1.3 Typologie de la végétation
Plusieurs typologies peuvent résulter de l'organisation
des cuvettes et des interactions entre cultures et arbres. Nous pouvons de
prime abord distinguer les espèces anthropiques ou anthropogènes
des espèces spontanées. Pour les essences dites
anthropogènes nous avons premièrement celles qui sont
épargnées et protégées par l'homme telle Acacia
albida, Zizyphus mauritiana, Adansonia digitata, Euphorbia balsamifera et
celles qui sont exotiques comme Casuarina equisetifolia, Eucalyptus
camaldulensis, Prosopis juliflora, Jatropha curcas, Melaleuca leucadendron.
Pour ce qui est des essences spontanées on peut faire mention de
deux types aussi faciles à discriminer. Nous avons d'une part les
essences réellement spontanées ou celles dont la
dissémination a finie par le devenir comme Capensis tomentosa,
Acacia ataxacantha, Heeria insignis, Combretum glutinosum, Aphania
senegalensis ou encore Commiphora africana (ces essences sont
surtout caractéristiques des sables dunaires) et celles qui croissent
à la faveur des essences épargnées par l'homme à
l'image de Lannea acida, Grewia bicolor, Calotropis procera, Ficus
capensis. Ces essences sont dans les secteurs entre Diogo et Andal les
témoins de possibilités écologiques rarement
exprimées dans la zone. Aucune situation vraiment tranchée n'est
observable mais cette distinction est pratique et commode.
A cela il faut ajouter un nouveau cortège d'arbres
produits dans les pépinières de Mboro (initiative privé ou
étatique) à des fins décoratives et ornementales qui
subissent un glissement accidentel dans les dépressions en particulier
à Mboro où les pépinières fleurissent. Ces
dernières viennent finalement renforcer la diversité floristique
en opérant une intégration dans le paysage. Crescentia
cujete, Moringa Oleifera, Hura crepitans, Cordia sebestina illustrent
cette catégorie.
Ce constat nous oblige à réviser notre approche
et à poser une nouvelle question. Le problème de la
végétation de la zone des Niayes se pose t-il
véritablement en termes de réduction de la diversité ou
plutôt en termes de remplacement de la diversité existante par une
nouvelle ?
En effet nous avons enregistré, en comptant les taxons
hors placettes, environ 87 espèces62 dont la majorité
n'était pas signalée par Raynal et Trochain. Exotique ou
originaire du domaine plus continental le nouveau contingent floristique des
niayes semble se substituer de plus en plus à l'ancien.
62 -Quelques unes restées
indéterminées n'ont pas été
comptabilisées
En vérité cette relative63 augmentation
de la diversité ne doit pas cacher le fait qu'au sein de chaque
espèce les effectifs d'individus sont en baisse.
Une autre réflexion s'impose car la baisse de la nappe
phréatique affecte premièrement les essences à
affinité plus méridionale, en particulier celles qui sont
caractéristiques des cuvettes plus ou moins humides. Or le pompage de
l'eau des profondeurs jusqu'en surface à l'aide des engins est une
garantie d'humidité autant pour les légumes que pour certaines
essences épargnées par le maraîcher. Cocos nucifera,
Elaeis guineensis, Mangifera indica, Citrus limon, certaines essences
spontanées comme Ficus Ovata, Ficus capensis profitent
largement de cette humidité produite artificiellement par le cultivateur
pour se maintenir en bon état. Dans la majorité des cuvettes que
nous avons observées la disposition des palmiers n'est jamais
très éloignée des puits encore actifs. Dans la cuvette de
Ndiorokh les surfaces laissées en jachère sur les deux versants
(pendant 4 ans) voient une interruption de la ceinture de palmeraie, les seuls
individus encore sur pied sont en très mauvais état. La
comparaison de plusieurs cuvettes, les unes exploitées et les autres
abandonnées permet de renforcer cette observation.
Le maraîchage par sa montée en puissance a permis
d'achever un écosystème que la sécheresse avait
déjà sévèrement éprouvé. On peut
affirmer que ce dernier vit (pour ce qui est des secteurs entre Touba Ndiaye et
Lompoul64) actuellement sous assistance et qu'aussi invraisemblable
que cela puisse paraître c'est bel et bien le maraîchage qui permet
d'une certaines façon à certaines plantes hygrophiles de
subsister. Ce qui ne nous empêche pas de souligner la situation
très précaire de celles-ci qui disparaissent ou se transforment
avec l'arrêt des activités maraîchères.
On peut dire en dernier ressort qu'exception faite d'un
renversement spectaculaire des conditions pluviométriques tout abandon
prolongé de cuvettes dans les secteurs de Diogo et de Andal conduit
à précipiter la fin de la végétation atypique que
l'on y rencontre.
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