2.2 Le déficit pluviométrique
La diminution et la rareté des pluies sont les
éléments fondamentaux qui ont déclenché tous les
processus naturels et anthropiques que nous observons aujourd'hui. Le milieu
connaît une péjoration climatique sans précédent par
sa gravité et sa durée. Elle s'est accompagnée de
modifications paysagères.
Il convient à cet effet de rappeler que la Grande
Côte est soumise à un régime pluviométrique plus
aléatoire que les zones de l'intérieur. La principale
perturbation pluviométrique du Sénégal étant
produite par les lignes de grains, alors que ces dernières à
l'approche de la côte entrent en contact avec les flux océaniques
qui, en fonction de leurs caractéristiques hygrométriques et
thermiques, peuvent devenir des facteurs contraignants pour le
déclenchement des précipitations, ce qui explique que parfois la
pluviosité des zones côtières est défavorisée
par rapport à celle de l'intérieur. Les moyennes
enregistrées ne dépendent pas seulement de la position de
l'équateur météorologique ou du nombre de perturbations
pluvioorageuses mobiles mais également de l'activité des
alizés maritimes qui à cette période de l'année
(hivernage) sont censés être affaiblis.
La dépendance du Sénégal et surtout du
domaine sahélien vis-à-vis des lignes de grains en termes
d'apport pluvial expose le pays à une plus grande
vulnérabilité en raison de la très grande
variabilité interannuelle du nombre de lignes de grain.
Certains dates rendent à cet effet assez bien compte de
cette vulnérabilité : 1950, 1975, 1983. La région des
Niayes peut, selon les années et en raison de son caractère
transitoire, enregistrer des pluviosités caractéristiques de la
zone sahélienne ou de la zone soudanienne. En plus de cette
variabilité importante, il est de plus en plus noté une
régression d'ensemble des isohyètes 300, 400 et 500 mm vers le
Sud.
La réduction généralisée des
moyennes par rapport à la normale est constatée, mais plus
inquiétant encore, on note un glissement des normales les unes par
rapport aux autres. « A Saint Louis la normale (1901-1930) était de
409,6 mm ; elle passe à 341,7mm pour la période de 1931-1960 soit
une baisse de 67,9 mm. La normale continue de descendre avec une baisse de 79,4
mm entre 1961-1990 par rapport à la précédente » (A.L
Ndiaye 1995).
Ces fluctuations erratiques des facteurs climatiques font
peser sur le devenir de la végétation des niayes une
inquiétude d'autant plus justifiée que les actions anthropiques
s'ajoutent à ces contraintes naturelles. La sécheresse
générale dans laquelle a été plongé le pays
tout entier a eu sur les niayes centrales des conséquences
spécifiques en raison des systèmes dunaires sur lesquels repose
le paysage. On constate sur la végétation une réduction de
la diversité avec une raréfaction des essences guinéennes
ou même soudaniennes. Sur ce plan la végétation se conforme
de plus en plus au domaine climatique. Il est noté une réduction
significative des effectifs d'Elaeis guineensis13 pourtant
très caractéristiques de la zone.
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