2.2 Introduction du maraîchage
Aujourd'hui les activités anthropiques, notamment le
maraîchage, n'ont jamais été aussi intenses, la pression
sur la végétation naturelle suit une évolution graduelle
autant dans l'espace que dans le temps. Une brève lecture
évolutive du paysage agraire permet d'en prendre la mesure.
2.2.1 Les étapes du développement du
maraîchage54
La période coloniale : la
végétation des niayes était peu entamée de
même que l'intervention humaine était peu prononcée. Les
niayes étant très humides, les pratiques culturales se
concentraient dans le diéri. Les niayes n'étaient
sollicitées qu'en saison sèche à raison de quelques jours
par semaine. Les principales spéculations d'aujourd'hui restaient
très marginales.
La période de la Seconde Guerre mondiale :
l'administration française fondent une société de
prévoyance qui approvisionne les paysans en semence (riz, navet,
poireaux, tomates, oignons ...). Les plants de pomme de terre, de bananier, de
manguiers sont donnés aux cultivateurs. C'est une étape
importante qui introduira certaines essences dans les niayes et verra
d'ailleurs une bonne adaptation de ces dernières.
Les mauvais hivernages de 1940 et 1942 ont provoqué un
rabattement des populations de l'intérieur sur les niayes.
L'amélioration des conditions pluviométriques après 1945 a
eu pour conséquence, un délaissement des niayes. Il faudra
attendre 1956 avec la création du Centre d'Expansion Rural pour voir un
regain d'intérêt pour cette zone. C'est à cette
époque que les cocotiers sont plantés.
52-La connaissance des écosystèmes en
termes de relation et de fonctionnement n'est pas une entreprise facile, elle
nécessite de rassembler toutes les connaissances disponibles sur les
plantes ainsi que le milieu et de compléter celles qui manquent. Cette
étude constitue à cet effet une bien maigre participation.
53-On parle de 250 litre par nuit
54 -Cette étude du contexte d'apparition et de
développement du maraîchage à été
abordé plus amplement dans le précédent mémoire.
Après l'indépendance : avec la
construction de la route Mboro-Diogo, des grandes métamorphoses vont
s'enclencher dans la zone. Beaucoup de gens abandonnent les cultures pluviales
pour s'adonner au maraîchage qui était devenu plus rentable.
Désormais l'hivernage est mis à contribution pour la culture de
l'arachide. Raynal écrivait que « Bien que les traces de
dégradation par l'homme soient nombreuses en raison des multiples
utilisations qu'il peut y trouver, la niaye55 conserve en
1960 certains endroits pratiquement intacts ». Mais après les
premières années de sécheresse, les observations sont
beaucoup moins favorables à la végétation et P. Ndiaye
dans la Monographie nationale sur la biodiversité souligne qu'« il
n'existe plus une seule dépression à l'état naturelle
depuis la sécheresse dans les années 1970 ». Il ajoute que
« l'occupation systématique et l'exploitation subie par les niayes
depuis quelques décennies sont entrain d'en épuiser les
potentialités ». Cette observation est clairement renforcée
dans l'article numéro quatre (N°4) de la «note de
biogéographie« où il est écrit : « Au cours de
la période 1973 la zone des Niayes a fait l'objet de spéculations
foncières et agricoles dont le résultat est l'occupation quasi
intégrale de l'espace en dehors des périmètres
classés et des systèmes dunaires » Cette sécheresse
qui avait été perçue localement comme une aubaine au
début (car permettant la libération de l'espace occupés
par l'eau) a fini, par sa persistance, par constituer un véritable
handicap pour le maraîchage et les
ressources ligneuses exigeantes.
Actuellement la tendance ne fait que se poursuivre et le cadre
botanique actuel correspond à un stade avancé de la
dégradation du couvert végétal.
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