WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les impacts du maraàŪchage sur la végétation ligneuse dans la région des Niayes centrales (Mboro- Diogo ) au Sénégal

( Télécharger le fichier original )
par Sierge NDJEKOUNEYOM
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Diplôme d'études approfondies 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

TROISIEME PARTIE

Conséquences spatiales et sociales de l'interrelation maraîchage - végétation
ligneuse

Chapitre VI : EVOLUTION DU PAYSAGE DANS LA REGION DE NIAYES : DE L'ECOSYSTEME A L'AGROSYSTEME

Végétation exubérante, végétation luxuriante, les qualificatifs de densité n'ont pas manqués pour décrire le recouvrement végétal dans la zone des Niayes. Mais les processus de colmatages naturels favorisés par des actions anthropiques ont contribué à réduire diversement cette densité.

Ces dernières décennies en particulier le paysage végétal des niayes a subi des processus de fragmentation en général et plus précisément d'isolement des habitats humides. Même si les premières hypothèses pour expliquer cette évolution sont largement inféodées à la sécheresse, il faut reconnaître que la grande irrégularité du recouvrement végétal que nous avons constatée entre Mboro et Diogo montre bien que la nature et l'intensité de l'intervention humaine peuvent contribuer à maintenir ou à détruire plus ou moins rapidement cette couverture.

La pratique du maraîchage exerce aussi un gradient sélectif de plus en plus significatif sur la végétation originelle des niayes. Même si les oscillations climatiques du passé ont pu laisser des traces décelables dans la composition floristique, avec notamment les palmiers, la flore actuelle des niayes doit être considérée dans sa globalité comme une végétation composite avec d'une part les essences reliques associées à des espèces de plus en plus soudanosahéliennes et d'autre part des essences introduites par le reboisement.

Flores d'origines et d'époques très différentes se trouvent mélangées et distribuées dans les Niayes suivant un gradient topographique, un gradient de disponibilité hydrique et un gradient de sélection anthropique.

Mais dans l'ensemble le paysage végétal est dominé par des formes savanicoles malgré un potentiel forestier reconnu. La matrice floristique est composée d'espèces à très large distribution écologique et des espèces à affinité méridionale qui sont actuellement en situation plus précaire. Les espèces dont le développement s'harmonise avec les conditions locales s'affirment de plus en plus tandis que celles qui sont intolérantes aux nouvelles formes d'exploitation maraîchère voient leur population s'affaiblir. Dans ces conditions il importe de comprendre comment un paysage jadis très arboré s'est progressivement déboisé et jusqu'où cette humanisation peut aller dans un tel environnement et quels en sont les dommages ?

I. LA MISE EN PLACE DE LA VEGETATION DES NIAYES

La très grande dynamique liée à la nature particulaire du substrat et au caractère capricieux du climat rend extrêmement délicat l'étude de la mise en place de la végétation dans la région des Niayes. Cette difficulté tient aussi aux limites évidentes des procédés utilisés et à la subjectivité des extrapolations auxquelles ils peuvent donner lieu. L'étude de cette végétation par la méthode des graines fossiles (permettant de réaliser le diagramme pollinique par exemple) comporte de sérieux risques puisqu'elle met en évidence les échantillons des espèces les mieux conservées et ne renseigne pas sur ceux de celles qui ne résistent pas aux dégâts du temps quant bien même ces dernières seraient majoritaires. Par conséquent les

familles qu'elles nous permettent d'observer doivent être considérées avec toute la relativité possible41.

Rappelons que l'objectif dans ce sous chapitre est double :

-d'abord tenter de donner un aperçu, aussi vague soit-il, de la communauté végétale qui a précédé celle d'aujourd'hui.

-ensuite montrer que les fluctuations climatiques et la dynamique végétale qui s'en suivent ne sont ni des faits nouveaux, ni exceptionnels dans cette zone.

La thèse de M. Fall42 qui a traité des sédiments tourbeux entre Mboro et Diogo est à cet effet fort édifiante. Les travaux de cet auteur ont mis en évidence les espèces suivantes : Rhynchospora corymbosa, Heliocharis atrapurperea, Mariscus umbellatus, Pycreus polystachyos. Toutes ces espèces sont de la famille des Cypéracées que Raynal43 avait associé aux milieux humides en particulier Rhynchospora corymbosa qui serait une espèce caractéristique des niayes dégradées.

« Les fluctuations de la population des Cypéracées doivent être attribuées à des variations de plan d'eau dans les réceptacles, trois cas sont possibles. »40

-« Le premier épisode, intervenu probablement après la phase d'aridification qui a marqué la fin de l'Holocène inférieur, correspond à, une reprise de la pluviométrie et à une remontée lente et rythmique de la nappe des sables.

-L'épisode suivant correspond à une reprise relativement importante de la pluviométrie dont les conséquences sont une remontée progressive et rapide de la nappe et une amélioration générale de la flore herbacée de la tourbière.

-Le troisième épisode intervenu probablement à l'Holocène supérieur correspond à une faible reprise de la pluviométrie dont la conséquence est la régression progressive de la flore »40.

Lezine44 abordant dans le même sens affirme que l'environnement végétal des niayes a connu des épisodes de dégradations mineures dont une, très marquée, se serait produite vers 4000 BP.

On ne peut pas prétendre débattre de l'évolution de la végétation des niayes sans faire explicitement référence aux travaux de Trochain45 et de Raynal.

1.1 La formation végétale originelle des niayes

Malgré le consensus sur le caractère très dynamique de la zone, il faut reconnaître que les opinions diffèrent quant au passé de sa végétation. En effet la complexité floristique brouille quelque peu les données et favorise l'émergence de plusieurs scénarii.

S'il est vrai que Trochain inscrit le domaine qu'il nomme subguinéen dans les étages
adilittoral et paralittoral en y individualisant des îlots épars de végétation à affinité
guinéenne, Raynal insiste quant à lui sur l'existence antérieure d'une forêt qui relierait les

41 -Mais nous sommes bien obligés de nous soumettre à ces méthodes puisqu'il y a en aucune de vraiment fiable

42 -Environnements sédimentaires Quaternaires et actuels des tourbières des Niayes de la Grande Côte du Sénégal.

43 -Flore et végétation des environs de Kayar (Sénégal)-1962

44 -Environnement et paleoenvironnement des niayes depuis 12 000 ans BP-1986

45-Contribution à l'étude de la végétation du Sénégal-1933

46 -Ouljien : la plus humide des périodes du Quaternaire

47 -Dernière période humide du Quaternaire, correspondant au Néolithique et beauc humide que l'Ouljien

niayes les unes autres. Ces dernières ne seraient alors qu'un facies humide de la forêt avec des transitions beaucoup moins marquées qu'actuellement, l'ensemble serait assez cohérent pour qu'on puisse l'inclure dans un domaine subguinéen qui s'étendrait à toute la Presqu'île.

Ainsi Trochain conçoit cette végétation comme une anomalie favorisée par des conditions particulières alors que Raynal la considère comme la continuité même du domaine guinéen. Il soutient à l'opposé de Trochain une prédominance du contingent soudanien même s'il reconnait avec ce dernier que l'équilibre primitif à pu être beaucoup plus guinéen.

Les divergences ne s'arrêtent pas là, car Trochain avance l'hypothèse que les vestiges forestières hygrophiles du Cap-Vert, en somme les niayes, sont les dernières traces d'une période géologique plus humide : le Paléolithique ancien46. Raynal rétorque que l'installation de la forêt n'a pue se faire avant le Dunkerquien47. Cette dernière idée autorise un prolongement intéressant de la réflexion, car si finalement les conditions climatiques qui ont vu la naissance de cette forêt n'étaient pas si éloignées des conditions actuelles, c'est donc à l'homme qu'on doit la régression de son couvert. Et Raynal ne manque pas de le signaler sauf que son argumentation reste assez brève.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote