1.2 Utilisation de haies-vives et de brises-vents
Dans les terroirs au nord de Mboro qui sont soumis à
une menace d'ensablement plus élevée, la constitution de
haies-vives et de brise-vent pour la protection des cuvettes est gage de
préservation de la diversité biologique. On retrouve dans les
haies-vives une gamme assez variée d'essences sur des épaisseurs
intéressantes de 5 voire 10m. Ces haies-vives et brisesvents polarisent
d'abord des essences spécifiquement sélectionnées à
cette fin, c'est-à-dire Euphorbia balsamifera, Guiera senegalensis,
Casuarina equisetifolia, Eucalyptus camaldulensis, Prosopis juliflora,
Anacardium occidentale. Mais par la suite grâce à l'abondance
de la matière sèche produite, d'autres essences y trouvent
refuge, il s'agit Lannea acida, Tamarindus indica, Maytenus senegalensis,
Capparis tomentosa, Piliostigma reticulatum ou encore de Balanite
aegyptiaca. A Mboro où la pratique du bornage est moins
répandue on enregistre quant même l'utilisation
répétée de Jatropha curcas pour délimiter
les champs.
1.3 L'agriculture multi-étagée de Mboro
Le choix du paysan de conserver ou non des plantes
pérennes dans son système de culture à dominance
herbacée peut être lié aux inconvénients que cette
association a sur la productivité de ce système. En effet chaque
arbre colonise l'espace aérien et souterrain à sa façon,
certains sont plus gênants que d'autres. L'ombrage et le
développement racinaire sont les inconvénients les plus souvent
mentionnés lors de nos questionnaires, dans ce cas Azadirachta
indica, Eucalyptus, Borassus aethiopum, Elaeis guineensis, Zizyphus mauritiana,
Anacardium occidentale sont les essences les plus souvent indexées.
Prosopis juliflora qui est une essence assez bien
intégrée d'un point de vu écologique et social est
cependant tenue en dehors des champs à cause de sa tendance à
abriter des nématodes de même d'ailleurs que le manguier (qui lui
est malgré tout associé aux cultures)
A Mboro on rencontre beaucoup de producteurs qui ont
opté pour une association cultures maraîchères et cultures
fruitières qui est, malgré les inconvénients,
écologiquement et économiquement plus stable même si sa
rentabilité est plus faible. En effet pratiquer exclusivement le
maraîchage reste assez risqué à cause des aléas du
marché et des problèmes de conservation des légumes.
La comparaison (tableau 11) des recettes d'un producteur
maraîcher horticole à Mboro donne une idée des avantages de
l'association maraîchage - arbres fruitiers.
Arbre fruitier
|
Recette
|
Légume
|
Recette
|
Manguier
|
200.000 F
|
Aubergine
|
52 500F
|
Cocotier
|
45 500 F
|
Choux
|
166 500 F
|
Citronnier
|
12 000 F
|
Diakhatou
|
254 500 F
|
Sapotier
|
70 000 F
|
|
|
Total
|
327 500 F
|
Total
|
473 500 F
|
Tableau 11 : Exploitation horticole de Sadibou Sow
Source : Enquête - (S. NDJEKOUNEYOM - 2007)
Il convient de rappeler que des 473 500 F CFA gagnés
par ce producteur sur la vente des légumes il faut déduire les
frais d'intrants et la charge de travail qui peuvent être
considérables alors que les arbres fruitiers, eux, n'ont besoin que
d'eau.
La proportion de végétation conservée
reste néanmoins très relative et varie selon les
modalités. Certains producteurs privilégient sur le même
espace trois niveaux avec d'abord les légumes suivis des arbres
fruitiers de taille moyenne comme les manguiers, les orangers, les citronniers,
les sapotiers et enfin dans la dernière strate des cocotiers et/ ou de
palmiers à huile. D'autres se contentent de deux niveaux avec des arbres
moyens et les légumes ou les légumes et les palmiers. Il y a
enfin ceux qui conservent deux espaces bien distincts, un pour les arbres et
l'autre pour les cultures légumières. Cette dernière
disposition spatiale empêche les strates inferieures d'être
gênées dans leur croissance par l'ombre des strates
supérieures.
|