2.2 Des obstacles
Du côté de la demande, des obstacles très
importants freinent l'augmentation des touristes et l'expansion de la base sur
laquelle repose le marché.
A l'heure actuelle, il n'existe pas de stratégie
élaborée de marketing et de promotion pour le secteur du
tourisme, bien que l'OMATHO ait fait des progrès en participant à
divers salons touristiques internationaux et régionaux, une approche
plus ciblée sera nécessaire pour développer les
marchés touristiques hautement prioritaires.
Pour le moment, le pays est pour l'essentiel une destination
d'affaires. La majorité des voyageurs font du tourisme d'affaires et le
tourisme de loisir est assez restreint.
La stratégie à adopter éventuellement
pour promouvoir le Mali devra tenir compte de cette réalité
actuelle. En outre, l'offre des produits touristiques est relativement
restreinte pour un touriste qui voudrait visiter le pays.
Pour que le Mali devienne une destination touristique plus
importante, il faudra créer un éventail de produits touristiques
tout en continuant à mettre l'accent sur la richesse de son patrimoine
culturel, historique et naturel.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali45.png)
S'il améliore son infrastructure, son
accessibilité et la qualité de ses produits, le Mali pourra
commercialiser plus facilement ses attractions touristiques en exploitant un
marché touristique plus large.
Un autre obstacle du côté de la demande freine le
développement du tourisme : le coût des visas et la politique de
délivrance des visas. Les visas coûtent chers et le processus de
délivrance peut être long et compliqué. Le coût des
visas varie aussi de façon substantielle d'un pays à l'autre.
Il faudrait aussi harmoniser le coût des visas d'un
marché touristique à l'autre. Du côté de l'offre, le
coût du transport aérien devient un handicap important au
développement du secteur touristique dans le pays.
Les autres fournisseurs de produits et services touristiques
incluent notamment les hôtels, les restaurants, les voyagistes, les
agents de voyage et d'autres entreprises de transport comme la location de
voitures.
En général, les options offertes aux touristes
par ces opérateurs sont peu diversifiées. En dehors de Bamako, il
est difficile de trouver des hôtels et des restaurants qui
répondent aux normes internationales.
La qualité des services est très variable en
raison du manque de transparence des réglementations. Rares sont les
voyagistes qui offrent des voyages d'aventure à forfait, et les
entreprises de location de voitures sont peu nombreuses.
En dehors des possibilités limitées qu'offrent
les transports aériens et les entreprises de location de voitures, les
touristes ne disposent d'aucun moyen pour rayonner à partir de Bamako
vers d'autres attractions touristiques. Au plan opérationnel, les
prestataires de produits et de services se heurtent à différents
problèmes.
Le manque de personnels qualifiés est le
problème le plus important signalé par l'ensemble des
opérateurs privés du secteur. Il affecte la qualité des
services offerts aux touristes, de même que la productivité et
l'efficience.
La disponibilité des terres ne concernent pas
directement le tourisme mais l'influence. Les banques locales deviennent certes
plus actives, mais les prêts aux entreprises du secteur touristique
demeurent très limités.
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali46.png)
Les régies rigoureuses qui s'appliquent, qui incluent
notamment le dépôt d'une garantie pouvant atteindre 50% de la
valeur du prêt, constituent un obstacle déterminant.
Section 3 : Impact touristique
Les impacts socioculturels du tourisme sont visibles ; le
tourisme apporte beaucoup à la région, mais il participe
également à sa destruction. Afin de sensibiliser les touristes
à la pratique d'un tourisme responsable, et améliorer les
conditions de vie des populations locales, il convient de mettre en place des
stratégies pour un développement durable et local de la
communauté.
Une enquête menée auprès de la population a
prouvé que les dogons sont en très large majorité
favorables au tourisme et qu'ils en perçoivent des
bénéfices directs ou indirects qui participent à
l'amélioration de leurs conditions de vie.
Toutefois, le tourisme a engendré de nouveaux
comportements, parmi lesquelles la mendicité des enfants et la
difficulté d'avoir un rapport non marchand avec la population. On
constate donc, que le tourisme qui devrait être un produit d'exportation
facteur de croissance économique pour ces pays, grâce aux revenus
et aux emplois qu'il génère, devient dans certaines conditions,
un facteur de déséquilibre et d'appauvrissement.
En effet, ces populations peuvent être exposées
à des risques, notamment lorsqu'elles sont confrontées à
des situations inhabituelles (climats extrêmes, maladies tropicales,
épidémies, etc.). Les accidents de la route représentent
également des risques importants, surtout dans des pays où les
structures sanitaires sont précaires. Par ailleurs, il est
constaté que les professionnels du tourisme sont particulièrement
exposés aux risques d'accidents et de maladies, étant
donné leurs conditions de travail
Nous constatons malheureusement, que les retombées
positives du tourisme sur le bienêtre des populations en
développement, demeurent faibles, aléatoires et à court
terme, alors que les effets négatifs risquent d'hypothéquer pour
longtemps l'avenir du tourisme de ces pays et de les priver ainsi des bienfaits
de ce formidable outil de développement humain. Les principales causes
de la détérioration du potentiel touristique, de la
déstabilisation sociale et des risques pour la santé des
populations des pays récepteurs, proviennent principalement :
![](Cooperation-decentralisee-et-developpement-durable-Cas-de-la-prefecture-de-Bandiagara-au-Mali47.png)
· des comportements des touristes du type
prédateur plutôt que découvreur ou partageur ;
· de la persistance des endémies locales et de la
propagation des maladies transmissibles, mal maîtrisées par manque
de moyens, autant de fléaux aggravés par l'accroissement des flux
de population ;
· Le tourisme émet les mêmes pollutions que
n'importe qu'elle autre industrie : pollution de l'air, de l'eau, bruit,
déchets solides et liquides, produits pétroliers et
résidus chimiques, pollution esthétique (visuelle ou
architecturale.) ;
· Le tourisme associé à la marchandisation
entraîne des transformations des cultures locales notamment les rituels
religieux, les rites ethniques traditionnels, des manifestations
coutumières et les festivals: ils sont souvent réduits ou
folklorisés ;
· Les manifestations culturelles perdent aussi de leur
authenticité lorsqu'elles s'adaptent au goût et aux plaisirs
éphémères des touristes ;
· Les artisans locaux font évoluer la conception de
leurs produits artisanaux pour les adapter au goût de leurs nouveaux
clients.
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