2.2. REVUE DE LA LITTERATURE
2.2.1. Le cacaoyer
2.2.1.1. Origine, historique et utilisation
Le cacaoyer (Theobroma cacao L), plante de la famille
des Sterculiaceae, originaire des forêts tropicales humides de
l'Amérique Centrale a pour berceau botanique le plus important le pied
des Andes, dans le cours supérieur du fleuve Amazone (Mossu, 1990). Ce
dernier note que les premiers témoignages de la culture du cacaoyer
remontent à quelques deux mille ans par les Maya et que ses fèves
étaient utilisées comme produit de consommation et comme monnaie
d'échange. Ce sont les mots Aztèques <<cacahualte>>
et <<xocoalt>> qui ont donné naissance aux termes actuels de
<<cacao>> et <<chocolat>> (Nkeng, 2002). Les
premières exportations de cacao vers l'Europe sont effectuées en
1585. Les plantations de cacaoyers se multiplient au 17è siècle
dans le nouveau monde et c'est à partir des îles de Fernando
Pôo (actuel Malabo), Sao Tomé et Princîpe, que le cacaoyer
est introduit en Afrique. Il parviendra au Cameroun en 1892 par les Allemands
[Nya (1981) ; Wood (1991) ; et Nkeng (2002).]
La fève de cacao est le produit obtenu après
fermentation et séchage de la graine fraîche. Elle constitue la
matière première d'une importante industrie qui fabrique soit des
produits semi-finis (pâte de cacao, fondue de cacao, beurre de cacao),
soit des produits finis directement consommés (chocolat en poudre, en
tablette) (Mossu, 1990).
2.2.1.2. Classification botanique
Selon Nkeng (2002), la première description de l'arbre
est donnée par Hernandez en 1630. En 1737, Linné retint le mot
Theobroma comme nom du genre. Toutes les espèces
cultivées se recensent dans la tribu des Byttnériées,
l'ordre des Tiliales, et la famille des Sterculiaceae. Du même auteur, on
distingue trois grands groupes de cacaoyer dont : les Criollo, les Forastero et
les Trinitario. Les cultivars de ce dernier groupe constituent encore la
majeure partie des cacaoyers introduits au Cameroun. Il s'agit d'une population
hybride extrêmement polymorphe. Il y a également eu introduction
de cinq pieds de Catongo (Forastero du Brésil) issus d'une même
cabosse. Par ailleurs d'autres espèces du genre Theobroma (T.
bicolor et T. grandifolia) ont été introduites au Cameroun
en 1983.
2.2.1.3. Production et commercialisation
La production mondiale depuis le 20è
siècle croît à un rythme de 2 à 2,5 % et atteint 1,5
million de tonnes en 1964 et dépasse aujourd'hui les 2 millions de
tonnes dont, l'Afrique assure à elle seule près de 66 % (Mossu
,1990). Les grands pays producteurs sont : la Côted'Ivoire, le Ghana,
Indonésie, le Cameroun et le Nigeria (CNUCED, 2007). Le tableau 1
indique les principaux pays producteurs de cacao dans le monde.
Tableau 1: Principaux pays producteurs de fèves
de cacao dans le monde de 2005 à 2006
Pays producteurs
|
Production (tonne)
|
Pourcentage (%)
|
Côte d'Ivoire
|
1
|
400
|
000
|
38
|
Ghana
|
|
734
|
000
|
21
|
Indonésie
|
|
580
|
000
|
13
|
Nigeria
|
|
485
|
000
|
5
|
Cameroun
|
|
199
|
412
|
4,9
|
Brésil
|
|
164
|
553
|
4,1
|
Équateur
|
|
93
|
659
|
3
|
Malaisie
|
|
73
|
000
|
1
|
Autres pays
|
|
333
|
616
|
10
|
Source : CNUCED, 2007 : 25
Il ressort du tableau 1 que le Cameroun avec ses 200 000 tonnes,
produit 5 % du cacao du monde alors que le premier producteur est la Côte
d'Ivoire qui met sur le marché
1 400 000 tonnes.
Les principaux pays importateurs de fèves de cacao
regroupent Les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, le Royaume Uni, et la
Fédération de Russie. (CNUCED, 2007). Ces pays importent
environ 3 millions de tonnes de cacao (Wikipedia, 2009). Le
tableau 2 indique les principaux pays importateurs de fèves de cacao
dans le monde.
Tableau 2 : Les principaux pays importateurs de
fève de cacao de 2005 à 2006
Pays importateurs
|
Importation (tonne)
|
Pourcentage (%)
|
Etats-Unis
|
915 600
|
32.7
|
Allemagne
|
324 800
|
11.6
|
France
|
288 400
|
10.3
|
Royaume Uni
|
257 600
|
9.2
|
Russie
|
215 600
|
7.7
|
Japon
|
179 200
|
6.4
|
Italie
|
128 800
|
4.6
|
Brésil
|
103 600
|
3.7
|
Espagne
|
106 400
|
3.8
|
Mexique
|
70 000
|
2.5
|
Canada
|
72 800
|
2.6
|
Pologne
|
72 800
|
2.6
|
Belgique
|
61 600
|
2.2
|
Source : CNUCED 2007 : 30
Il ressort du tableau 2 que la plupart des pays importateurs
de fèves de cacao sont situés dans la zone
tempérée. Les Etats-Unis importent à eux seuls près
de 33 % de la production mondiale de fèves de cacao. Par ailleurs le
Brésil qui est un pays producteur fait partie également des pays
importateurs. Le Cameroun n'importe pas de fèves de Cacao.
Au Cameroun, avant la libéralisation de la
filière cacao, les prix aux producteurs étaient fixés par
décret présidentiel. Depuis les années 90, la
libéralisation de la filière cacao s'est faite sans mesures
d'accompagnement. Les producteurs ont vu leurs revenus décroître.
Ils ont alors adopté une attitude d'expectative par l'exploitation
à moindre frais de leurs plantations dans un contexte d'accès
limité au crédit et aux intrants (Alary, 1996 ; Varlet, 2000).
C'est ainsi que d'après le Quotidien Mutations (Sept.2006), les
statistiques du Ministère du Commerce estiment la production
cacaoyère de la campagne 2005/2006 à 141 000 tonnes contre 157
000 tonnes pour la campagne précédente. Soit une diminution de
plus de 15 000 tonnes en un an. La figure 1 montre la fluctuation de la
production des fèves et les prix de cacao marchand du Cameroun de 1959
à 2007.
1200
200000
180000
160000
1000
140000
800
120000
100000
600
80000
60000
400
40000
200
20000
0
0
quantites(en tonnes) Prix
Figure 1: Niveau de production et de prix de cacao au
Cameroun de 1959 à 2007
Source : FAO, 2008 : 15
Il ressort de la figure 1 que la production de fèves de
cacao au Cameroun varie d'une campagne à l'autre. Les raisons de cette
situation inquiétante avancées par Jarry (1997) sont : la chute
des cours de rémunération, le vieillissement du verger
Camerounais (plus de 40 % des cacaoyers ont plus de 40 ans) qui provoque une
baisse des rendements, le vieillissement des exploitants eux mêmes (35
à 38 % d'entre eux ont plus de 60 ans dans les départements de la
Lékié et du Nyong et So'o), la suppression des subventions qui ne
permettent plus aux exploitants de traiter convenablement leurs vergers, et le
manque de main d'oeuvre suite à l'exode rural dans certaines zones,
l'augmentation des pertes dues aux différents fléaux en raison de
la chute des traitements phytosanitaires.
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