la présence est souhaitée par ce dernier
mais que les nouvelles conditions ne permettent plus de perpétuer.
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